Quel impact pourrait bien avoir la récente installation d'un nouveau directeur de zone sur la gestion de l'entreprise Algérienne des eaux (ADE) et sur la rupture de l'alimentation en eau potable qui dure depuis six jours dans la commune chef- lieu de Annaba ? Telle est la question que se posent les 650 000 habitants de la wilaya. C'est, aussi, une des préoccupations majeures de plus de 1 200 agents de cette entreprise publique économique. Elle a été sérieusement ébranlée par le détournement de plus de 150 millions de DA à l'agence de la Ménadia. Déstabilisée également par la condamnation le 4 mai 2016 à de sévères peines de prison de son directeur commercial, sa chef de département informatique et deux caissières. Dix-sept cadres dirigeants et d'exécution dont les deux précédents directeurs généraux ont été condamnés, quant à eux, à six mois de prison ferme. Les mêmes cadres pourraient être, une nouvelle fois, appelés à la barre des accusés pour répondre de la disparition des stocks de 4 000 compteurs à eau importés. Cette affaire est actuellement sous enquête judiciaire. Ces condamnations et les mises à la retraite ont vidé les structures de gestion de la base au sommet de la hiérarchie. Conséquence : bien qu'elle soit quotidiennement desservie par les barrages Cheffia et Mexa, la wilaya de Annaba est sans eau potable. L'anarchie sévissant dans la gestion de l'ADE a aggravé la situation. A ce niveau, se sont multipliés les pannes au centre de production et de traitement, les éclatements des grosses conduites (600 et 800) alimentant les 12 communes de la wilaya, les pannes fréquentes sur les motopompes et les coupures prolongées de la distribution de l'eau potable. S'y ajoutent l'absence de toute intervention efficace pour la remise en état de ce qui peut l'être et une activité technique, administrative, comptable et financière en dilettante. C'est dire que la mission à la tête de cette entreprise (refusée par des cadres centraux) du nouvel arrivé est ardue. Ce que prouvent, du reste, les critiques acerbes du directeur central au ministère des Ressources en eau et de l'Environnement (MREE). Il les a exprimées lors de la réunion qu'il a présidé ce dernier mercredi au siège de l'entreprise à Annaba. Ce qui n'aurait pas été du goût des syndicalistes présents. Ces derniers n'ont pas admis le fait qu'ils soient pointés du doigt dans le marasme auquel l'ADE est confrontée. Pointés du doigt aussi pour le chantage que ces syndicalistes auraient exercé à chaque fois que besoin, sur les anciens DG pour obtenir des promotions professionnelles. «Les Allemands de Gelsenwasser ont été condamnés par le tribunal commercial international à verser à l'ADE un important dédommagement. A ce jour, pas un seul cent n'a été versé sur les comptes de notre entreprise . Où est passé cet argent ?» s'est interrogé un de ces syndicalistes. Pour s'enquérir des problèmes de distribution en eau potable à Berrahal, l'envoyé spécial du MREE s'y est déplacé. Il a été apparemment déçu par les prestations de service de l'ADE. Sa déception s'est davantage accentuée après qu'il a pris connaissance de la liste des cadres de l'entreprise. Celle-ci est majoritairement composée de syndicalistes dont le niveau intellectuel et les capacités professionnelles seraient en deçà des critères. Cela n'a pas empêché ce cadre d'annoncer qu'il a été décidé d'augmenter le prix du litre de l'eau potable. Il a argumenté cette décision par la majoration des prix de l'énergie, des salaires, des produits de traitement et de distribution de l'eau ainsi que l'entretien des canalisations. Le ministère envisagerait une large opération de rajeunissement de l'encadrement et la mise en place de compétences managériales à l'ADE Annaba, avec pour objectif de juguler le déficit en effectifs, la confirmation à leur poste de travail des agents et cadres recrutés sur la base du DAIP et du CTA.