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De la repentance a minima pour solde de tout compte
Publié dans La Nouvelle République le 30 - 05 - 2016

Une repentance à minima, en termes allusifs, pour un délai cinquantenaire. Tel paraît être le mode opératoire de la France pour purger son passif post colonial.
La France qui compte à son actif l'élimination de certains des principaux opposants du tiers monde hostiles à son hégémonie, Félix Mounier (Cameroun-1958), Mehdi Ben Barka (Maroc 1965), de même que les chefs de file du mouvement indépendantiste Kanak Jean Marie Tjibaou et Yéwéné Yéwéné, tous deux assassinés en 1989 en Nouvelle Calédonie sur un territoire dont elle a la charge de sa sécurité, ou enfin le chef de l'opposition tchadienne Ibn Omar Mahmat Saleh (2008), qui, de surcroît, a mobilisé la planète entière pour traduire devant la justice internationale les meurtriers de Rafic Hariri, le mécène de son président Jacques Chirac, fait en effet preuve d'une timidité de chérubin pour la reconnaissance de ses méfaits.
L'allusif comme marque de fabrique des hiérarques français, particulièrement socialistes
Ainsi Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, en visite de repentance à Téhéran le 29 juillet 2015, a mentionné, en guise d'excuse absolutoire, «les souffrances» du peuple iranien infligé par celui qui était premier ministre du temps de la co-belligérance de la France avec l'Irak de Saddam Hussein contre l'Iran dans la décennie 1980.
«Je pense aux souffrances qui ont été éprouvées pendant la guerre Iran-Irak (1980- 1988)», a notamment déclaré celui que la presse internationale a longtemps considéré comme le matamore du nucléaire iranien, qui s'est révélé être le caniche des Israéliens, le petit télégraphiste de Benjamin Netanyahu.
«Le plus jeune Premier ministre offert à la France» a ainsi occulté sa responsabilité particulière dans une guerre d'un million de morts à l'Iran, sans compter les handicapés, les veuves de guerre et les orphelins, les dégâts matériels et ses coûts financiers qui ont lourdement fragilisé l'économie iranienne pendant qu'elle enrichissait le complexe militaro pétrolier français de Total à Dassault.
François Hollande a emprunté le même mode opératoire lors de son voyage au Cameroun, en juillet 2015, pour briser le tabou et mettre un terme à une invraisemblable amnésie de 58 ans concernant les massacres commis par l'armée Française dans ce pays central de l'Afrique.
«Il y a eu une répression dans la Seine-Maritime en pays Bamiléké et je veux que les archives soient ouvertes pour les historiens, a déclaré François Hollande, ajoutant: «Je tenais à venir ici au Cameroun, Il y avait presque quinze ans qu'un président de la République française n'était pas venu en visite officielle dans vote pays Monsieur le président.
Je tenais à y venir aussi parce qu'il y a des liens humains qui unissent nos deux pays. Certains de ces liens plongent loin dans notre histoire. Ils peuvent être douloureux et la France regarde toujours avec lucidité son passé pour mieux préparer son avenir et c'est ce que nous avons fait».
Le président français s'est borné à mentionner «La SANAGA maritime, en pays Bamiléké», sans plus de détails. A croire que l'allusif est la marque de fabrique des dirigeants français, particulièrement des hiérarques socialistes. Il en a été de même de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat chargé des Anciens combattants, à Sétif (19-21 avril 2015). Premier déplacement à ce niveau de représentation, en Algérie pour le 70e anniversaire du massacre de milliers d'Algériens sous la colonisation française, le ministre a déclaré avoir fait un «voyage mémoriel» pour transmettre ce message du gouvernement français «Aucune mémoire n'est oubliée, on est dans une mémoire apaisée», qu'il estime être un «geste fort et symbolique».
