Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, hier matin, Mohamed Tahar Challal, directeur général de l'Agence nationale de l'emploi (Anem), a annoncé que son agence va aller vers l'exigence de formation pour les demandeurs d'emploi de moins de 35 ans. Il explique cette décision par le constat établi par les chiffres qui montrent que 55% des demandeurs d'emploi inscrits à l'Anem sont sans qualification. Il cite le cas d'une grande entreprise qui a offert 144 postes de travail mais que seule une dizaine pour le gardiennage ont eu une réponse. Les autres postes qui exigent une qualification n'ont pas trouvé de candidature qui leur convient. Pour le DG de l'Anem, les jeunes demandeurs ne veulent pas d'un emploi qu'ils considèrent pénible, mal payé et éloigné de leur lieu de résidence. Selon lui, les jeunes ne veulent pas aller vers certaines professions et préfèrent les postes de gardiennage, comme si ces postes qui font partie du système de sécurité des sites de travail, étaient de tout repos et sans aucune contrainte, et encore moins soumis à une formation qui découlerait d'une réglementation concernant ces métiers d'agents de sécurité (fiche de poste, contrôle, ...), d'où la tendance à croire que les agents qui opèrent la nuit par exemple, dorment au lieu de faire leur travail de surveillance, ou alors qu'ils abandonnent carrément leur poste. Le DG de l'Anem note qu'il est difficile aujourd'hui de trouver un plombier ou un électricien. Pourtant les prévisions de recrutement pour les prochaines années sont prometteuses dans les secteurs de l'agriculture (800 000) et le bâtiment et travaux publics (500 000). Il relève que l'Anem, qui est un organisme public d'intermédiation entre les demandeurs d'emploi et les entreprises, est de plus en plus sollicitée et en donne pour preuve le fait qu'elle a enregistré durant les quatre premiers mois de l'année 2016, une progression de 23% de l'offre d'emplois des entreprises, soit 180 000 offres d'emploi, contre 145 000 à la même période en 2015. Il précise, en outre, que parmi les activités dominantes proposant des emplois émergent celles des services, du bâtiment et des travaux publics, de l'industrie et enfin « avec une petite reprise» de agriculture. Désormais, rappelle M. Challal, le secteur de la Fonction publique n'est plus perçu comme un vecteur d'emploi, «ce sont, dit-il, les entreprises économiques qui l'ont suppléé.». Il explique ce renversement de tendance par les nombreuses zones d'activités qui ont commencé à s'implanter dans de nombreuses wilayas, à l'exemple de celles de Bord Bou-Arréridj, Sétif, Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa, Annaba ou bien encore Constantine. Parmi les autres raisons à l'origine de cette dynamique, l'intervenant signale la notable contribution d'opérateurs économiques, lesquels se sont mis à investir dans des créneaux monopolisés, jusqu'alors, par les importations de biens manufacturés, «qu'ils se sont mis à produire localement». Il annonce la délocalisation du salon de l'entrepreneuriat qui va se dérouler dans les 48 wilayas du pays avec la participation globale de 2 500 micro-entreprises. Il rappelle que quelque 440 000 micro-entreprises ont été créées par le dispositif Ansej-Cnac avec un total de 1,5 million d'emplois. Il fait savoir également qu'un système d'information appelé Wassit mis en place par l'Anem permet aux demandeurs d'emploi de s'inscrire à distance. A partir de l'an prochain, 2017, une application permettra à l'aide d'un smartphone l'accès des demandeurs d'emploi et des entreprises aux informations et un traitement instantané des demandes. Ce système garantit une amélioration du fonctionnement de l'Anem, la transparence et la rapidité de traitement des demandes.