Reporters sans frontières a exhorté vendredi les autorités marocaines à «lever toute entrave sur l'information» au Sahara occidental et à cesser d'y «bafouer le droit des journalistes sahraouis et étrangers à couvrir ce territoire». «Agressions lors de manifestations, procès contre des journalistes-citoyens sahraouis, expulsion de journalistes étrangers : en maintenant un contrôle abusif sur l'information au Sahara occidental, les autorités marocaines y rendent pratiquement impossible le travail des reporters», a expliqué RSF dans un communiqué, dont l'APS a obtenu une copie. «Considéré comme territoire non autonome par les Nations unies, le Sahara occidental est actuellement contrôlé à plus de 80% par le Maroc», a rappelé le communiqué, ajoutant que sur place, la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) est chargée, en plus de cette consultation destinée à permettre aux habitants habilités à voter, de décider du statut futur de ce territoire, de surveiller le cessez-le-feu de 1991 entre le Maroc et le Front Polisario. Les témoignages recueillis sur place sont accablants pour les autorités marocaines, a déploré Yasmine Kacha, directrice du bureau Afrique du Nord de RSF, s'interrogeant sur les limites de «ces graves restrictions» à la liberté d'informer. «Reporter librement ce qui se passe dans cette zone sous haute tension est urgent et nécessaire, notamment pour faire toute la lumière sur les violations des droits de l'homme, que la Minurso n'est pas mandatée à documenter», a-t-elle souligné, citant l'expulsion le 23 octobre dernier de la journaliste (freelance) qui réalisait un reportage pour le magazine du Monde sur Dakhla, une ville sous occupation. «Durant son interpellation, sa carte SIM et ses comptes mails sont suspendus. Quatre autres journalistes étrangers ont été expulsés du Maroc depuis le début de l'année», a-t-elle rappelé, ajoutant que le 30 septembre dernier, les journalistes-citoyens d'Equipe Média Sahara, Saïd Amidan et Brahim Laâjail, «sont quant à eux arrêtés par la police marocaine à Guelmim et gardés à vue pendant 3 jours». Il a indiqué également que le 21 août 2016, Nazha ElKhaledi, correspondante de RASD-TV, a été arrêtée alors qu'elle couvrait une manifestation organisée par des femmes sahraouies dans la ville de Foum El Ouad, près d'El Ayoun, capitale du Sahara occidental occupée. Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupée depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France. Plusieurs rounds de négociations entre les parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, ont été organisés sous l'égide de l'ONU. Ils butent sur la position de blocage de la partie marocaine, soutenue par la France, relative à l'organisation d'un référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui.