L'enquête menée depuis un an par des experts mandatés par les Nations unies pour identifier les responsables d'attaques chimiques en Syrie touche à sa fin. Leur rapport est attendu cette semaine, ont annoncé lundi 22 août des diplomates. Un groupe de vingt-quatre enquêteurs, baptisé Joint Investigative Mechanism (JIM), mission d'enquête conjointe, a été mis en place en août 2015 après des offensives au chlore contre trois villages qui avaient fait treize morts. Le JIM a été créé par l'ONU et l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Les experts se sont penchés sur neuf cas, la plupart attribués par les pays occidentaux aux forces gouvernementales syriennes. Leur rapport final doit être remis au Conseil de sécurité avant la fin d'août. Mais le mandat d'un an du JIM peut être prolongé, si l'enquête n'est pas terminée ou pas concluante à cette date. «Il y aura des suites» L'organe exécutif onusien a menacé de prendre des sanctions une fois les responsables identifiés de manière catégorique. Mais la Russie et la Chine, qui soutiennent le régime de Bachar Al-Assad, auront encore la possibilité de bloquer toute mesure en utilisant leur droit de veto. Car si Paris, Londres et Washington accusent le régime syrien, Moscou rétorque qu'il n'y a pas de preuve formelle de sa culpabilité et accuse l'opposition armée d'avoir utilisé des armes chimiques. «Nous espérons [que le JIM] établira de manière absolument claire qu'il y a eu des attaques chimiques en Syrie et, si tant est qu'il est possible de le prouver, dira qui est responsable de chacune d'elles, a expliqué lundi l'ambassadeur britannique Matthew Rycroft. Quiconque utilise des armes chimiques doit rendre des comptes.» Et ce dernier de réaffirmer qu'«il y aura des suites» si l'enquête est concluante. «Le Conseil de sécurité devra prendre ses responsabilités quelles que soient les conclusions» du JIM, a dit, de son côté, le représentant permanent adjoint français Alexis Lamek. Un rapport intermédiaire du groupe d'experts publié en juin disait que les investigations progressaient, mais que les enquêteurs manquaient encore de «preuves crédibles et fiables». Leurs recherches sur le terrain, commencées en mars, sont ralenties par l'insécurité et elles dépendent du bon vouloir des autorités syriennes. A Alep, l'impuissance de la diplomatie internationale Toujours plus meurtrière pour les civils, la bataille d'Alep est devenue, du propre aveu de Peter Maurer, le président du Comité international de la Croix-Rouge, «l'un des conflits urbains les plus dévastateurs de notre époque». Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, comme la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, appellent les Etats-Unis et la Russie à convenir d'urgence d'un cessez-le-feu. C'est la condition sine qua non pour une reprise des négociations de Genève que l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, espérait relancer fin août. Nul n'y croit plus même si Moscou s'est dit prêt à appliquer une trêve humanitaire hebdomadaire de quarante-huit heures pour permettre des livraisons d'aides à la population. La donne sur le terrain se complique en outre de plus en plus avec la montée en puissance, côté rebelles, du groupe Fatah Al-Cham – l'ancien Front Al-Nosra qui déclare avoir rompu ses liens avec Al-Qaida – et du fait des massifs bombardements russes effectués avec des Tupolev 22 décollant de la base iranienne de Hamadane.