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Quelles perspectives socio-économiques ?
Publié dans La Nouvelle République le 26 - 12 - 2016

L'année 2016 s'achève et commence l'année 2017. Quel est le bilan de l'économie algérienne afin de tracer les perspectives futures entre 2017-2020-2025 ? Malheureusement, après plus de 50 ans d'indépendance, c'est la prédominance de la rente des hydrocarbures qui irrigue toute l'économie et le corps social : Sonatrach, c'est l'Algérie et l'Algérie, c'est Sonatrach. Le cours du pétrole le 23 décembre 2016 est coté à 54,75 dollars le Brent et 52,64 dollars le Wit.
La cellule familiale, paradoxalement, avec la crise du logement (même marmite, même charges) et la sphère informelle jouent comme soupape de sécurité temporairement. Sans les subventions, mal ciblés, le taux d'inflation sera plus élevé que l'indice officiel.. Ce qui renvoie au poids de la sphère informelle produit de la bureaucratie et des dysfonctionnements des appareils de l'Etat. Selon Deborah Harold, enseignante américaine de sciences politiques à l'université de Philadelphie et spécialiste du Maghreb, dans une conférence donnée à Alger courant 2012, se basant sur des données de la Banque d'Algérie, l'économie informelle brasserait 50% de la masse monétaire en circulation (voir Abderrahmane Mebtoul – poids de la sphère informelle au Maghreb-Algérie-Maroc-Tunisie- Institut français des relations internationales – IFRI- Paris - 3 décembre 2013. Tout se traite en cash, alors que le fondement d'une économie saine se fonde sur le crédit et le contrat, expliquant en garde partie la corruption qui freine le développement du tissu productif. L'Algérie subventionne indirectement tous les pays au frontières un grand nombre de produits de première nécessité, comme les céréales, l'eau et le lait, l'électricité et le carburant sinon le taux d'inflation officiel dépasserait les 10%/15%. Mais avec une très profonde injustice sociale, celui qui gagne le SNMG au chef d'entreprise national ou étranger, bénéficient des prix subventionnés, n'existant pas de système ciblé de subventions. Outre cette disparité dans l'octroi du soutien de l'Etat, il faut remarquer l'opacité dans la gestion des transferts sociaux. Ces subventions expliquent le gaspillage des ressources rares et également les fuites de produits hors des frontières, et les mesures administratives ne peuvent qu'être ponctuelles supposant de nouveaux mécanismes de régulation, l'Algérie étant en transition depuis 1986, ni une économise de marché, ni une économie administrée expliquant les difficultés de régulation politique, sociale, économique et financière. Sans compter les résultats très mitigés des différentes agences de l'emploi, quant aux IDE, contrairement aux données euphoriques de l'ANDI assimilant projets déposés avec réalisation, les résultats hors hydrocarbures sont en deçà des promesses, surtout depuis la promulgation des lois de Finances complémentaires de 2009/2010, qui interdisent à tout investisseur étranger de détenir plus de 49% des parts d'une société locale, et l'oblige donc à accepter un actionnariat algérien majoritaire, à 51% minimum, l'Etat algérien supportant tous les surcoûts. Si cette règle peut se comprendre pour les secteurs stratégiques, généralisées à l'ensemble de l'économie, elle a produit peu d'effets positifs sans dynamiser le tissu économique. Il faudrait privilégier un co-partenariat basé sur une balance devise et un transfert technologique et managérial au profit de l'Algérie avec une minorité de blocage de 30% comme en Chine où n'existe pas cette règle. D'une manière générale, vision du passé des années 1970, il paraît hasardeux de fonder une stratégie hors hydrocarbures sur les nombreuses micro-unités de montage de voiture (avec d'importantes sorties de devises à l'avenir pour les inputs) pour dynamiser les exportations, l'industrie mondiale de voitures et également des mines, dominée par les oligopoles, connaissant une profonde restructuration le minimum de seul de rentabilité étant entre 150 000/200 000 unités/an. Pour le taux de chômage officiel, il est relativement modeste au regard des autres pays du Maghreb, mais aussi de l'Europe dont la moyenne en 2016 est supérieure à 9% pour les 27 pays. La population algérienne est passée de 12 millions en 1965, de 34 591 000 le 1er juillet 2008, à 37,5 millions d'habitants en 2010, 39,5 millions d'habitants au 1er janvier 2015, et 40,4 millions d'habitants au 1er janvier 2016. Dans une étude publiée par l'ONS fin 2015, la population active selon l'ONS est de 9 ,493 millions d'habitants en 