Les dernières décisions prises par le président de la République, notamment celle du remaniement partiel du gouvernement et l'annonce du limogeage de deux ministres, le départ des deux autres, la disparition du ministère des Travaux publics et son rattachement à celui des transports et les permutations de départements opérés dénotent un grand nombre de revirements dans la gestion du pays. Ce que confirment, le rappel à l'ordre des walis qui sont mis sur le gril. Ils ont pour obligation d'occuper dorénavant le terrain dans tous les domaines d'activités. C'est la même feuille de route qui guidera nos diplomates en poste à l'étranger sommés de «bouger». La présidence aurait réagi aux conclusions du rapport public sur l'état de la gouvernance et la reddition des comptes publiée par l'Inspection générale. Quatre ministres, des Finances, Energie, Agriculture et Tourisme, entre autres, en ont fait les frais. Ils ont été pratiquement éjectés de leur poste. Il leur a été reproché des cas flagrants de mal gouvernance. Faut-il croire qu'à la présidence on est en train de mettre en œuvre une autre politique, une autre gouvernance sobre, vertueuse, transparente et efficiente. A l'énergie, le conflit ouvert entre le ministre et quelques-uns de ses proches collaborateurs alors que la crise économique bat son plein, n'a pas été du goût en haut lieu. Dans les autres départements concernés par le limogeage ou départ de leur principal responsable, il s'agirait de gestion désastreuse des programmes quinquennaux de développement mis à exécution. En ce qui concerne les finances, l'échec de l'opération emprunt obligataire s'est ajouté à beaucoup d'autres facteurs. Elle a été la goutte qui a fait déborder le vase. Il en a résulté la décision de mettre en œuvre une autre politique de gouvernance dite sobre, vertueuse, transparente et efficiente. C'est donc pour sa matérialisation immédiate qu'ont été réunis à Oran les walis de 13 wilayas de l'ouest du pays. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales (MICL) n'a pas mis de gants pour leur dire ce que le président de la République pense de leur gestion des affaires dans leur wilaya respective. «Dépensiers», «gaspilleurs», «insubordonnés» «improductifs», «immodérés» et bien d'autres qualificatifs ont été utilisés par le ministre. Le même scénario avec le même principal animateur et à la figuration les walis de l'Est est programmé dans les prochaines semaines à Annaba et à Constantine avant celles du Sud. La présidence a également réagi aux conclusions portées sur le bulletin émis le mois de mai dernier par le Fonds monétaire international (FMI) sur la situation économique en Algérie. Etabli par l'envoyé spécial Jean-François Dauphin, le bulletin de cette institution internationale souligne en ce qui concerne l'Algérie : «... la nécessité pour les autorités algériennes de mettre en œuvre des réformes structurelles en vue de réduire la dépendance du pétrole et de diversifier l'économie». Ce qui semble avoir inspiré Nourredine Bedoui à charger les walis. Il enfoncera davantage le clou lorsqu'il affirme : «Des cadres de l'Etat dépensiers, voire gaspilleurs, foulent aux pieds les directives gouvernementales. Certains font toujours dans l'immodération, l'exagération et vont jusqu'à manœuvrer pour maintenir, vaille que vaille, le même niveau de budget. Au lieu et place de projets productifs et rentables, ils créent des projets improductifs, voire contreproductifs, qui génèrent des charges supplémentaires superflues». Leurs homologues de l'Est et du Sud du pays sont avertis. Le MICL ne se laissera plus embobiner. Les remarques du FMI sur la position budgétaire sont alarmantes. Il est dit que l'épargne budgétaire a été pratiquement épuisée pour financer les importants déficits budgétaires. Et lorsqu'il est indiqué que le solde du compte courant a plongé dans le rouge, les réserves officielles sont en baisse, il y a matière à plus d'irritation. Nos sources, généralement bien informées, indiquent que d'autres têtes dans le milieu des ambassadeurs, walis et directeurs centraux devraient tomber avant la prochaine rentrée sociale. Des directives en ce sens ont été données aux structures hiérarchiques. Ceux maintenus, seront détenteurs d'une feuille de route à laquelle ils ne devraient pas dévier. Cette manière toute nouvelle d'un membre du gouvernement de pointer du doigt les walis est suivie avec attention par les citoyens. Affirmant que ces dernières années, la moralité publique est victime d'agressions incessantes et qu'il est temps, que tous les acteurs se ravisent et modifient leurs voies d'approche. Ahmed Benmansour, un de ces citoyens, estime : «que les ministres et les walis continuent de faire fi des réalités sociales auxquelles les citoyens sont confrontés. Etre wali, ce n'est pas gérer le dossier de logements seulement et bomber le torse devant des caméras de télévision dont les tenants sont irrespectueux de l'éthique et de la déontologie journalistiques, mais aussi veiller à réduire les dépenses budgétaires et à épouser, avant qu'il ne soit trop tard, un nouveau système de pertinence socioéconomique approprié. Les représentants de la presse sont interpellés en ce sens». Notre interlocuteur a ajouté : «devant l'escalade du sous-emploi et la faiblesse de l'offre d'emploi, gagner en croissance ou en émergence, est pour l'heure le seul programme qui préoccupe les populations». L'avertissement vaut son pesant d'or.