L'armée syrienne et un bataillon de la police militaire russe ont été déployés, vendredi à Alep, pour «assurer la sécurité» et «maintenir l'ordre» dans cette deuxième ville du pays, dont le contrôle total a été repris la veille par Damas des mains des «terroristes». Vendredi matin, les forces gouvernementales ont pénétré dans trois ex-bastions rebelles, Soukkari, Zabdiyé et Al-Machad, où elles n'avaient plus mis les pieds depuis quatre ans, rapportent des médias. Les soldats étaient à la recherche d'explosifs et de mines laissés par les rebelles. Dans la matinée, ils ont terminé leurs opérations de ratissage sur les grandes artères mais poursuivaient leur avancée dans les rues adjacentes, a-t-on indiqué. Par ailleurs, un bataillon de la police militaire russe a été déployé jeudi soir pour «assurer la sécurité et maintenir l'ordre» à Alep, selon Moscou. Le bataillon compte entre 300 et 400 soldats. «Depuis hier soir, nous avons déployé un bataillon de la police militaire sur les territoires libérés (à Alep), afin de maintenir l'ordre», a déclaré le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, cité dans un communiqué du Kremlin, lors d'une réunion avec le président Vladimir Poutine. L'armée russe mène une campagne de frappes aériennes depuis septembre 2015 en Syrie en soutien au gouvernement du président Bachar al-Assad. Quelque 4.300 militaires russes sont déployés en Syrie, et la Russie, qui a également une base aérienne à Hmeimim (Nord-Ouest), continue d'y renforcer sa présence militaire malgré l'annonce en mars par Vladimir Poutine du retrait d'une partie de son contingent de ce pays. Nécessité de «chasser le terrorisme de tout le territoire syrien» L'armée syrienne avait solennellement annoncé jeudi soir la reprise de la moitié de la ville d'Alep qui lui échappait depuis juillet 2012, après une offensive dévastatrice d'un mois qui a abouti à l'évacuation forcée de dizaines de milliers de résidents et d'insurgés vers des régions rebelles du Nord du pays. L'accord, en vertu duquel les secteurs Est de la ville ont été vidés de leurs habitants et des rebelles, a été parrainé par la Turquie, la Russie et l'Iran. «Grâce au sang de nos martyrs et aux sacrifices de nos valeureuses forces armées ainsi qu'aux forces supplétives et alliées (...), le commandement général des forces armées annonce le retour de la sécurité à Alep après sa libération du terrorisme et des terroristes et la sortie de ceux qui y restaient», avait dit l'armée dans un communiqué. Pour l'armée, cette victoire représente «un tournant stratégique (...) dans la guerre contre le terrorisme (...), souligne la capacité de l'armée syrienne et ses alliés à remporter la bataille contre les groupes terroristes et pose les bases d'une nouvelle phase pour chasser le terrorisme de tout le territoire de la République arabe syrienne», d'après le texte. La Russie, qui a participé activement à la libération d'Alep, a par la voix de son président Poutine, estimé que ce nouveau développement dans la crise syrienne (reprise d'Alep) était «un pas très important» vers le règlement du conflit dans ce pays qui a fait plus de 310.000 morts depuis mars 2011. Pour sa part, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais qui combat aux côtés des forces gouvernementales syriennes et a notamment participé à la prise des quartiers rebelles d'Alep, a estimé qu'après la reprise d'Alep «on peut dire en toute certitude que l'objectif de faire tomber le régime a échoué». «Le régime est présent, il est fort, il est actif, et personne au monde ne peut l'ignorer», a poursuivi M. Nasrallah. «Ce qui s'est passé à Alep, tout au long de ces derniers mois (...) c'est une des guerres les plus dures qu'a connue la Syrie mais aussi la région, ces dernières années», a-t-il souligné. Pour le chef du mouvement chiite, les derniers développements à Alep «pourraient ouvrir de nouvelles perspectives pour des solutions politiques» à la crise en Syrie.