2005, 10,862 en 2010, 10, 661 millions d'habitants en 2011, (une baisse) 11,423 en 2012, 11,964 en 2013, et une population active 2015 d'environ 11,932 millions d'habitants. La population en chômage pour la même période toujours selon l'ONS est de 15,3% en 2005, 201 en 2011 10%, 11% en 2012, 9,8% en 2012/2013, 10,6% en 2014 et 11,2% en 2015 avec un taux de chômage des jeunes de 29,9%, un taux de chômage toujours en 2015 pour le sexe masculin de 9,9% et pour le sexe féminin (dont le taux d'activité retenu est inferieur) de 16, 6%. Selon l'enquête de 2013 de l'ONS, la structure de l'emploi selon le secteur d'activité fait ressortir un secteur tertiaire (commerce et services), en progression, ce dernier absorbe 59,8% de la main-d'œuvre totale, suivi par le BTP (16,6%), l'industrie (13,0%) et enfin l'agriculture (10,6%). Par ailleurs, selon la direction générale de la Fonction publique, le nombre de fonctionnaires au 1er janvier 2015 est de 20 020. 172 fonctionnaires dont 1 608 964 à temps plein (79,64%) et 411 208 agents contractuels (20,30%). Concernant l'aspect macro-économique global, il existe une loi universelle, le taux d'emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité relevant d'entreprises compétitives à valeur ajoutée devant à l'avenir concilier flexibilité et sécurité du collectif des travailleurs étant à l'aube de la quatrième révolution économique mondiale . On ne crée pas des emplois par décret, la solution de facilité étant la création d'emplois dans l'administration. Le taux de chômage officiel de 11% est fortement biaisé incluant les sureffectifs tant des administrations que des entreprises publiques, des emplois temporaires fictifs (5 mois non créateur de valeur ajoutée comme par exemple pour faire et refaire des trottoirs) et les emplois dans la sphère informelle. Paradoxalement, du fait de l'allocation sectorielle d'investissement via la dépense publique, fortement biaisée privilégiant les emplois à très faibles qualification comme le BTPH (70% de la dépense publique), les diplômés ont plus de chance d'être chômeurs expliquant le faible taux de croissance et de productivité. Il faudra créer entre 300 000/400 000 postes de travail par an entre 2017/2020, qui s'ajoute au taux actuel du chômage, sous-estimé, du fait de la pression démographique, de l'entrée sur le marché du travail de la population féminine sous-estimée dans les statistiques, afin de résoudre le lancinant problème du chômage. Que deviendront les 2 millions d'étudiants sortis des universités entre 2018/2020 ? 3.- Les défis de l'Algérie 2017/2020 Le pouvoir d'achat des Algériens est tributaire à plus de 70% de la rente des hydrocarbures brut et semi-brut et est donc un pouvoir d'achat artificiel et avec la crise de confiance Etat-citoyens, tous les segments de la société veulent leur part de rente, et immédiatement, quitte à conduire le pays au suicide collectif. Le blocage étant d'ordre systémique. Les différentes dévaluations du dinar algérien qui était coté un dinar 5 dollars en 1974, puis 45 dinars un dollars en 1994 étant passé à 81 dinars un dollar en 2013, entre 100/ 110 dinars un dollar qui en principe constituent un dumping à l'exportation, n'ont pas permis de dynamiser les sections hors rente. 83% du tissu économique est constitué de petits commerce/services et 95% du tissu industriel en déclin de petites PMI/PME non initiés au management stratégique. Qu'en sera-t-il de l'impact de l'abrogation ou modification de l'article 87 bis sur ces PMI/PME restantes qui ne pourront supporter de lourdes charges salariales ? Qu'en sera-t-il de l'impact de l'Accord d'association avec l'Europe signé le 01 septembre 2005, où le dégrèvement tarifaire sera zéro a été reporté au lieu de 2017 à horizon 2020 ? Qu'en sera-t-il si l'Algérie est admise à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) où d'ailleurs son adhésion n'est pas pour demain ? L'Algérie souffre toujours du monopole, source inefficience, à tous les niveaux, et connait un dépérissement du tissu productif dont l'industrie représente à peine 5% du produit intérieur brut. Le modèle mis en place depuis l'indépendance politique, le modèle ayant misé sur les infrastructures moyen uniquement de développent entre 2000/2016, semblable à celui de 1980/1988, trouve ses limites. Il est assis essentiellement sur la bureaucratie et le secteur de l'Etat qu'il s'agit ici de ne pas de diaboliser mais le rendre plus performant dans un cadre concurrentiel, car ayant à sa direction souvent de brillants managers, mais soumis aux directives bureaucratiques. Cette politique a marginalisé le