Allons-nous assister un jour aux départs volontaires des entraîneurs ? La question n'est pas à négliger. Le niveau des joueurs le démontre à chaque rencontre de football. La réaction de deux entraîneurs expliquent comment cette idée pourrait être à la mode avant que l'inverse ne se produise. Le premier nous explique que ses joueurs ne respectent pas les stratégies «enseignées» avant chaque rencontre, et après la défaite, c'est l'entraîneur qui est «décapité». «Nous ne pouvons plus être le fusible, la pression d'avant et après le match nous suffit amplement. Vous avez vu des joueurs courir n'importe où n'importe comment et souvent jusqu'à se télescoper... Une image qui explique un peu le niveau de ceux qui sont à l'origine des défaites», avance un entraîneur. Le second complète par une autre image qui devient à la mode. «Des joueurs qui s'attaquent à l'arbitre pour avoir sifflé une faute alors commise par le même joueur. Souvent, on a l'impression qu'on est loin, très loin du football professionnel et sur le terrain, ce ne sont pas des joueurs mais des gamins qui tapent tout simplement sur une pelote remplie de vieux journaux». Et d'ajouter «vous avez vu le dernier matche joué au stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou, où pour un penalty sifflé, c'est toute l'équipe de Tadjenanet qui s'est ruée sur l'arbitre. Une scène qui déshonore notre football et les quelques joueurs qui veulent faire du cinéma. C'est une honte pour des acteurs censés donner l'exemple à nos enfants. Nous savons aussi que des gardiens de buts pour un oui ou pour un non, tombe à terre et restent scotchés durant plusieurs secondes», et son collègue qui le rappelle «attention l'arbitre te regarde», une simulation pour perdre quelques minutes et éviter une égalisation ou une défaite. Ainsi des joueurs experts en simulation se manifestent donc souvent et réagissent méchamment lorsque l'arbitre tire le carton jaune. Comme on dit dans le football : une bonne haleine de chevreuil fait autant de mal qu'un tacle par derrière (ndlr). «Nous ne cessons de leur enseigner les belles manières sur le terrain, le respect de l'arbitre, une faute sifflée est sifflée et il faudrait l'accepter, le reste suivra, s'il y a erreur du côté de l'arbitre, il y a un commissaire du match et des voix de protestations. Personne ne prend en compte ce que nous leur inculquons. Comment voulez- vous que notre football se hisse à un niveau de professionnalisme. Vous avez forcément vu ces enfants qui tombent, s'interrogent un moment pour savoir si ça vaut bien le coup de pleurer, cherchent du regard leurs parents, et se décident enfin à fondre en larmes... C'est un peu dans ce monde de comédien qu'évolue ce football». Qui est responsable des débâcles ? Qui doit payer les pots cassés ? Entraîneurs ou joueurs qui perçoivent des centaines de millions pour être des comédiens sur le terrain ? Si l'on regarde un comparatif entre les salaires des sportifs (notamment footballeurs) et les P-DG, les premiers tiennent le haut du pavé. La ritournelle habituelle est que les sportifs ont une carrière courte et qu'il leur faut «engranger». Cet argument devient ridicule lorsque l'on fait quelques calculs. Ce que nous voyons sur le terrain est la pire catastrophe pour les clubs qui recrutent plutôt des gamins que des joueurs mûrs pour le football. Comment mettre fin à de pareilles situations «un des facteurs essentiels de stress chez l'arbitre est rapporté à la peur d'être agressé verbalement ou physiquement et/ou à la crainte d'un conflit avec les joueurs» ou encore «les arbitres rapportent ces comportements notamment au manque de connaissance des règles de la part des joueurs, à l'importance de l'enjeu, aux erreurs d'arbitrage, à la volonté d'obtenir de l'arbitre un avantage, au fait que le jeu est un lieu de défoulement ou encore à la nécessité de trouver un responsable à une mauvaise performance. Enfin, on comprendra aussi «qu'il apparaît ainsi que des erreurs d'arbitrage sont génératrices de sentiments d'énervement, de colère et d'injustice d'autant plus qu'elles se répètent. Distinguant deux catégories d'erreurs d'arbitrage : faux positif (une faute sifflée alors qu'il n'y a pas de faute), faux négatif (une faute est commise mais elle n'est pas sifflée), Reynes (2008) montrent que selon le type d'erreur et le fait qu'elle se répète ou non, les réactions sont plus ou moins agressives, de natures différentes et n'ont pas la même cible. Les comportements agressifs envers l'arbitre sont plutôt de nature verbale et paraissent survenir plutôt en cas de faux positifs répétés». Devant un tel bazar, l'entraîneur préfère se retirer de lui-même que de se faire licencié par la faute d'un joueur souvent mieux payé que lui. Enfin comme le soulignait un confrère de la presse étrangère «on le voit, le monde du foot-business est un monde corrompu et boursouflé, dont les valeurs ont été entièrement dissoutes dans l'argent».