Il y a quelques semaines, les pays de l'Opep et non Opep ont convenu, lors d'une réunion à Alger, de réduire la production à un niveau de 32,5 millions de barils par jour, contre 33,47 mbj en août. Il s'agissait là d'une décision inattendue, une surprise pour les investisseurs pétroliers et le monde entier qui écartaient de loin la concrétisation d'un accord qui pourrait rendre un peu l'étincelle au marché pétrolier. En outre, il y a quelques jours, le ministre de l'Energie, Nouredine Boutarfa avait annoncé qu'une réunion informelle de l'Opep sera tenue, à Istanbul en Turquie, en marge du 23e Congrès mondial de l'énergie. Cette rencontre devrait consolider l'accord d'Alger. En plus de cela, une réunion formelle de l'Opep sera tenue le 30 novembre prochain à Vienne en Autriche où les membres devraient arriver à un éventuel accord pour stabiliser le marché. Néanmoins, d'après les déclarations, hier à Istanbul, du ministre saoudien du Pétrole, Khaled al-Fateh, les pays de l'Opep n'iront pas plus loin de l'accord d'Alger dans leur concertation. C'est-à-dire que s'il y aura une éventuelle concertation sur un niveau de production, il ne sera pas plus bas que celui convenu à Alger, le 28 septembre dernier. Le ministre saoudien a, en effet, expliqué, en marge de son intervention lors du Congrès mondial de l'énergie, que «l'Opep doit faire en sorte de ne pas trop resserrer la production, afin de ne pas provoquer de choc sur le marché». Dans ce sens, il a affirmé, «nous ne voulons pas créer un choc sur le marché et déclencher un processus susceptible d'être nuisible». Il a reconnu que le Royaume, dont le brut représente sa principale source de revenus, était «devenu quelque peu complaisant en matière économique pendant les années fastes quand les cours du pétrole s'étaient envolés mais qu'il était désormais déterminé à mettre en œuvre un ambitieux plan de transformation économique orchestré par le vice-Prince héritier Mohammed ben Salmane». D'après le ministre saoudien, ce plan «serait appliqué quel que soit le prix du pétrole», affirmant s'attendre à une augmentation de la demande «même si cela ne se produit pas, nous serons prêts à y faire face». Par ailleurs, le même responsable a estimé qu'un baril de brut à 60 dollars était envisageable d'ici la fin de l'année. «Nous voyons une convergence de l'offre et de la demande. Il n'est pas impensable qu'on arrivera à (un baril) à 60 dollars d'ici la fin de l'année», a déclaré le ministre saoudien, Khaled al-Faleh. «Ce n'est pas le prix que je regarde, mais plutôt l'offre et la demande», a-t-il ajouté. A noter que le cours du baril de «Light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut, a dépassé jeudi les cinquante dollars à New York pour la première fois depuis juin. Pour sa part, le président russe Vladimir Poutine a affirmé, hier, que son pays était prêt à se joindre aux mesures destinées à réduire la production de pétrole pour doper les cours. «La Russie est prête à se joindre aux mesures pour limiter la production de pétrole», a déclaré Poutine dans une allocution lors du Congrès mondial de l'énergie à Istanbul, émettant le vœu de voir l'Opep «se joindre à cette idée en novembre». Il faut savoir que les cours de l'or noir sont repartis, hier midi, à la hausse après le repli affiché sur les craintes liées à l'impact réel de l'accord de l'Opep sur un rééquilibrage du marché. Le brut progressait, hier à midi de 0,12%, à 49,87 dollars alors que le Brent enregistrait une hausse de 0,27% à 52,07 dollars. Les modalités d'application de cet accord devront néanmoins être définies lors du prochain sommet à Vienne. Le ministre saoudien de l'Energie s'est déclaré optimiste quant à l'issue de ces négociations le mois prochain. Les investisseurs seront également attentifs à la publication, aujourd'hui, du rapport mensuel de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). D'autre part, les estimations de l'Opep relatives au marché du pétrole seront connues mercredi. Par ailleurs, la hausse des cours de l'or noir inquiète les marchés qui craignent qu'elle ne contribue à une relance de l'activité du secteur américain du pétrole de schiste.