Le porte-parole de l'armée suisse Daniel Reist a déclaré à l'agence suisse ATS que l'affaire qui vient d'être révélée à l'opinion publique hier concernant le vol des explosifs dans une caserne est un cas extrêmement rare. Il n'a pu préciser ni la nature des explosifs ni la quantité exacte qui a été volée. «L'enquête vient de commencer et pour l'heure, aucune mise en garde à la population n'a été émise», a-t-il précisé. La caserne visée abrite l'école de recrues d'infanterie, selon les dernières statistiques, le nombre de demandes de permis d'armes à feu a augmenté de 17% l'année dernière par rapport à l'année précédente. Face à la menace terroriste, l'Union européenne souhaite renforcer le contrôle des armes en Europe. Quitte à soumettre les détenteurs d'armes à feu à des tests psychologiques ou médicaux. Une initiative qui n'est pas du goût des Suisses. Le pays de Heidi, malgré sa neutralité et sa tranquillité apparente, n'est pas à l'abri d'un attentat, ni du recrutement effectué par les réseaux djihadistes (DAECH et Al-Qaïda). Rémi Baudoui, professeur à l'Université de Genève et spécialiste du terrorisme, répond à nos questions. La Suisse est-elle une cible potentielle pour le djihadisme ? La réponse est oui. Comme tous les autres pays européens. Dans la mesure où le terrorisme est une guerre asymétrique, et non pas une guerre entre Etats-nations, la position d'une Suisse indépendante et en dehors du plan mondial ne tient pas non plus ; donc en effet, la Suisse est menacée, comme tous les autres pays. Le 10 décembre à Genève, 4 suspects avaient été recherchés par la police. Genève était en état d'alerte ; la conférence sur la paix en Syrie a dû être déplacée dans un lieu tenu secret, au lieu du Palais des nations. Deux Syriens seront finalement arrêtés le lendemain. Selon les Services de renseignements de la Confédération (SRC), le djihadisme recrute avant tout de jeunes hommes instables, sans orientation ni perspectives d'avenir ; toujours selon le SRC, de nombreux utilisateurs de réseaux sociaux sympathisent avec l'idéologie djihadiste. 200 internautes ont été identifiés comme diffusant à partir de la Suisse de la propagande du terrorisme. La loi fédérale instituant des mesures visant le maintien de la sûreté intérieure, et la loi sur le renseignement autorisent les services de prendre les mesures préventives à l'égard de tout danger lié au terrorisme, et de prendre des dispositions sur les données personnelles. le général de division de l'armée de terre française Didier Tauzin a indiqué que «les services de renseignements suisses sont efficaces, autant que leurs homologues français, allemands ou britanniques ; ils sont simplement plus discrets que les autres, ce qui n'est pas une mauvaise chose», a-t-on informé.