«Voilà un exemple où [les Russes] ont, en fait, attaqué des forces combattant le groupe Etat islamique», au lieu de s'en prendre aux djihadistes, a déclaré M. Carter à la presse. Le chef du Pentagone a souligné qu'une telle attaque était contraire à l'intention affichée par Moscou de combattre l'EI. Mais il a laissé entendre que l'aviation russe avait peut-être commis une erreur d'identification. Dans ce cas, «c'est assez révélateur de la qualité de l'information sur laquelle ils appuient leurs bombardements», a-t-il dit. Des combattants anti-EI et de la Nouvelle armée syrienne parmi les victimes Selon des sources américaines, l'aviation russe a bombardé, jeudi, des combattants anti-EI soutenus par le Pentagone dans la région d'Al-Tanaf, un poste-frontière entre la Syrie et l'Irak. L'Observatoire syrien des droits de l'homme a, de son côté, confirmé des frappes contre des combattants de la Nouvelle armée syrienne (NAS), faisant état de deux morts. Selon la même source, ce groupe né en 2015 compte environ 125 combattants non islamistes entraînés par les Américains et les Britanniques dans un camp de la coalition internationale en Jordanie. Ces combattants viennent principalement de Deir ez-Zor (est), bastion de l'EI, mais aussi de Homs, selon la même source. Dans son bulletin quotidien diffusé jeudi soir, le ministère russe de la Défense n'a pas fait allusion à ces bombardements. Il a affirmé que Moscou «n'avait pas mené de raids contre des formations de l'opposition armée», engagées dans une trêve datant de février et violée à plusieurs reprises. Les Etats-Unis et la Russie ont mis en place une ligne de communication pour échanger quotidiennement des informations sur leurs vols militaires et éviter tout incident entre eux dans le ciel de Syrie. Mais cette ligne de communication «n'a pas été utilisée de manière professionnelle» dans ce cas-ci par les Russes, a déploré vendredi M. Carter : «Nous essayons de clarifier les faits et d'utiliser ce canal avec les Russes pour comprendre ce qui s'est passé.» Moscou et Washington, coarbitres impuissants du conflit syrien Trêve, négociations, rupture de la trêve, suspension des négociations, relance de la trêve, possible reprise des négociations, etc. Difficile de ne pas éprouver une forme de tournis face à la débauche d'activités diplomatiques générées depuis le début de l'année par le dossier syrien. Le dernier événement en date est la réunion, à Vienne, mardi 17 mai, du groupe international de soutien à la Syrie, la plate-forme réunissant tous les acteurs extérieurs à la crise. Celui-ci devait tenter de consolider le cessez-le-feu très aléatoire actuellement en vigueur. La doxa diplomatique occidentale postule qu'«il n'y a pas de solution militaire en Syrie». Si le conflit syrien se plaît, depuis son démarrage, à se jouer des certitudes des uns et des autres, ce présupposé-là, au fondement des efforts déployés par Staffan de Mistura, l'envoyé spécial de l'ONU, semble d'une rigoureuse exactitude. La puissance de feu largement supérieure du régime est contrebalancée par le réservoir de main-d'œuvre en apparence inépuisable de l'insurrection. Celle-ci peut compter sur le repoussoir absolu que constitue la figure de Bachar Al-Assad dans la communauté sunnite, largement majoritaire en Syrie.