Au complexe sidérurgique d'El-Hadjar en pleine opération de réhabilitation de ses moyens de production, du haut fourneau jusqu'à la plus petite des unités de production du fer et de l'acier, c'est le grand silence. Toutes les installations de production sont à l'arrêt. Les unes, notamment le haut fourneau, sont concernées par les opérations de réfection entamées depuis des mois. Les autres, qui auraient pu faire tourner la machine avec l'importation de la matière première, sont en proie aux effets néfastes de la récession économique qui sévit dans notre pays. Toutes les unités de production du complexe sidérurgique ont perdu leur rang de première source d'approvisionnement en fer, acier, billettes, fond à béton, fil et rond au profit des bâtisseurs et des importateurs privés. Depuis octobre 2015, toutes les unités ont fermé leurs portes y compris les points de vente. Et pourtant, durant quelques mois ayant suivi la décision d'arrêt du HF n°2, de gros clients s'y pressaient pour le chargement de leurs engins et camions gros tonnage en fil et rond, tubes sans soudure, rond à béton et autres produits sidérurgiques, puis plus rien. Les zones industrielles et commerciales du Pont Bouché, El-Hadjar, El-Bouni, Berrahal étaient entrées dans une phase descendante de leurs activités. Et si le laminoir fil et rond (LFR, 250 salariés) est définitivement voué à la ferraille, celui du rond à béton (LRB 300 salariés) et la tuberie sans soudure (TSS 300 salariés) attendent une reprise encore lointaine du haut fourneau. Ces deux unités permettaient une économie de devises en approvisionnant avec des produits «made in Algeria» le marché national du bâtiment, de l'hydraulique et des hydrocarbures. Ces trois importantes unités Sider ont inscrit leurs effectifs sur la liste des personnels en chômage technique. Ils sont, donc, plus d'un millier à percevoir leur salaire sans produire le moindre clou. Cette situation a eu un impact négatif sur de nombreuses activités. Toutes sont liées à la sidérurgie avec des finances au rouge ou affichant une tendance baissière. Selon des sources proches de la direction générale des affaires économiques, les recettes de la douane par exemple ont augmenté depuis la fermeture des unités de production de Sider avec pour conséquence d'importantes opérations d'importation de matières premières destinées à la transformation sidérurgique. Comme on le sait, en récupérant la totalité des parts d'action du capital social de la société ArcelorMittal Algérie, Sider a mis un terme à son partenariat avec l'industriel indien. Il n'en demeure pas moins que la mauvaise santé économique de Sider devrait impacter sur l'état d'avancement des différents projets socioéconomiques. La fermeture définitive du LFR, celles conjoncturelles du LRB et de la TSS ont entraîné une baisse drastique des effectifs chez les promoteurs immobiliers et autres établissements. Face à ce tableau très peu reluisant de la sidérurgie nationale, les lendemains ne s'annoncent pas enchanteurs. La situation s'est davantage compliquée avec la dévaluation de notre monnaie nationale. Entre-temps, annoncé à chaque fois pour le mois suivant, la remise en marche du haut fourneau n°2 au complexe sidérurgique d'El-Hadjar s'avérera beaucoup plus laborieuse. Et même s'il est dit que cette remise ne saurait dépasser le mois de janvier 2017, il reste que les problèmes du complexe ne disparaitront pas de sitôt. D'autres devraient surgir. A l'image de l'indisponibilité des compétences pour faire tourner les machines au redémarrage. La corruption a, là aussi, de belles occasions de faire mal à notre économie. Les animateurs de cette «chose» qui depuis la fin des années 1990 a cassé l'élan de l'industrie algérienne, ne permettront jamais que le complexe sidérurgique d'El-Hadjar tourne à plein régime de ses capacités. Au moins pour permettre d'approvisionner le marché national du bâtiment en rond à béton de diamètres 10 jusqu'à 32. «Quand le bâtiment va, tout va», affirment les économistes. On a l'impression que cette règle ne s'applique pas en Algérie.