Est-ce de la littérature exotique ou historique ? Il s'agit de livre à caractère descriptif pour attirer l'attention sur des points importants devant servir une cause. Beaucoup d'écrivains, souvent des peintres-écrivains, s'adressent à la population européenne de tous horizons. Le message a été bien reçu puisqu'on a vu venir de tous les pays d'Europe des migrants désireux de se faire une belle situation en Algérie en devenant propriétaire terrien ou administrateur. Des écrivains de talents Ils avaient le don de peindre admirablement un paysage, un espace important, des personnages déterminants du côté algérien comme du côté français. Rien n'a été négligé : les couleurs, les femmes, comportements, sensationnel. On a usé de toutes les figures du langage : métaphores, paraboles, connotations fortes. Il faut reconnaître qu'il y a eu des écrivains doués comme Guy de Maupassant, Delacroix, Fromentin, Jean et Jérome Tharaud, Théophile Gautier, maître du style très poétique qui excite la curiosité tout en suscitant des comportements d'imitation. Il paraît que Alphonse Daudet n'est jamais venu en Algérie. Il s'est contenté de faire des livres sur la base des notes prises par d'autres : des voyageurs, homme de lettres de tous bords. D'ailleurs, on l'a accusé d'avoir plagié Feydeau, Fromentin, Bombonnel et d'autres du même 19e siècle chargés de quelques missions. D'autres, au contraire pensent que Daudet a mis les pieds en Algérie et donnent à l'appui quelques renseignements. On a relevé ce passage d'une œuvre qui prouve comme certain ce voyage : «M. Reynaud arriva à Alger le même jour que Daudet.» Certains regrettent même de n'avoir pas trouvé dans ses œuvres consacrées à l'Algérie, un point de vue sur la colonisation française, l'actualité de ses vues, le parti pris de son jugement. Donc, il a failli à sa mission. Il lui fallait consacrer de longs passages à la beauté du paysage, exprimer son opinion et ses intentions pour l'avenir. Cela a été réalisé brillamment par Guy de Maupassant qui s'est consacré au reportage écrit, dans tout le Maghreb. En allant au Maroc et en Tunisie, par train, ou en traversant toujours par train de grandes étendues en Algérie, il a eu largement le temps d'insister sur les ruines : désignant les villes par leurs appellations romaines. Theveste est là, Madaure, Cirta tendent à apparaître. L'Algérie romaine a eu dans son cœur, une plus grande importance, elle a précédé et préparé son Algérie. Quant à la population algérienne, pourtant si présente, il en a fait abstraction, pendant tout son voyage vers Tunis. Alphonse Daudet ou Tartarin de Tarascon Tartin, il l'a fait venir de sa France natale, peut être même de sa région, Tarascon. Donc, il s'agit d'un tarasconnais venu en Algérie pour chasser les lions. A l'époque, l'Algérie était la jungle, il fallait des chasseurs comme Tartarin pour débarrasser le pays de ces bêtes dangereuses. D'autres auteurs parlaient de panthère dont les dernières avaient été tuées dès les premières décennies de la présence française. Tartarin s'est installé avec deux fusils du côté du Champ-de-Manœuvres désignant un espace qui, à l'origine servait à la manœuvre des militaires français. Tartarin a attendu toute la nuit les lions, à une heure où l'on n'arrivait pas à distinguer les animaux sauvages, quelque chose a bougé à quelques mètres devant lui. S'agissait-il d'un tigre ou de lion. Tartarin prend son fusil et tire la bête s'affaisse. Au matin, il eut la désagréable surprise de découvrir un âne allongé sur le sol. Quelle honte ! Pour les critiques littéraires, le livreTartarin de Tarascon a été un pur plagiat. Mais il se peut que Daudet ait pu assister à la scène d'abattage et qu'il ait prouvé le plaisir de cette partie de chasse. D'autres chasseurs : Bombonnel et ses amis revenaient d'Algérie et auraient donné à Daudet l'envie d'aller tuer des panthères. Tartarin de Tarascon peut donc avoir été inspiré par d'autres écrivains voyageurs qui ont fourni à Daudet toute la matière nécessaire à l'élaboration de son livre ; il peut aussi avoir été le fruit des efforts de description de l'auteur venu en personne en Algérie où ses yeux étaient singulièrement clairs et vifs pour voir ce qui s'y passe. Mais vraie ou inventée, son histoire a bien servi la cause coloniale, en montrant que notre pays était infesté de bêtes sauvages, à l'arrivée des Français. Et c'est devenu vivable parce qu'on y a mené une lutte sans merci contre ces animaux.