Avec le décès d'Ali Kafi, l'Algérie vient de perdre un autre de ses dirigeants. Le hasard ou le destin, ont fait, qu'en l'espace de presque une année, le pays aura perdu trois acteurs et témoins privilégiés de son histoire contemporaine. Ahmed Benbella, premier président de l'Algérie indépendante, Chadli Bendjedid, père de la « perestroïka » algérienne et Ali Kafi, président du HCE en pleine tourmente terroriste, en plus de leur contribution à la libération du pays, auront occupé la plus haute fonction de l'Etat à des moments charnières de l'itinéraire de la nation. Le premier, Benbella, aura eu la lourde tâche de conduire le pays au lendemain de l'indépendance. Il aura, ainsi, posé les jalons de la reconstruction d'un Etat laminé par les actions nihilistes d'un colonialisme barbare. Le second, Chadli, qui a géré le pouvoir après la disparition de Houari Boumediène, s'est attelé à mettre en place une politique d'Infitah (ouverture) économique. A travers sa démarche, il visait la transformation graduelle de la structure de l'appareil économique nationale avec en point de mire la révision du système politique. C'est dans ce contexte que naquit octobre 1988, porteur de multipartisme et de pluralité médiatique. Quant au troisième, Kafi, sa nomination à la tête du haut comité d'Etat s'est effectuée à un moment où l'Algérie était menacée dans ses fondements républicains. En patriote convaincu, il aura, à ce titre, fortement contribué à la continuité de la République algérienne démocratique et populaire. C'est dire le destin de ces trois personnages qui auront marqué l'histoire de leur pays en y laissant une trace indélébile. Certes, il y aura toujours matière à disserter sur les choix ou (et) le mode de gestion qu'ils ont adoptés. En sus du fait que ces actions doivent être situés dans leurs époques respectives, il n'en demeure pas moins que l'œuvre qu'ils ont initié, chacun de son côté, aura façonné l'Algérie d'aujourd'hui. Une Algérie qui a, depuis un peu plus d'une décennie, retrouvé stabilité et paix, résolument tournée vers l'avenir, qui entame sereinement son redressement, et qui construit, sans précipitation, son modèle démocratique.