Le gouvernement français a présenté un nouveau texte visant à prévenir l'auto-radicalisation islamiste. Il a aussi mis en place une nouvelle incrimination, l'entreprise individuelle à caractère terroriste. Paris de notre correspondant La France a renforcé son arsenal législatif pour lutter contre ce qu'on appelle les «loups solitaires». Ces individus, candidats potentiels au djihad en Syrie ou ailleurs, méconnus par les services de renseignements, car ne fréquentant ni mosquées ni groupes extrémistes. Ils se radicalisent seuls via les réseaux sociaux.C'est le ministre de l'Intérieur, Bernard Caseneuve, qui a dévoilé, la semaine dernière, un nouveau projet de loi visant à mettre fin au nombre croissant de jeunes Français qui partent au djihad à l'étranger. La mesure phare du projet consiste à prononcer une interdiction administrative de sortie du territoire à toute personne majeure ou mineure soupçonnée de se rendre sur le théâtre d'opérations djihadistes, notamment en Syrie où près de 800 Français s'y trouvent selon les services secrets français, dont environ 150 femmes. Ce dispositif, d'une durée de six mois renouvelée, sera mis en place lorsqu'«un faisceau d'éléments montrant qu'une personne est déterminée» à se rendre sur un lieu de combat djihadiste, a expliqué le ministre français de l'Intérieur. Il a précisé que le «passeport de la personne en question sera momentanément invalidé et confisqué». Mais à peine dévoilée, cette mesure est critiquée par les experts en terrorisme qui pensent que les candidats potentiels au djihad peuvent se rendre en Syrie par exemple à partir d'un autre pays européen. Mais le ministre de l'Intérieur a répondu en indiquant qu'à terme le «dispositif sera complété dans un avenir proche par la mise en place du ‘‘passenger name record''» sur le plan européen. Ce qui permettra d'identifier, selon lui, les candidats à risque dès la réservation du billet d'avion. Entreprise individuelle à caractère terroriste Par ailleurs, l'autre volet de la loi concerne la mise en place d'une nouvelle incrimination, à savoir l'entreprise individuelle à caractère terroriste. Cette nouvelle loi vise à renforcer l'arsenal juridique utilisé dans la lutte contre le terrorisme. Il a pour but de répondre à la menace des candidats solitaires au terrorisme. Ces derniers se radicalisent d'une façon individuelle, souvent dans des chambres obscures, sur Internet. La stratégie de l'intérieur est de détecter en amont toute personne présentant des signes de radicalisation ou d'auto-radicalisation. Le texte a pour objectif aussi de lutter contre l'apologie du djihad sur les réseaux sociaux. Les opérateurs par lesquels passera ce genre de propagande seront tenus de la supprimer. Toutefois, pour le juge antiterroriste Marc Trévidic, détecter des individus qui s'auto-radicalisent n'est pas chose facile. Cela nécessite une meilleure coordination entre les différents services de sécurité et une surveillance accrue, notamment concernant des personnes revenant des zones de djihad. Sur France Inter, il a reconnu que la radicalisation passe surtout par le biais de l'Internet. Et pour que cette lutte soit efficace, le ministre de l'Intérieur français compte sur la mobilisation et la sensibilisation des fournisseurs d'accès à Internet, pas seulement en France, mais sur le plan européen, estimant au passage qu'Internet peut inciter à la haine et au meurtre. Toujours dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la France a décidé, après les USA, d'imposer à tous les voyageurs qui emportent avec eux des ordinateurs portables, des téléphones ou autres tablettes électroniques de les garder allumés lors des contrôles de la police des frontières. Tout téléphone ou ordinateur éteint sera confisqué, voire même détruit.