Incrustée au cœur d'un joyau naturel qu'est le Parc national Gouraya, et pour avoir subi de nombreuses influences des civilisations qui l'ont envahie, Béjaïa est d'abord l'œuvre d'Allah, avant d'être celle des hommes. La ville de Béjaïa la nature l'a certes comblée en y réunissant dans un tempo parfait des atouts aussi bien, de la mer que, de la forêt, et d'un sol béni. Pour parachever cette belle toile des hommes lui ont brodé leurs plus belles architectures, et réussi à en faire une cité multistandard, ouverte et féconde aux belles cultures. Elle a brillé pour ses sciences, son art, sa culture... et fut deux fois capitale illuminant le monde par son savoir et ses petites chandelles dont elle était productrice. Sa beauté qui n'a rien de comparable faisait d'elle autant un mythe que la légende a omis de transcrire dans les pages d'histoire, qu'une réalité palpable, que la postérité et en douleurs a légué à ses descendances. C'est là, la ville bien lointaine, même si elle reste celle qui est nichée aux pieds de sa gardienne éternelle : Lalla Gouraya. Béjaïa, Bgayet, Bougie... La ville aux sept portes s'ouvre à ses visiteurs, non pas par une porte, mais un puits : Bir Eslam (puits de la paix). Une traversée commence donc de ce lieu, qui rejoint le palier d'une vieille ville. Celle-ci est entamée dés la place Ifri située dans la plaine ou git encore ce lieu sacré de Sebâa ou âchrine, par référence au 27e jour du mois de ramadhan. El-Khemis, ce grand centre commercial avec son marché couvert, son marché aux puces (labkhas), la prison, et sa mosquée Ibn Badis. La voie monte ensuite vers le boulevard Amirouche, et ses arcades commerçantes, passant par le temple de l'art, le théâtre (TRB) un joyau architectural jouxtant le conservatoire. Après ce centre-ville, c'est tout de suite la place du 1er novembre, ce vaste balcon avec une superbe vue sur mer qui fait office d'un lieu d'affaires, avec ses banques, ses commerces multiples... La mer en face est toujours calme, presque figée, renvoie sa brise, à la fraîcheur et douceur unique balayant sans cesse ce lieu. Au-dessus de cette placette, et par un escalier d'asphalte dérobé, c'est la mosquée Sidi El-Mouhoub qui se dresse tel un monument bravant la mer. Sa récente rénovation l'a reconsolidée permettant de garder intacte sa stature imposante et son caractère, de mosquée de la Médina. En longeant la piétonnière c'est le lycée Ibn Sina, qui vous fait face et se dresse tel un édifice du savoir que ses bancs ont servis à plusieurs générations. Côte à côte, c'est la grande poste, qui emplit cet espace de mémoire. La montée mène droit au marché Philippe, qui, rénové s'est désormais libéré des entrailles des baraquements de fortunes qui l'étreignait, jouit à présent d'une conformité. La place Sidi Soufi avec sa mosquée vieille de trois cent ans, ses cafés, les vieux métiers qui se pratiquaient jadis, restera pour l'éternel ce haut lieu qui incarne l'âme de cette ville chaleureuse et hospitalière. Bab Ellouz se dresse après Bab El-Fouqa, donne sur de très vieux quartiers et houmat Kéramane, le vieil hôpital Frantz Fanon, El batima, la porte de Gouraya, Sidi Ouali, et deux belles fontaines Ain Skhoun et Ain Zaouïa, déversant une eau de source. Une route sinueuse et montante, vous mènera en visite funèbre aux tombeaux de Lalla Gouraya et Yamna, elles reposent au pic d'un fort hispanique et classé, d'où l'on peut découvrir l'immensité et la profondeur de cette avec ses paysages à pertes de vues. Le pic des singes, la table d'orientation, les caps Bouake (relatif à bouq en arabe désigne clairon) et toute une étendue de couleur bleuâtre inter changeante à force que vous y enfonciez et aller vers le large. Si l'endroit, qui est une réserve classée, est tout autant sous garde, il appelle néanmoins à quelques aménagements à lui apporter, qui peuvent être mises aux services des visiteurs. Cela n'atténue en rien son caractère et il demeure très convoité pour des sports de montagne, l'escalade, la randonnée... Un passage pédestre allant du pic des singes, via cap carbone aboutissant aux Aiguades est réputé pour y être un circuit vers cet autre endroit aquatique et nautique, qui n'est autre qu'un prolongement naturel de la ville. En remontant les aiguades, et après une halte au saint Sidi Aïssa, c'est les olivers qui vous tendent leurs senteurs et ombres épaisse qu'aucune lueur de soleil ne pénètre. Une véritable réserve d'oliviers plusieurs fois centenaires où, un parc fait office de lieu de détente aux familles. Si cette voie vous mène à la basse ville et ses beaux immeubles et sa remarquable maison d'hôtes, sa partie supérieure vous fait traverser d'autres vieux quartiers et en prime les cinq fontaines, le célébrissime café qahwa n'zoubir, et la maison du maitre du hawzi le cheikh Sadek el Béjaoui. Comme tous les chemins descendent à la mer... la course s'achève à la porte Sarrasine appelée communément Bab el Bahr qui par la droite s'ouvre sur la brise de mer, que longe le tunnel Sidi Abdelkader, le gardien du port (El-Mersa). Vers la gauche et sous les remparts de la Casbah, c'est le boulevard de la gare qui fait office d'une allée qui inspire à la fois romantisme et sérénité. Il est bordé de palmiers et aménagé avec des bancs qu'assiègent le matin les retraités et le soir des soulards qui en font leur beuverie. Si la ville recèle autant d'adresses et de haut lieu ne peut que chanter son bonheur et nourrir ses éclats, à l'inter face de la médaille, c'est un tout autre décor, des plus désolants qui s'offre au visiteur et détourne son attention : celui d'une ville, dont tout le patrimoine inestimable est délaissé et livré la menace d'une déperdition certaine. Nombreux sites et vestiges, ne sont pas encore classés, ni du reste surveillés, sont agressés continuellement et à force d'usures menacent ruines. L'effondrement du vieux palais est encore vivace dans les esprits. Le musée Bordj Moussa, Bab El-Fouqa... pour ne citer que ceux-là, présentent des fissurations et en sont lézardées au point ou des arbustes y ont poussé et prospérés. Leurs entretiens qui se font pour l'heure, au coup par coup, doivent s'inscrire dans une dynamique permanente et soutenue, il y va de la mémoire de cette ville, j'allais dire de ce grand musée à ciel ouvert.