La Côte d'Ivoire avance, à grands pas, droit dans le mur. Dans la soirée de lundi à hier, les forces républicaines pro-Ouattara (FR), faction armée née de l'unification de plusieurs groupes rebelles, ont réussi à prendre le contrôle de quelques villes de l'est du pays, dans le cadre d'une vaste offensive contre les forces de défense et de sécurité (FDS) loyales au président sortant Laurent Gbagbo. Des témoins ont affirmé que les éléments du FR ont délogé hier matin les soldats du FDS de la ville de Bondoukou (est) et poursuivaient leur avancée vers Agnibilekrou, une autre ville importante située à une centaine de kilomètres au sud. Lundi dernier, les FR qui contrôlent le nord du pays depuis 2002, se sont emparées d'autres localités de l'Ouest frontalier avec le Liberia où se trouvent plus de cent mille Ivoiriens déplacés dans les camps de toile installés par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). Mais en l'absence de moyens fiables pour vérifier certaines informations, il est difficile d'échapper à la campagne de propagande qui est menée par les deux camps en conflit, ont rapporté les agences de presse. A Daloa (centre-ouest) par exemple, la situation était encore confuse. Des sources affirment que la ville est tombée entre les mains du FR, tandis que d'autres sources déclarent que la situation est calme même si le climat était tendu après une attaque la veille d'une école de formation de commandos de paras de la gendarmerie par les forces républicaines. A noter que Daloa est le siège de la 2e Région militaire du pays et abrite entre 3 000 et 5 000 militaires. Au milieu de ce climat de confusion et de violence généralisée, le flux de réfugiés n'a pas diminué et suscite d'amples inquiétudes au sein des représentants du HCR qui activent en Côte d'Ivoire et dans les pays voisins. «Nous nous préparons à des arrivées en grand nombre au Ghana si la situation à Abidjan (sud-est) empire», a déclaré une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d'un point de presse organisé hier au siège de l'organisation à Genève (Suisse), citée par les médias. Quelque 3 129 réfugiés ont fui au Ghana depuis le début de la crise post-électorale qui secoue la Côte d'Ivoire depuis fin novembre, selon le HCR qui précise que la plupart de ces personnes viennent d'Abidjan et de ses environs. Le nombre total de déplacés s'élèverait, selon l'Onu, à plus d'un million et risque d'augmenter en raison de la violence des affrontements entre le FDS et le FR qui se propagent comme une traînée de poudre à travers tout le territoire ivoirien.Les forces pro-Ouattara cherchent à prendre le contrôle du plus grand port du pays, toujours sous l'autorité de Gbagbo, d'où est exporté le cacao dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial. L. M.