Contrairement aux partis de la mouvance islamistes qui partent aux législatives en rangs unis, les démocrates n'arrivent pas à surmonter leur propre ego pour entrevoir de la meilleure manière possible cette échéance électorale. Ils affrontent le prochain scrutin en rangs dispersés, désunis, voire disloqués à cause des calculs politiques. Aucune alliance n'a été enregistrée dans ce camp, alors que dans le camp opposé des islamistes, les coalitions se multiplient, comme c'est le cas du MSP et du FC de Menasra, ou bien la fusion du Mouvement Ennahda dans le parti de Djaballah, le FJD. D'autre part, il est à noter que dans cette mouvance, le participationnisme est de mise alors des formations démocrates ont officiellement annoncé le boycott des législatives. Deux visions diamétralement opposées où les stratégies ne se croisent jamais comme deux droites parallèles. Talae El Houriat, de Ali Benflis, le malheureux candidat aux dernières élections présidentielles, vient juste de rejoindre le camp des boycotteurs. Réunis en session ordinaire, le comité central de ce parti a, dans sa majorité écrasante, décidé de tourner le dos à ces élections pour des considérations purement tactiques. Une surprenante décision privant Talae El Houriet d'une représentativité certaine à la chambre basse du parlement. Avant lui, Jil Jadid, de Sofiane Djilali a annoncé la couleur d'un boycott jusque-là décidé par uniquement ces deux partis. Ces boycotts font bien évidemment les affaires du FLN et du RND, d'autant que le parti de Benflis est considéré, à tort ou à raison, comme poids lourd dans l'échiquier politique national. Il ne faut pas oublier que son président a réussi un excellent score aux dernières présidentielles, et est accrédité d'une bonne réputation à même de lui permettre de jouer les trouble-fêtes aux législatives. La décision de ne pas y prendre part défavorise l'ensemble des partis de l'opposition et, sauf surprise de taille, laisserait la configuration de l'APN en son état actuel. Absent aux législatives 2012, le RCD tente, à travers sa participation à ces législatives, de récupérer le temps perdu et sa représentativité à l'hémicycle. Une stratégie visant à reprendre sa place et son rang dans l'opposition. La radicalisation de sa position vis-à-vis du pouvoir, lui a fait perdre du terrain mais un retour en force dans ces législatives lui permettra de redorer son blason, notamment auprès de ses électeurs et de l'opinion nationale. Le FFS n'est pas mieux loti et partira également en conquérant malgré la grave crise dont il fait l'objet depuis quelque temps. Présent dans l'APN sortante, le plus vieux parti démocratique a, certes, perdu de sa verve depuis la disparition de son chef charismatique, Ait Ahmed, mais sa présence à l'Assemblée populaire nationale est quasi permanente avec presque le même nombre de représentants. Cette fois-ci, il vise haut et compte déjouer les pronostics, en dépit de tout ce qu'il est entrain de vivre. De toute façon, ces deux partis possèdent leur électorat et ne risquent pas de sortir les mains vides d'une élection à laquelle ils prendront part. Le PT, n'a pas encore tranché sur la question et adopte un «wait and see» tout à fait explicable. Il attend de voir plus clair pour se prononcer sur la question, alors que tous les voyants le donnent partant pour les prochaines législatives. Connu pour son penchant participationniste, ce parti affichera certainement la même position et prendra part à ce scrutin qui, faut-il le rappeler, sera suivi par les locales en automne prochain puis les présidentielles 2019. En tout état de cause, les partis démocrates ne prendront pas le même train. Chacun adopte à sa manière la position qui lui convient mais une chose est certaine, les partis de la mouvance islamistes sont de loin mieux organisés et tout à fait prêts pour la bataille.