L'Algérie face aux enjeux géostratégiques est à la croisée des chemins, posant la problématique de la sécurité nationale. Elle a toutes les potentialités pour dépasser l'entropie actuelle sous réserve de profondes réformes structurelles supposant un minimum de consensus social et une vision stratégique s'adaptant aux nouvelles mutations planétaires A-Situation socio-économique 1.-Le produit intérieur brut (PIB) toujours à prix courants il a évolué ainsi de 2001 à 2015. 2001, 4 227 milliards de dinars 2005,7 562 milliards de dinars 2009, 9 968 milliards de dinars (effet de la crise ) 2010,11 191 milliards de dinars 2015,16 952 milliards de dinars soit au cours de 108 dinars un dollar 160 milliards de dollars Paradoxe, certaines données officielles donnent un taux de chômage en baisse alors que la croissance en valeur est en baisse. Noua aurons le ratio masse salariale sur le PIB suivant : 2001.......22,94% 2005...... 18,03% 2010.......25,97% 2011........26,48% 2012.......26,44% 2013......26,53% 2014......27,11% 2015......2970% 2.- Revenu et inflation Le revenu par tête d'habitant, taux global voile la concentration du revenu national, nous avons l'évolution suivante : 2001.........136 892 dinars 2005..........229 805 dinars 2010..........333 302 dinars 2015..........415 180 dinars Selon l'ONS, à la fin 2015, le salaire net moyen mensuel a été de 37 800 DA, sachant que le salaire net moyen est composé du salaire brut diminué des différentes retenues (IRG, sécurité sociale et retraite). Au niveau national, le salaire de base représente en moyenne 60% et les primes et indemnités 40% de la rémunération brute totale. Le salaire net moyen mensuel a été globalement de 39.200 DA en 2015 à raison de 54.700 DA dans le secteur public contre 32 100 DA dans le privé avec des écarts des salaires selon la qualification et les secteurs d'activités assez élevés dans les activités liées aux hydrocarbures et les banques par rapport à la moyenne nationale. Mais pour avoir une vision objective du salaire réel qui détermine le pouvoir d'achat, il faut déflater le salaire nominal par l'évolution du taux d'inflation. Tout en précisant, idem pour le taux de croissance et le calcul du taux de chômage que le taux d'inflation se calcule par rapport à la période précédente. Ainsi, et un taux d'inflation faible par rapport à un taux d'inflation de la période précédente donne un taux cumulé élevé. 3.- Le taux d'inflation officiel entre 1989 et août 2016 a été le suivant. 1991, 25.88% 1992, 31,68 ; 2001, 3,0%, 2005, 1,9%, 2010, 5,0%, 2015 4,8% Août 2016, 5,8%. Sans les subventions, mal ciblés et mal gérés le plus pauvre bénéficiant autant que le riche , et facilitant le trafic aux frontières, l'Algérie étant un des plus gros importateur au monde de céréales, grâce aux hydrocarbures les transferts sociaux le taux d'inflation serait beaucoup plus élevé que le taux officiel. La perception de l'inflation est différente d'un ménage qui perçoit le Smig consacrant plus de 70% de son modeste revenu aux produits de première nécessité que celui qui perçoit 500 000 dinars net par mois. L'inflation accélère la concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité rentière au détriment des profits productifs et des revenus fixes avec la détérioration du pouvoir d'achat de la majorité pouvant conduire, non maîtrisée à une déflagration, sociale et politique. Car il faut se méfier d'un indice global. L'analyse objective de l'inflation doit relier le processus d'accumulation, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales afin de déterminer la politique salariale protégeant les plus démunis, mais en évitant un nivellement par le bas facteur de démobilisation. Aussi, une interrogation s'impose : comment est-ce qu'un Algérien, qui vit au SNMG, (200/250 euros par mois, alors que le kilo de viande est de 10 euros fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation. La cellule familiale, paradoxalement, avec la crise du logement (même marmite, même charges) et la sphère informelle jouent comme soupape de sécurité temporairement. 4.-Evolution du taux de change et des réserves de change 2000/2016 Du fait que 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées proviennent de l'extérieur ayant un impact inflationniste, il est utile d'analyser l'évolution du taux de change de la Banque d'Algérie a évolué ainsi de 2001 à 2016. L'évolution du taux de change officiel a évolué ainsi de 2001 à septembre 2016. 2001- 77,29 dinars un dollar 2005- 73,35 dinars un dollar 2008- 64, 58 dinars un dollar 2010- 74,39 dinars un dollar 2015 -100,46 dinars un dollar 22 septembre 2016 - 111,10 dinars un dollar. Avec une dette extérieure évaluée à 23,203 milliards de dollars au 31 décembre 2003 et inférieure à 5 milliards de dollars fin 2015, les réserves de change fonction des recettes d'hydrocarbures, qui tiennent la valeur du dinar à plus de 70/80%, ont été estimées entre 1999/2016 officiellement ainsi. 