Alors que les dernières orientations du président de la République sont claires, et que le discours de vérité récemment à Tiaret du Premier ministre lors de la réunion des walis a été salué même par les plus sceptique, le ministre de l'Industrie, affirme que même avec un baril de 10 dollars l'Algérie pouvait s'en sortir (31 août 2015) et récemment le 13 juillet 2016, je le cite : «l'Algérie peut réduire ses importations de près de 30 milliards de dollars en quatre ans, notamment à la faveur de nouveaux projets liés au ciment, aux mines et aux véhicules». 1.-Monsieur le ministre, bon nombre d'observateurs après analyse ont montré chiffres à l'appui qu'un pays qui repose son développement sur les matières premières a peu d'avenir, et que les nouvelles technologies de construction au niveau mondial sont apparues avec des économies d'énergie, de ciment à béton, que les micros unités de voitures, à usage local, auront un impact limité sur la balance commerciale, devant gonfler la rubrique importation d'accessoires et de matières premières à terme avec un très faible taux d'intégration (plus de 17 milliards de dollars en 2015 pour cette rubrique) et avec le dérapage accéléré du dinar posant la problématique de leur rentabilité à terme, les normes internationales étant de 100.000 unités/an minimum. Par ailleurs, vos différentes déclarations passées et récentes sont contredites par la majorité des rapports des institutions internationales ( (voir les rapports 2016 du Word Economic Forum, de la Banque mondiale la dégradation de la note de la Coface ...que j'ai analysés dans www.maghrebemergent.com ), institutions qui connaissent parfaitement la situation du pays. Le peuple algérien, n'est pas économiste mais confronté à la dure réalité quotidienne, étant conscient de la gravité de la situation et est prêt à se mobiliser, à se sacrifier pour les intérêts supérieurs du pays, ne voulant pas renouveler l'expérience des impacts négatifs de 1986, mais a besoin d'un discours de vérité, ni sinistrose, ni autosatisfaction béate source de névrose collective. Les discours irréalistes ne portent plus et discréditent ceux qui les colportent. La visite le 13 juillet 2016 du représentant du FMI qui affirme que pendant encore longtemps le baril tournera autour des 50 dollars. Selon les prévisions du FMI publiées le 25 avril 2016 dans son rapport sur les perspectives de croissance dans la région Moyen Orient-Afrique du Nord-Afghanistan-Pakistan (MOANAP), le Produit intérieur brut nominal de l'Algérie (PIB) devrait s'établir à 166 milliards de dollars (mds usd) en 2016 contre 172,3 mds usd en 2015 avec une croissance du taux de chômage. En 2016, les exportations devraient enregistrer une baisse à 27,7 mds usd contre 38,4 mds usd en 2015, mais devraient progresser en 2017 à 32,3 mds usd. Pour avoir un équilibre budgétaire toujours selon le FMI, l'Algérie aura besoin, en 2016, d'un prix de pétrole de 87,6 dollars/baril contre 109,8 dollars/baril en 2015. Le déficit budgétaire devrait s'élever à 15% du PIB en 2016 (contre 15,9% en 2015) et pourrait se réduire à 11,8% en 2017. Les importations en 2016 sont estimées à 57,5 mds usd contre 63,7 mds usd en 2015, et devrait atteindre en 2017 à 61,3 mds usd existant donc une contradiction puisque le FMI qui souligne une réduction du déficit budgétaire. Le déficit de la balance des comptes courants atteindra -28,3 mds usd en 2016 contre -27 mds usd en 2015. Et – 28,2 mds usd en 2017. Les réserves officielles de l'Algérie devraient reculer sous l'effet de la chute des prix de pétrole à 113,3 mds usd en 2016 en couvrant 22,2 mois d'importations, contre 142,6 mds usd en 2015 et poursuivront leur contraction à 92,3 mds usd en 2017. 2.