La guerre mondiale contre le terrorisme étant lancée il y a longtemps, l'Algérie n'est pas seule dans ce combat. La recrudescence inouïe de la violence islamiste inquiète les citoyens algériens qui redoutent une autre escalade durant le prochain Ramadan, un mois de djihad par excellence pour les radicalistes. Pourquoi donc cet acharnement des terroristes islamistes en ce moment précis? Où trouvent-ils autant d'énergie et de ressources? Qui sont les commanditaires, les stratèges de ces actions aveugles? Au-delà de la théorie du dernier quart d'heure, par ailleurs éculée, la réponse la plus plausible à ces questions est qu'il s'agit d'une transposition du djihad d'Al Qaîda d'Irak vers le Maghreb. Selon de hauts responsables du renseignement, il s'agit de l'oeuvre d'islamistes algériens qui ont combattu les forces de la coalition en Irak. Un bonne partie de ces terroristes, dont le nombre varie entre 400 et 500, selon les estimations de l'armée américaine, est rentrée au pays. Aguerris au maniement des explosifs, des armes et aux techniques de la guérilla urbaine, ces terroristes veulent mettre le pays à feu et à sang. Le recours aux kamikazes, l'utilisation des motos, des ceintures explosives et des attaques contre des casernes de recrutement, le tout doublé d'un recours massif à la médiatisation par Internet, constitue la griffe typique d'Al Qaîda. Il apparaît donc, aujourd'hui, que ce n'est pas uniquement pour meubler les pages du New York Times que l'émir du Gspc s'est prêté au jeu des questions-réponses qui lui sont parvenues du bureau d'Allemagne de ce journal. Voulant devenir le Ben Laden d'Afrique du Nord, Droukdel a repris exactement les mêmes procédés que le numéro2 d'Al Qaîda, Aymen El-Zawahiri, contre les intérêts occidentaux au Maghreb. Soucieux du sort des Américains en Algérie, les interviewers du New York Times ont eu la réponse: Droukdel a directement menacé les Etats-Unis de frappes sans distinction, de temps ni d'espace. En d'autres termes, l'action n'est pas circonscrite à une région donnée, comme cela semble paraître actuellement en Kabylie. L'idée de constituer «l'Internationale du djihad», remonte à près de deux années. Elle est venue du numéro2 d'Al Qaîda, Ayman Al-Zawahiri, lorsque, en septembre 2006, il a invité le Gspc à rejoindre Al-Qaîda. En janvier 2007, c'était chose faite. Droukdel et son organisation terroriste deviennent les sous-traitants d'Al Qaîda en Afrique du Nord. Dans sa lettre d'allégeance, Abou Mossaâb Abdel Wadoud, promettait de suivre Oussama Ben Laden «jusqu'au martyre». Peut-on alors vaincre un pareil courant, une pareille idéologie avec un discours conciliant? A force de vouloir amadouer par le discours et les concessions et espérer une paix avec une poignée d' islamistes irréductibles, on finit par se retrouver en guerre contre le monde. Un monde en guerre contre le terrorisme et qui a pris acte des menaces proférées par Al Qaîda sur son site Internet contre les intérêts occidentaux au «Maghreb islamique». Il y est question de guerre sainte contre l'Espagne, la France, l'Algérie, la Mauritanie, le Front Polisario. Ce ralliement illustre une dynamique plus large, qui définit le nouveau visage mondial du terrorisme islamiste. Les terroristes d'Al Qaîda élargissent leur champ d'action et privilégient des cibles européennes ou anglo-saxonnes. Encore une fois, l'Algérie n'est plus seule dans ce combat et les services de sécurité commencent à se redéployer sur le terrain.