M. Todeschini avait en effet déposé une gerbe de fleurs devant le mausolée de Saal Bouzid, ce jeune scout tué le 8 mai 1945 pour avoir brandi un drapeau algérien. Ce jour-là, alors que la France fête la victoire contre le nazisme, l'histoire tourne au drame dans l'Est algérien, à Sétif mais aussi à Guelma et à Kheratta, où les manifestations sont réprimées dans le sang. En quelques semaines, des milliers d'Algériens – entre 10 000 et 45 000, selon les sources – seront tués, ainsi qu'une centaine d'Européens.
«En me rendant à Sétif, je dis la reconnaissance par la France des souffrances endurées et rends hommage aux victimes algériennes et européennes de Sétif, de Guelma et de Kheratta » , a inscrit le secrétaire d'Etat dans le livre d'or du musée de la ville, appelant Français et Algériens, «au nom de la mémoire partagée par nos deux pays (...), à continuer d'avancer ensemble vers ce qui les réunit».
Auparavant, balisant le terrain, l'ambassadeur de France en Algérie, avait évoqué, en 2005, «tragédie inexcusable», puis trois ans plus tard, en 2008, le nouvel ambassadeur Bernard Bajolet avait pointé la «très lourde responsabilité des autorités françaises de l'époque dans ce déchaînement de folie meurtrière», ajoutant que «le temps de la dénégation est terminé».
Dans une sorte de remise en ordre à la fin du XXe siècle, la France reconnaîtra sa responsabilité dans le génocide juif. Le Président Jacques Chirac, nouvellement élu, dénoncera, en 1995, «la folie criminelle de l'occupant, secondée, chacun le sait, par les Français», invitant ses compatriotes à assumer la «dette imprescriptible de la France à l'égard des déportés juifs». 50 ans pour purger le passif avec les Juifs, jadis enviés pour leurs conditions au point d'être cités en exemple, «heureux comme un juif en France» qu'ils étaient, avant d'être abandonnés à leur sort morbide.
50 ans pour purger l'ignominie qui frappa le général Jacques Pâris de la Bollardière à la posture singulièrement prestigieuse, face à l'ensemble de la hiérarchie politico-militaire française dévoyée et dévoilée un demi-siècle plus tard par son double antinomique le général Paul Aussaresses.
Pour une armée coutumière de sursauts salutaires et dont le plus illustre officier rebelle n'est autre que le Général Charles de Gaulle, en 1940, le chef de la France libre anti-capitularde, l'onde de choc déclenchée par le coup d'éclat du Général de la Bollardière, qui demandera à être relevé de son commandement en Algérie en 1957 en signe de protestation contre la torture, mettra pourtant 42 ans pour percuter la hiérarchie militaire.
Le devoir de désobéissance aux ordres manifestement contraires à l'éthique universelle est désormais reconnu dans les armées françaises, consigné dans un document de l'Etat-Major de l'armée de terre de 1999 portant sur les «Fondements et principes de l'exercice du métier des armes dans l'armée de terre».
50 ans aussi pour commencer à purger le passif colonial avec la triple reconnaissance de la France, en 2001, de sa responsabilité tant à l'égard des Harkis, qu'à l'égard des anciens combattants de l'Afrique noire, qu'à l'égard des civils algériens lors de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris, dont près de deux cents auraient été massacrés au cours de la répression ordonnée par le Préfet de Police de l'époque Maurice Papon.
Un demi-siècle pour résoudre le conflit qui minait la France. Le lancement à grand fracas des «procès identitaires» de la fin du XXe siècle est à cet égard révélateur de la vérité de l'histoire de France, en faisant apparaître dans la pleine lumière de l'histoire les antagonismes de la société française tiraillée entre le «devoir de mémoire» et la nécessité de «l'oubli réparateur».
Les procès Klaus Barbie, Paul Touvier et Maurice Papon, comme auparavant au XIXe siècle l'affaire Dreyfus, auront eu une «fonction cathartique» visant à libérer la conscience nationale française de son passé, avancera en guise de justification tardive l'universitaire Jean Pierre Royer dans son «Histoire de la Justice en France».