2001, 17,9, milliards de dollars 2005, 56,2 milliards de dollars 2008, 143,1 milliards de dollars 2010, 162,2, milliards de dollars 2015, 144,1 milliards de dollars Fin septembre 2016 à 121,9 milliards de dollars. Selon le rapport du FMI clôtureront à 113,3 mds usd à la fin 2016 et 92,3 mds usd en 2017et selon le gouverneur de la banque d'Algérie à la fin 2016 117/118 milliards de dollars à la fin 2016 y compris les 5 milliards de dollars empruntés au FMI. Avec des réserves de change entre 10/20 milliards de dollars, le cours s'établirait à environ 200 dinars un dollar, d'où l'importance entretemps d'aller vers un endettement extérieur ciblé qui ne concernera que les secteurs productifs. 5.- La structure de l'emploi Concernant l'aspect macro-économique global, il existe une loi universelle, le taux d'emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité relevant d'entreprises compétitives à valeur ajoutée. On ne crée pas des emplois par décret, la solution de facilité étant la création d'emplois dans l'administration. Le taux de chômage officiel de 11% est fortement biaisé incluant les sureffectifs tant des administrations que des entreprises publiques, des emplois temporaires fictifs (5 mois non créateur de valeur ajoutée comme par exemple pour faire et refaire des trottoirs) et les emplois dans la sphère informelle. Paradoxalement du fait de l'allocation sectorielle d'investissement via la dépense publique, fortement biaisée privilégiant les emplois à très faibles qualification comme le BTPH (70% de la dépense publique), les diplômés ont plus de chance d'être chômeurs expliquant le faible taux de croissance et de productivité. Il faudra créer entre 300 000/400 000 postes de travail par an entre 2017/2020, qui s'ajoute au taux actuel du chômage, sous-estimé, du fait de la pression démographique, de l'entrée sur le marché du travail de la population féminine sous-estimée dans les statistiques, afin de résoudre le lancinant problème du chômage. La population algérienne est passée de 12 millions en 1965, de 34 591 000 le 1er juillet 2008, à 37,5 millions d'habitants en 2010, 39,5 millions d'habitants au 1er janvier 2015, et 40,4 millions d'habitants au 1er janvier 2016. Dans une étude publiée par l'ONS à la fin 2015, la population active selon l'ONS est de 9 ,493 millions d'habitants en 2005, 10,862 en 2010, 10, 661 millions d'habitants en 2011, (une baisse) 11,423 en 2012, 11,964 en 2013, et une population active 2015 d'environ 11,932 millions d'habitants. La population en chômage pour la même période toujours selon l'ONS est de 15,3% en 2005, 201 en 2011 10%, 11% en 2012, 9,8% en 2012/2013, 10,6% en 2014 et 11,2% en 2015 avec un taux de chômage des jeunes de 29,9%, un taux de chômage toujours en 2015 pour le sexe masculin de 9,9% et pour le sexe féminin (dont le taux d'activité retenu est inférieur) de 16, 6%. Selon l'enquête de 2013 de l'ONS, la structure de l'emploi selon le secteur d'activité fait ressortir un secteur tertiaire (commerce et services), en progression, ce dernier absorbe 59,8% de la main-d'œuvre totale, suivi par le BTP (16,6%), l'industrie (13,0%) et enfin l'agriculture (10,6%). 6.- Cas de la fonction publique Selon la Direction générale de la Fonction publique le nombre de fonctionnaires au 1er janvier 2015 est de 2.020.172 fonctionnaires dont 1.608.964 à temps plein (79,64%) et 411.208 agents contractuels (20,30%). A titre de comparaison, la France comptait 5.416.900 en 2014, agents de la Fonction publique, à la fin 2014, dont 2.385.000 Fontion publique d'Etat, 1878.7000 Fonction publique territoriale, 1.152.000 Fonction publique hospitalière juste derrière vient l'Allemagne et ses 4,9 millions d'agents publics. La part des fonctionnaires français dans la population reste toutefois nettement supérieure à la médiane européenne. Par contre, elle est loin derrière certains pays européens lorsque l'on considère le nombre d'agents publics pour 1 000 habitants, avec 80 fonctionnaires pour 1 000 habitants, se situant au même niveau que la Belgique, loin derrière le Danemark, avec plus de 145 agents pour 1 000 habitants, la Finlande 129,40 agents et la Suède 123,60. Le Maroc comptait en 2015 900 000 fonctionnaires pour 35 millions d'habitants,(ratio 25,7) la Tunisie pour 11 millions d'habitants 630 000 fonctionnaires (69,3) alors que selon le FMI, pour 2013, la Tunisie comptait 44 fonctionnaires pour 1 000 habitants, alors que le Maroc avait le ratio de 27 fonctionnaires pour le même nombre d'habitants. L'Algérie contrairement à certaines supputations a un ratio pour 2015 de 50,5 loin derrière les normes européennes. Mais un ratio global peut voiler l'efficacité devant donc calculer l'optimalisation de la valeur de la fonction publique, qui ne crée pas de valeur, excepté l'éducation et la santé indirectement selon le rapport du PNUD et ce afin de rapprocher l'Etat du citoyen.. B-Comment relancer le secteur économique algérien 2017/2020 ? Je suis convaincu que la bataille de la relance économique future de l'Algérie et sa place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance et à sa capacité à innover. Je recense sept actions à partir à la fois des expériences internationales et des leçons du passé (1). (A suivre) Professeur Abderrahmane Mebtoul expert international