Le premier procès à Istanbul de participants présumés au coup d'Etat manqué du 15 juillet s'est ouvert mardi. Une trentaine de policiers sont accusés d'avoir refusé de défendre le président. Près d'une trentaine de policiers seront jugés, mardi 27 décembre, à l'issue du premier procès organisé à Istanbul contre des participants présumés au coup d'Etat manqué du 15 juillet, visant à renverser le président, Recep Tayyip Erdogan. Ce procès doit se tenir dans la plus grande salle d'audience de Turquie, dans un bâtiment situé en face de la prison de Silivri, en lisière de la métropole turque. Parmi les 29 accusés, 21 risquent chacun jusqu'à trois peines de prison à perpétuité pour, notamment, «tentative de renversement de l'ordre constitutionnel» et «tentative de renverser le gouvernement ou de l'empêcher de remplir ses devoirs». Les huit autres risquent jusqu'à quinze ans d'enfermement pour «appartenance à une organisation terroriste armée». Refus de protection Trois pilotes d'hélicoptère de la police sont poursuivis pour avoir refusé de transporter des équipes des forces spéciales mobilisées pour assurer la protection de la résidence présidentielle d'Huber, à Istanbul. D'autres policiers sont accusés d'avoir refusé d'obéir à l'ordre de s'opposer aux putschistes et d'avoir tenté de décourager toute résistance populaire en postant des messages sur les réseaux sociaux. Vingt-quatre de ces suspects sont déjà en détention provisoire, l'un est en fuite et les autres sont sous contrôle judiciaire, selon les médias turcs. La tentative de coup d'Etat du 15 juillet, qui a fait quelque 270 morts et 2 000 blessés, est imputée par Ankara au prédicateur islamiste Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis, et dont la Turquie demande l'extradition. M. Gülen, qui rejette fermement ces accusations, est à la tête d'un mouvement appelé Hizmet (« service », en turc), qui compte un important réseau d'écoles, d'associations et d'entreprises. Un réseau que le gouvernement considère comme une « organisation terroriste ». «Vile organisation» Le président Erdogan a affirmé la semaine dernière que le jeune policier assassin de l'ambassadeur russe à Ankara était lié à la mouvance guléniste. «Cette vile organisation existe toujours dans les rangs de notre police, tout comme dans notre armée», avait-il déploré, ajoutant que les partisans de M. Gülen devaient encore être éliminés des institutions turques. Au-delà des putschistes présumés, les purges engagées après le 15 juillet visent également les milieux prokurdes et les médias, des organisations non gouvernementales accusant le pouvoir d'étouffer les voix critiques. L'ampleur de ces mesures suscite l'inquiétude de l'Occident, notamment de l'Union européenne, dont les relations avec la Turquie se sont sensiblement dégradées ces derniers mois. Le rythme des arrestations ne semble d'ailleurs pas ralentir, le ministère de l'intérieur ayant annoncé lundi 1 096 arrestations en lien avec l'organisation guléniste au cours de la seule semaine dernière. Après celui d'Istanbul, de nombreux autres procès sont prévus dans le cadre de l'enquête sur le coup d'Etat manqué, notamment le 20 février à Mugla (sud-ouest), où seront jugées 47 personnes accusées d'avoir tenté d'assassiner M. Erdogan. Ces procès seront d'une ampleur sans précédent en Turquie, où 41 000 personnes ont été arrêtées depuis le 15 juillet. Lundi à Denizli, dans le sud-ouest du pays, 60 personnes ont été appelées à la barre.