Le Conseil d'Etat ne s'y est pas trompé en engageant la responsabilité de l'Etat dans l'affaire Papon, le condamnant à payer à parité l'amende infligée à l'ancien haut fonctionnaire, considérant que «le rétablissement de la légalité républicaine par l'ordonnance du 9 août 1944 n'entraîne pas pour autant l'irresponsabilité de la puissance publique», dans la mesure où «certaines décisions ont permis et facilité les opérations qui ont été le prélude à la déportation».
Le mémorial commémorant l'abolition de l'Esclavage, un chef d'œuvre de perversion morale
En termes de repentance, le mémorial commémorant l'abolition de l'esclavage érigé au jardin du Luxembourg à Paris demeure toutefois le chef d'œuvre de perversion morale:
«Par leurs luttes et leur profond désir de dignité et de liberté, les esclaves des colonies françaises ont contribué à l'universalité des droits humains et à l'idéal de Liberté d'Egalité et de Fraternité que fonde notre République». Ah l'embrouille ! Cinq siècles de déportation de déracinement, de maltraitance, d'exploitation, d'esclavage, de traite de la chair humaine, d'exhibitions de zoos anthropologiques, d'expositions hideuses de la Venus Callipyge à la curiosité malsaine du voyeurisme occidental, à la cristallisation des pensions des anciens combattants de l'outre -mer colonial, des djembés et malletes pour que le génie français perçoive enfin que les esclaves des colonies étaient animés d'un désir de dignité et de liberté.
Que n'a-t-on inversé la formulation par la mise en relief du fait que La France, Patrie des Droits de l'Homme et du triptyque républicain (Egalité, Liberté, Fraternité) a bafoué les principes fondateurs de la République, par esprit de lucre.
Sans doute le fait que le panache français n'est plus ce qu'il était. Sétif, Cameroun, Iran... 60 ans après la folle équipée de Suez contre Nasser, la France, aiguillonnée par un prurit belligène, s'est lancée dans de nouvelles aventures post coloniales aussi hasardeuses qu'aléatoires.
La repentance à minima apparaît rétrospectivement comme un exercice obligé, sans conséquence sur le cortex cérébral français, sans garantie de rémission, sans garantie d'une immunisation contre toute embardée future. Suez 1956, Iran 1980, Libye, 2011, Syrie 2012. Rendez-vous dans cinquante ans pour un nouvel exercice de repentance... a minima.
L'Allemagne face à sa responsabilité devant le génocide hitlérien
L'attitude française tranche avec le comportement d'exemplarité de l'Allemagne dans sa responsabilité du génocide hitlérien. Répliquant indirectement au propos du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou imputant à l'ancien Mufti de Jérusalem Hajj Amine Al Husseini la responsabilité de l'extermination des juifs d'Europe, le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert, a coupé court à toute tentative révisionniste, soulignant «la responsabilité inhérente» de l'Allemagne: «Je peux dire au nom du gouvernement que, nous Allemands, connaissons très exactement l'Histoire de l'avènement de la folie raciste meurtrière des nationaux-socialistes qui a conduit à la rupture civilisationnelle de la Shoah».
«Je ne vois aucune raison de changer de quelque manière que ce soit notre vision de l'Histoire. Nous savons que la responsabilité allemande pour ce crime contre l'humanité est inhérente», a- t- il ajouté. Selon Benyamin Netanyahou, «Hajj Amine Al-Husseini a dit à Hitler: Si vous les expulsez, ils viendront tous ici, en Palestine. Et qu'est-ce que je vais en faire? a demandé (Hitler). Il (le mufti) a dit: Brûlez-les», a déclaré le premier ministre.
Un démenti allemand formel, net, sans la moindre ambigüité, ni le moindre louvoiement, sans la moindre justification a posteriori. Un exemple à suivre pour les Français pour peu qu'ils renoncent à leur posture d'orgueil, si préjudiciable à leur renom.


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