Le peuple sahraoui a rendu, vendredi à Chahid El Hafid (camps des réfugiés sahraouis), un ultime hommage à son président Mohamed Abdelaziz, décédé mardi dernier des suites d'une longue maladie. La dépouille du défunt a été acceuilli par des milliers de réfugiés sahraouis aux cris «pas d'alternative à l'autodétermination du peuple sahraoui» et «repose en paix, nous allons poursuivre ton combat». La dépouille du défunt a été exposée au siège de la présidence de la République sahraouie pour permettre à la population locale et aux personnalités étrangères de se recueillir à sa mémoire et de lui rendre un ultime hommage. Le président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario avait laissé pour testament à son peuple la poursuite de la lutte pour l'indépendance de son pays, ont affirmé des responsables sahraouis. «Nous faisons certes nos adieux au chef, au guide, notre défunt président Mohamed Abdelaziz, mais son esprit restera toujours avec nous à travers son engagement pour son peuple et pour son pays», a déclaré à l'APS Khatri Addouh, président du conseil national sahraoui, qui assure le poste du président de la République par intérim. Pour sa part, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a souligné que le défunt avait la stature d'un «grand homme qui militait pour une cause juste, celle de l'indépendance de son pays». «Il était un militant très engagé et a réalisé beaucoup de progrès pour l'indépendance de son pays», a-t-il ajouté. Né en 1948 à Smara où il a effectué ses études, le défunt était membre fondateur du Front Polisario et chef militaire au front jusqu'à son élection après l'assassinat d'El-Ouali Mustapha Erraqibi le 9 juin 1976. En octobre 1976, lors du 5e congrès du Front Polisario, le défunt fut également désigné président de la RASD. Appel à la création d'un observatoire sur la question du Sahara Occidental Des chercheurs et des universitaires ont demandé vendredi à la clôture des travaux du colloque de deux jours sur le Sahara occidental, organisé à la Sorbonne (Paris), la mise en place d'un observatoire qui regroupe toutes les données sur cette question irrésolue. Cet observatoire, qui s'appuie sur une base de données, doit regrouper tous les travaux de recherche sur la question, l'actualité multimédia et toutes les informations objectives pour aider et les chercheurs et les médias dans l'accomplissement de leur mission. C'est lors d'une table ronde de clôture, intitulée «Production, diffusion et partage de connaissances sur le Sahara occidental : perspectives de collaboration entre monde académique, médias et société civile», que les différents intervenants ont relevé le manque «flagrant» d'outils de stockage et de partage de connaissances. Le travail médiatique n'a pas échappé aux animateurs de cette table ronde et aux intervenants qui ont été unanimes à pointer du doigt l'attitude des médias français vis-à-vis du principe de l'autodétermination du peuple sahraoui, consacré pourtant par les résolutions de l'ONU. Evitant de parler de boycott des médias français, par prudence intellectuelle, les intervenants ont relevé toutefois la méconnaissance des journalistes des tenants et des aboutissants du conflit et du processus de décolonisation d'un espace territorial déclaré par les Nations unies, en 1964, territoire non autonome. Dans leur analyse et débats, ils n'ont pas manqué d'attirer l'attention sur le fait que les journalistes ne peuvent plus effectuer des reportages dans les territoires occupés du Sahara occidental. Le Maroc interdit aux journalistes étrangers de travailler dans ces territoires depuis l'été 2014. D'autres ont soulevé la problématique de la censure dans les médias français qui montrent, à dessein ou pas, peu d'intérêt à la question du Sahara occidental. Une chercheuse a même indiqué aux participants qu'elle a été plusieurs fois censurée non pas par les journalistes, mais par les détenteurs de journaux, une fois le travail journalistique réalisé. Ce qui a poussé un intervenant à pointer du doigt la «puissance» du lobby marocain en France. «Le lobby marocain bloque toutes les initiatives en France parce qu'il a une grande influence sur les médias, les diplomates et les politiques», a-t-il souligné, résumant la situation en disant : «Nous sommes dans un monde cynique.» Lors de cette table ronde, tout le monde s'est accordé à mettre en valeur l'intérêt médiatique et la circulation des informations, saluant les efforts des Sahraouis des territoires occupés qui ont mis en place des mécanismes de production de l'information multimédia en utilisant les réseaux sociaux. A la fin de la table ronde, le professeur honoraire de l'Université de Genève, Christiane Perrégaux, a informé l'assistance qu'une pétition a été lancée par les Comités suisses de soutien au peuple sahraoui demandant au Conseil de sécurité de l'ONU d'organiser le référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui avant la fin 2017. Elle est publiée sur le site (www.westernsahara-referendum.org). Par ailleurs, les organisateurs du colloque ont annoncé qu'ils comptent lancer, en automne, une caravane sur les droits de l'homme au Sahara occidental qui fera le tour des universités françaises.