La majorité des partis de l'opposition a annoncé sa décision de participer au prochain scrutin législatif du printemps 2017. Certains ont préféré ainsi s'éloigner de la stratégie de rupture qu'ils ont vainement tenté d'instaurer face au régime dans le sillage des «révoltes arabes». Chaque parti «participationniste» a mis en place son propre argumentaire pour tenter de rendre compréhensible son engagement dans les joutes électorales de l'année prochaine. Les enjeux semblent autrement plus importants cette fois-ci. Les élections législatives du printemps 2017 enregistreront une participation record de la classe politique nationale. A l'exception de Jil Jadid qui a annoncé le boycott de cette échéance et, peut être, Talaie El Houriat de Ali Benflis qui devrait lui emboîter le pas, tous les autres partis agréés se sont déjà placés sur les starting-blocks en vue de concourir à la prochaine course à l'APN. L'opposition sera présente presque au grand complet, lors de ce scrutin, en dépit de l'absence, comme dénoncé par les leaders de différents partis, de garanties pour la tenue d'une élection libre et transparente. La décision paraît paradoxale, d'autant plus que les risques de fraude étaient souvent mis en avant pour justifier les appels au boycott des élections. Cette fois encore, les mêmes craintes sont de mise. Mais les décisions sont différentes. Les justifications de la participation aussi. Chaque parti «participationniste» a mis en place son propre argumentaire pour tenter de rendre compréhensible son engagement dans les joutes électorales de l'année prochaine. Les enjeux semblent plus importants cette fois-ci. Pour beaucoup de partis, l'absence en 2017 n'est pas permise. Et cela pour diverses raisons, notamment la pression des cadres qui ambitionnent légitimement de voir leurs carrières politiques évoluer et la visibilité que permet la campagne électorale. Il y a aussi l'accès aux aides financières de l'Etat, puisque, dans le système algérien, les financements publics ne sont octroyés aux partis qu'en fonction du nombre d'élus au Parlement. Mais les directions des partis préfèrent mettre en avant des arguments politiques pour justifier leurs décisions. C'est le cas du RCD qui avait boycotté les législatives de 2012. Tout en maintenant sa revendication d'installation d'une commission indépendante d'organisation des élections, le parti présidé par Mohcine Belabbas justifie son engagement par «l'impératif de visibilité que n'est pas permise en cas de boycott», d'autant plus que les «moyens permettant de peser sur la décision du citoyen sont inexistant puisqu'il n'y aura aucun accès aux médias et aux espaces publics». «La participation du RCD aux prochaines élections découle d'une décision souveraine de son instance qu'est le conseil national. S'agissant des garanties que le pouvoir nous fait miroiter, le RCD ne croit à aucune d'elles. Pour l'opinion publique, la position du RCD est connue depuis longtemps : pour mettre fin à la fraude électorale, il faut confier tout le processus de l'organisation des élections à une instance indépendante et permanente ; l'administration ne doit avoir qu'un rôle logistique pour pourvoir cette entité en moyens», souligne Atmane Mazouz, chargé de communication du parti. «Ne pas faire le jeu du pouvoir» Ayant boycotté de nombreuses joutes électorales, le Mouvement démocratique et social (MDS) s'apprête à prendre part, pour la deuxième fois après 2007, aux législatives. «Nous avons rejeté toute participation aux élections tant qu'il y avait une hypothèque sur la République, mais jamais pour non-garantie d'un scrutin libre et transparent. Pour le MDS, la seule garantie pour un scrutin libre et transparent est l'implication des citoyen(ne)s», souligne Hamid Ferhi, porte-parole du parti. Précisant que le MDS mise beaucoup plus sur les prochaines élections locales, il affirme que la décision de participation «obéit à une analyse de la situation politique nationale et internationale». «Nous pensons que nous sommes à la fin des Printemps arabes. Cela va diminuer la pression terroriste sur nos frontières et libérera des énergies insoupçonnées de notre peuple. C'est à ce rendez-vous que le MDS se prépare», souligne-t-il. Le président de Ahd 54, Ali Fawzi Rebaïne, même s'il n'a jamais été partisan du boycott des élections, estime, pour sa part, que la participation de sa formation à ce scrutin est motivée par la nécessité de «barrer la route aux détenteurs de l'argent sale». M. Rebaïne appelle, toutefois, à une présence d'observateurs étrangers crédibles pour mettre en échec les artisans de la fraude électorale en Algérie. Le FFS, quant à lui, évoque «une décision politique qui s'inscrit dans une dynamique de construction d'un consensus national». Ce ne sont, visiblement, pas les arguments qui manquent pour justifier une option politique. Mais il semble que les partis de l'opposition, après avoir testé le choix de boycott, ne veulent plus faire le «jeu du pouvoir» en désertant la scène. Car, c'est avéré, cette option a été plutôt favorable aux formations proches du régime d'investir les institutions élus, souvent avec une minorité des électeurs.