secteur privé productif et favorisé les rentes spéculatives. Mais cela ne peut pas durer quitte à aller vers une implosion différée. Comme j'ai à le souligner récemment dans une interview à Radio France internationale RFI et Radio Algérie Internationale, il faut bien considérer que l'économie algérienne est une économie léthargique et rentière. Que se passera-t-il lorsque la rente diminuera ou s'éteindra quasiment au rythme de la baisse prévisible des devises issues des hydrocarbures, du fait de leur épuisement d'où l'urgence de réfléchir à la transition énergétique afin de favoriser leur remplacement progressif par d'autres sources d'énergie ? Les équilibres macro financiers actuels sont éphémères sans de profondes réformes institutionnelles et microéconomiques. L'objectif est la mise en place d'un Etat de Droit passant par l'indépendance de la justice et d'institutions démocratiques, tenant compte de notre anthropologie culturelle. J'ai eu souvent à le souligner en direction des pouvoirs publics algériens, il s'agit d'éviter de dépenser sans compter. En termes de rentabilité financière et tenant compte des exportations et de la forte consommation intérieure, des coûts croissants à l'horizon 2025 pour le pétrole et l'horizon 2030 pour le gaz conventionnel avec 50 millions d'habitants, l'Algérie sera sans hydrocarbures conventionnels devant éviter également
l'euphorie du gaz/pétrole non conventionnel. Le développement durable tenant compte du défi écologique, en ce XXIe siècle, se fonde essentiellement sur la bonne gouvernance et la valorisation du savoir si l'on veut dynamiser les sections hors rente dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. Y a-t-il une prise de conscience des défis nombreux qui attendent l'Algérie ? A-t-on tiré les leçons de la chute des hydrocarbures de 1986 avec les incidences désastreuses pour le pays, économiques, sociales et politiques? Quelle conclusion pour l'avenir de l'Algérie en cette fin d'année 2016 ? Si les résultats sont loin, très loin des potentialités que recèlent le pays du fait d'une gouvernance mitigée, et elles sont nombreuses, je suis pourtant confiant. L'Algérie recèle d'importantes potentialités, surtout les compétences humaines richesse bien plus importante que toutes les réserves d'hydrocarbures, actuellement marginalisées, tant au niveau local qu'à l'étranger, pour surmonter la situation actuelle. Pour cela, outre une profonde moralité des personnes chargés de diriger la Cité, l'on doit revoir la gouvernance et donc l'actuelle politique socio-économique qui ne peut que conduire à l'impasse et donc à l'implosion sociale à terme. La lutte contre la corruption, les transferts illicites de capitaux, qui existent depuis l'indépendance politique, mais qui a pris des proportions alarmantes entre 2004/2016 du fait que l'on a injecté des sommes colossales sans prévoir de mécanismes de contrôle devient une urgence de l'heure, devant prévoir des mécanismes démocratiques et éviter des règlements de comptes inutiles. On ne saurait ignorer les effets de la mondialisation à la fois positifs mais pervers sans régulation, devant insérer les projets futurs dans le cadre de l'intégration du Maghreb pont entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, pour la stabilité et une prospérité partagée de la région. L'Algérie est à la croisée des chemins. Il faut éviter toute autosatisfaction, contraire au vécu quotidien de l'immense majorité des Algériens, source de névrose collective, mais également éviter toute sinistrose : tout ce qui a été réalisé entre 1963-2016 n'est pas totalement négatif mais il reste beaucoup d'insuffisances qu'il s'agit impérativement de corriger. Le défi des nations en ce XXIe siècle, monde en perpétuel mouvement est la maîtrise du temps, tout pays qui n'avance pas recule forcément. Il y a maintenant unanimité nationale et internationale. Si l'Algérie rate le cap du développement entre 2017/2020, elle sera éternellement un pays sous-développé avec d'importants remous sociaux et politiques avec des interférences étrangères. C'est sa dernière chance. Aussi, le changement de cap de la politique économique et sociale avec soubassement une vision stratégique et un nouveau mode de gouvernance, grâce à un dialogue fécond et productif, personne n'ayant le monopole du nationalisme, s'impose pour des raisons de sécurité nationale. L'Algérie a toutes les potentialités de sortie de crise. Agissons, loin des discours démagogiques qui ne portent plus pour le bien être de l'Algérie. [email protected] (Suite et fin)


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