- Monsieur le ministre, 97% des ressources sen devises, y compris les dérivées, sont le fait d'hydrocarbures à l'état brut et semi- brut, que 70% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15% sont importés, que 83% de la superficie économique est dominée par le petit commerce/services et que la sphère informelle marchande dominante contrôle plus de 40% de la masse monétaire en circulation tissant des liens dialectiques avec la logique rentière. Les statistiques douanières du 20 juin 2016, montrent un déficit commercial de 9,8 milliards de dollars sur les cinq premiers mois de l'année 2016 contre un déficit de 7,23 milliards à la même période de 2015, soit une hausse du déficit de 35,5%. Le taux de couverture des importations par les exportations est passé entre 2015 et 2016 pour les cinq premiers mois de 68% à 50%. Les exportations ont se sont établies à 9,82 milliards de dollars contre 15,39 milliards sur la même période de 2015, soit une baisse de 36,2%, qui pourrait donner une moyenne annuelle au même rythme à 24 milliards de dollars fin 2016. Les importations de biens non compris les services se sont établies à 19,62 milliards de dollars contre 22,62 milliards à la même période de 2015 (-13,26%), qui pourrait donner au même rythme fin 2016 environ 48 milliards de dollars donnant un déficit de la balance commerciale non compris les services fin 2016 de 24 milliards de dollars. Comme la valeur des services a été de 2010/2015 entre 10,5 et 12 milliards de dollars annuellement(les exportations de services étant nulles), le déficit de la balance des paiement fin et pourrait s'établir entre 34 et 36 milliards de dollars. Quant aux réserves de change établies à 135 milliards de dollars le 01 juin 2016, ils donnent un répit de trois ans maximum au vu du déficit de la balance des paiements, ne pouvant réduire à l'infini les importations, le tissu productif étant insignifiant. Il s'ensuit un impact négatif sur la sphère réelle (taux de croissance, inflation, chômage). Selon l'ONS, 83% de la superficie économique est constituée de petits commerce/services. Le secteur industriel représente moins de 5% du PIB et sur ces 5% 95% sont des PMI/PME peu initiées au management et à l'innovation, alors que s'impose des innovations technologiques impliquant un investissement massif dans la recherche développement, le capital argent n'étant qu'un moyen ne créant pas de richesses. Le problème qui se pose, avec la baisse des recettes de Sonatrach, le gouvernement pourrait-il continuer dans sa politique de subventions généralisées et non ciblées ? Outre le risque de tensions au niveau des Caisses de retraite, la demande d'emplois entre 300 000/350 000 par an nécessite un taux de croissance en terme réel (devant raisonner à prix constants et jamais à prix courants) de 8/9% pendant 5 à 10 ans pour réduire les tensions sociales. Comme conséquence de la baisse des recettes de Sonatrach, la dynamisation des sections hors rente, il ne faut pas être utopique, ne le sera pas avant 2020/2025, si les réformes sont entamées en 2016. 3.-Monsieur le ministre, l'Algérie est Sonatrach et Sonatrach est l'Algérie et le restera encore longtemps. Car les réformes de structures, si elles ont lieu, mettront du temps pour avoir un impact réel en fonction des lenteurs bureaucratiques, supposant la rénovation des institutions. Avez-vous dressé le bilan de la règle des 49/51% que vous comptez généraliser même au commerce selon vos déclarations, généralisation qui n'existe même pas en Chine, en termes d'économies de devises, de transfert technologique et managérial. Son Excellence le président de la République a besoin d'un bilan objectif sans passion, devant privilégier uniquement les intérêts supérieurs du pays et non des intérêts étroits de rente. Se tromper n'est pas une tare, mais persister dans l'erreur en l'avenir de tout un pays est une erreur stratégique. Dans ce cadre je vous rappelle le contenu des derniers rapports de SONATRACH 2015/2016 où le avec des prix moyens de pétrole qui ont reculé pour passer de 99,41 dollars en 2014 à 52,13 dollars en 2015, le chiffre d'affaires à l'exportation de la Sonatrach a baissé à 33,19 milliards de dollars en 2015 contre 58,45 milliards de dollars en 2014 (-43%). Selon la banque mondiale, le FMI et l'OPEP, entre le budget de fonctionnement et d'équipement l'Algérie a fonctionné entre 2013/2014 sur la base d'un cours de 115/120 dollars le baril et en 2015 entre 85/90 dollars. Ayant passé plus de 30 ans de ma vie dans le secteur Energie et de l'Industrie, n'étant pas un théoricien, connaissant parfaitement le secteur de l'intérieur, il ne faut pas être un grand sorcier il sera impossible de fonctionner à 10 dollars le baril, réduire les importations de 30 milliards de dollars durant les trois /quatre prochaine années quitte à provoquer la fermeture de toutes les unités productives et à provoquer une