La diffusion de la culture de la paix constitue un objectif profond dans l'éducation soufie, a indiqué, mardi, à Oran, le Dr Sari Ali Hikmet, fondateur de l'Union nationale des zaouïas d'Algérie (UNZA), à l'occasion d'un séminaire tenu sous le thème «La paix et la tolérance dans la pensée soufie». «La paix est un objectif profond dans l'éducation soufie», a soutenu l'intervenant lors de cette rencontre organisée par la Tariqa Taïbia, à la salle de conférences de la grande mosquée Ibn Badis. «Répandre la paix dans le monde, c'est l'aspiration majeure de l'école soufie qu'est l'école de Sidi Boumediène et d'Ibn Arabi», a-t-il expliqué, ajoutant que «le soufisme est au cœur de la paix parce que les soufis considèrent que les différences ne sont pas des origines de conflit, mais plutôt une source d'enrichissement mutuel». «Une idée fondamentale du soufisme : le monde est un. Nous provenons tous du souffle du Miséricordieux (ennafkh ou ennefs errahmani) et seules nos apparences diffèrent», a fait observer le Dr Hikmet, également écrivain et président du club de culture soufie Sidi Boumediène à Tlemcen. Ce spécialiste a estimé dans ce sens que «la lecture soufie du Coran et de la religion est une clé de la paix, avec soi-même et avec les autres», tout en rappelant que «Essalem (la paix) est un des noms de Dieu que le soufisme s'emploie à réaliser». «Promouvoir la culture soufie revient à promouvoir la paix», a-t-il préconisé, recommandant à cet égard «l'inscription de l'enseignement soufi dans les cursus scolaires et universitaires, et ce, à partir du cycle primaire avec, par exemple, l'introduction de contes pour enfants, car il y a beaucoup de contes et poésies soufis». Pour le Dr Hikmet, le tourisme culturel soufi gagnerait aussi à être encouragé, sachant que c'est un excellent moyen pour diffuser la culture de la paix. Dans ce contexte, et à l'occasion du 9e centenaire de la naissance de Sidi Boumediene, un voyage culturel soufi élargi aux non initiés sera organisé en direction de l'Andalousie (Espagne), a-t-il annoncé, signalant que ce parcours se déclinera en un «séminaire ambulant», avec conférences et activités artistiques animées par des universitaires, chanteurs soufis (moussamiine), des orchestres de musique andalouse et des troupes théâtrales. Dans le cadre de ce voyage, prévu en novembre prochain, la pierre inaugurale de la zaouïa de Sidi Boumediène sera posée à Cantillana, sur les lieux même de sa naissance, a précisé le Dr Hikmet, rappelant que Sidi Boumediène a créé une école de soufisme dont est issu Mohieddine Ibn El Arabi et son élève l'Emir Abdelkader, le fondateur de l'Etat algérien moderne. Initié par l'association religieuse Tariqa Taïbia, ce séminaire intervient à la veille de la traditionnelle célébration de la grande waâda de Sidi El-Hasni, manifestation culturelle traditionnelle, animée chaque année, en hommage à ce saint patron de la ville d'Oran. Plusieurs confréries prendront part à cet événement se poursuivant jusqu'au 6 août prochain avec, au menu, des séances de récitation coranique, une procession en direction du mausolée de l'imam Sidi El-Houari, une cérémonie solennelle d'ornement de la sépulture de Sidi El-Hasni, ainsi que les traditionnels repas servis au grand public. Le cheikh de la zaouïa de Sidi El-Hasni, Hassan Chérif El-Ouazzani s'est, quant à lui, félicité de cette célébration qui contribue à faire connaître le parcours de Moulay Tayeb, le fondateur de la confrérie Taïbia et de son héritier Sidi El-Hasni qui créa deux zaouïas en Algérie, à Ammi Moussa, dans la wilaya de Relizane, puis à Oran en 1850. Près de 400 participants animent ce rendez-vous culturel qui met en valeur les notions de la paix et de réconciliation, et ce, dans le sillage des initiatives du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, «pour l'ancrage de la paix dans le cœur de tous les Algériens», a souligné El-Ouazzani.