La concurrence au sein du secteur bancaire, en Algérie, reste faible en raison de la concentration excessive du marché, des fréquents renflouements des banques publiques et de l'insuffisance des règles de gouvernance qui régissent les banques publiques. C'est du moins ce que relève l'évaluation de la stabilité du système financier, publiée il y a quelques jours par le Fonds monétaire international (FMI). Le document constate que dans le système financier, le financement passe essentiellement par les banques et le niveau d'intermédiation est faible. Les banques publiques continuent de jouer un rôle important dans le secteur financier. Selon le FMI, les banques semblent être bien capitalisées, rentables et liquides en partie, grâce au soutien récurrent de l'Etat. L'analyse de stabilité ne montre qu'une vulnérabilité modérée du système financier aux chocs. Les tests de résistance indiquent que la concentration du crédit et plus particulièrement celle des prêts, sont les principaux risques bancaires et que les banques publiques sont les plus vulnérables. Celles-ci sont notamment très exposées aux grandes entreprises d'Etat des secteurs de l'industrie manufacturière, du bâtiment et du commerce et, dès lors, à la merci des chocs spécifiques à une entreprise et/ou à un secteur. "Cela dit, les marges de manœuvre extérieure et budgétaire de l'Algérie sont substantielles, grâce aux cours élevés du pétrole, et on a pu constater que l'Etat est apte et prêt à soutenir les banques", souligne le FMI. "Ni les banques privées ni les banques publiques n'annulent les prêts improductifs", relève le document. Ils restent donc pendant des années au bilan des banques, ce qui compromet la valeur analytique des états financiers et retarde la résolution des créances douteuses et de la sûreté sous-jacente. L'encours actuel de ces créances (4,7% pour les banques privées et 12,7% pour les banques publiques) est ajusté seulement par le biais d'échanges contre des obligations du Trésor (pour les banques du secteur public) ou d'un rééchelonnement des prêts improductifs. "L'incertitude quant à l'interprétation des directives prudentielles, semble être ce qui empêche les banques privées d'annuler leurs prêts improductifs", estime le rapport. Les banques privées se sont déclarées préoccupées par le fait que les directives prudentielles de la Banque d'Algérie exigent d'elles qu'elles épuisent "tous les moyens de recouvrement possibles" avant que les prêts improductifs puissent être sortis du bilan. La signification de cette directive n'est pas suffisamment claire ; les banques ne savent pas si elles peuvent se contenter d'essayer de recouvrer leur créance auprès du tribunal de première instance ou si elles doivent obtenir le jugement du tribunal d'appel ou de la Cour suprême. En outre, après l'échec des procédures de recouvrement, la banque doit décider s'il y a lieu d'engager les procédures de faillite pour mettre l'emprunteur en liquidation. Toutes ces voies légales prennent plusieurs années, accusent souvent des retards et sont onéreuses. Dans les banques publiques, il existe la crainte que l'annulation d'un prêt improductif soit considérée comme le résultat d'une "mauvaise gestion" d'après les dispositions du Code pénal algérien, ce qui rend les responsables des banques passibles de sanctions pénales, dont une peine de réclusion. Il en est résulté des pratiques bancaires excessivement prudentes caractérisées par une aversion à la prise de risque et dans lesquelles aucun prêt improductif n'est annulé par crainte de contestation judiciaire. Sur un autre plan, le FMI affirme que l'excès de liquidité, lié aux recettes tirées des hydrocarbures, pose depuis longtemps un défi au développement du secteur financier. Il y a plusieurs solutions possibles pour résoudre ce problème et, partant, faciliter la mise en œuvre de la politique monétaire ; elles devraient s'inscrire dans une stratégie d'élimination progressive des diverses mesures de contrôle des changes. Le FMI suggère également un "lissage intertemporel des recettes tirées des hydrocarbures". La création d'un fonds souverain et l'adoption d'une règle régissant les retraits du fonds pétrolier permettraient de réduire le risque d'instabilité financière, de contenir les effets néfastes du syndrome hollandais sur l'épargne et l'investissement et d'élargir les possibilités de développement du marché des titres d'Etat et d'amélioration de la transmission de la politique monétaire. M. R. Nom Adresse email