Christian Gourcuff avait choisi de partir. Son héritier à la tête de Lorient, Sylvain Ripoll, n'a pas eu ce choix, limogé hier sans ménagement après la huitième défaite de la saison des Merlus face à Dijon (1-0) samedi. Une ère incertaine s'ouvre pour un club qui tourne le dos à son passé. «Le FC Lorient a décidé de relever Sylvain Ripoll de sa fonction actuelle. Des informations complémentaires sur l'organisation du club seront communiquées ultérieurement». Un communiqué laconique de 24 mots, c'est tout ce qu'il a fallu pour mettre fin à une aventure de 20 ans pour Sylvain Ripoll, comme joueur, puis entraîneur-adjoint de Christian Gourcuff, et enfin, depuis 2014, comme entraîneur principal. La défaite dans les arrêts de jeu à Dijon samedi (1-0) a scellé le sort d'un technicien qui se savait depuis plusieurs semaines en danger et qui avait déjà sauvé deux fois sa peau avec des succès contre Lille et Lyon (1-0 à chaque fois), les deux seuls de la saison pour le moment. Le bilan des dix premières journées - 2 victoires pour 8 défaites, 6 buts marqués pour 16 encaissés - est certes mauvais (le club est dernier), mais il ne peut à lui seul expliquer cette décision, alors que l'écart (4 points) avec les premières équipes non-relégables n'a rien de rédhibitoire à ce stade de la compétition. En conflit avec la direction En fait Ripoll paie aussi son conflit de moins en moins larvé avec sa direction, ne cachant qu'avec peine son insatisfaction face au recrutement des Merlus. Il y a eu le départ de Didier Ndong dans les dernières heures du mercato pour une vingtaine de millions d'euros à Sunderland, sans réel remplaçant. Mais il y a aussi eu le retour de Jérémie Aliadière, imposé à Ripoll. Le coach, qui avait martelé son envie de travailler avec un groupe resserré, ne voulait pas de l'ancien Merlu, dont l'agent a longtemps été Alex Hayes, le vice-président de Lorient, mis en place par le président Loïc Féry en début de saison dernière. Lorient s'est principalement contenté d'un recrutement low-cost, avec des joueurs libres (Marveaux, Mvuemba, Ciani, Aliadière). Seul le Portugais Cafu a été acheté - si on met de côté le transfert définitif de Lindsay Rose, déjà prêté par Lyon l'an passé -, mais il représente plus un pari qu'un apport immédiat pour l'effectif. Incompréhensible pour un club qui ne manque pas de liquidités après avoir également vendu sa pépite Raphaël Guerreiro 12 millions d'euros à Dortmund cet été. Ce mercato a signifié la fin de l'ère où Lorient recrutait malin mais efficace, dénichant de jeunes talents ou relançant des joueurs confirmés en manque de temps de jeu. Qui pour le remplacer ? L'année dernière, Benjamin Moukandjo et Majeed Waris ont encore fait illusion, mais le premier est trop souvent blessé et le second n'a plus marqué depuis avril. Christian Gourcuff avait fini par claquer la porte de Lorient, en désaccord avec la stratégie de vente de joueurs dans une optique essentiellement financière au détriment du sportif. Mais protégé par son bon parcours (8e), il avait pu aller au terme de la saison 2013-2014, ce que n'a pu faire Ripoll. Arrivé en 2009 à la tête du club, le président Loïc Féry, qui avait choisi Ripoll dans un souci de continuité, semble de plus en plus se démarquer de la culture du club lorientais. Malgré les allers-retours entre la Ligue 1 et la Ligue 2, cela faisait près de 30 ans qu'un entraîneur n'avait pas été viré en cours de saison dans la maison orange. Le nom du successeur de Ripoll - on parle d'Elie Baup, d'Hubert Fournier ou d'autres... - sera en tout cas un signe fort sur l'état du projet lorientais qui entre dans une zone de turbulences.