révolution sociale. Je recommande à Mr le ministre de l'industrie et des mines d'écouter mon interview donnée à Radio France Internationale le 20 décembre 2014 «ce que l'Algérie doit faire pour éviter la crise» qui faisait suite au débat pendant une heure à RFI -Paris - le 24 octobre 2014 que j'ai eu avec mon ami le professeur Antoine Halff ancien économiste en chef au secrétariat d'Etat à l'Energie US et actuellement directeur général de la prospective à l'AIE pour se faire une idée sur les nouvelles mutations économiques et énergétiques mondiales et agir en conséquence en concertation avec ses collègues, l'ère de la matérialité, vision mécanique du développement, étant dépassée. Car le dinar est passé de 4 dinars un dollar vers les années 1975 à 16 dinars un dollar avant la dévaluation de 1994, 45 dinars un dollar après la dévaluation et actuellement 109 dinars un dollar en juin 2016 et cela n'a pas dynamisé les exportations hors hydrocarbures. Donc le problème est ailleurs. avec un discours à savoir les réformes structurelles. L'on devra éviter tant l'illusion organisationnelle sans objectifs stratégiques (combien d'organisations et de codes d'investissement depuis l'indépendance politique) que monétaires. Le défi est de réfléchir aux voies et moyens nécessaires de dynamiser le tissu productif, entreprises publiques et privées locales et internationales créatrices de valeur ajoutée interne, devant se fonder sur l'entreprise créatrice de richesses et l'économie de la connaissance. 4.-Monsieur le ministre, évitons de vendre des rêves et soyons seulement réaliste. Expliquez concrètement aux députés, sénateurs et à la population algérienne par quelle magie, comment vous comptez réduire de 30 milliards de dollars la rubrique des importations. Certes, durant cette période, en raison de ses disponibilités financières, l'Algérie n'a pas besoin de recourir au FMI. Mais pour l'éviter à terme et surmonter la situation actuelle, l'Algérie a besoin d'une vision stratégique, de cohérence, de visibilité, d'un discours de vérité et de leadership. L'Algérie doit profiter de sa relative aisance financière, dette extérieure très faible et bien utiliser ses réserves de change en transformant cette richesse virtuelle en richesses réelles, de libérer toutes les énergies créatrices, et donc de réaliser la transition difficile vers une économie hors hydrocarbures dont le sous segment la transition énergétique le cadre des valeurs internationales. Ayons une vision positive pour l'avenir de notre patrie par un discours de vérité afin de mobilier la population. L'Algérie à la différence de 1986, avec une dette extérieure faible et des réserves de change peut surmonter la baisse du cours du pétrole qui sera de longue durée au vu des nouvelles mutations énergétiques mondiales, pour peu que l‘on ait une gouvernance centrale et locale rénovée et une nouvelle vision du développement économique et social. Le cas contraire, le fonds de régulation des recettes s'épuisera courant 2017 et les réserves de change à horizon 2018/2019. Aucun patriote algérien ne souhaite l'expérience de 1994, du retour au FMI. Dès lors sans préjuger des incidences politiques, et géostratégiques au niveau de la région, les conditionnalités seront posées au préalable avant tout prêt avec une dévaluation importante du dinar, une paupérisation de la population et une perte de souveraineté de l'Algérie. 5.- Monsieur le ministre, vous devez faire savoir à la population consciente (voyez l'expérience désastreuse du Venezuela pays beaucoup plus riche que l'Algérie) que les ajustements économiques et sociaux à venir seront douloureux. Cela, implique un discours de vérité, une moralité sans faille de ceux qui dirigent la Cité, devant tenir compte de toutes les sensibilités, ayant préconisé devant vous lors de la rencontre sur l'industrie présidé par le Premier ministre, en novembre 2014., un comité de crise et un large front national regroupant toutes les Algériennes et les Algériens de différentes sensibilités. Pour terminer, monsieur le ministre, je suis convaincu que l'Algérie a toutes les potentialités pour relever les défis nouveaux du XXème siècle, personne n'ayant le monopole du nationalisme et de la vérité d'où l'importance du dialogue productif ce que propose mon ami Hachemi Djiar (2).