Ce serait trop facile de dire, aujourd'hui, après la déclaration du Premier ministre, qu'il était temps et qu'on a mis longtemps avant de réagir à une situation qui devenait intenable. La situation était ce qu'elle était, un vaste chantier expérimental dont il fallait tirer les enseignements pour savoir où il ne faut pas aller et où il faut réorienter le gouvernail de l'audiovisuel dans notre pays. Nous le savons aujourd'hui, nous devons aller vers la rigueur, le professionnalisme, la responsabilité, la traçabilité, la reddition des comptes et tant d'autres impératifs qu'on entendait ou comprenait dans les propos du Premier ministre. C'est que l'ouverture médiatique chez nous s'est faite à l'envers et personne ne peut identifier nommément le responsable de cette ouverture, tant il est vrai que le besoin de donner à l'Algérie des médias qui défendent le pays à l'international a pris le dessus sur l'absolue nécessité de faire les choses dans le bon ordre. Le paysage médiatique algérien en a subi les conséquences et des dizaines de chaînes de droit étranger de faire leur intrusion dans les foyers sans permission, sans précaution, sans prévention et sans garde-fous. Voilà de bonnes raisons d'opérer un switch off salvateur et de donner un répit à des téléspectateurs algériens qui n'y comprenaient plus rien, pris entre le feu des charlatans, de la superstition, du populisme nihiliste et le feu des sorciers de la politique de l'instantané et du sensationnel irrévérencieux, le temps que le ménage soit fait et que le petit écran algérien, aussi bien public que privé, soit réglé sur la mire de la modernité, du progrès et d'un projet de société qui a à voir avec le XXIe siècle.