Au lendemain de sa désignation à la tête de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelwahab Derbal a lancé un appel au dialogue à toutes les formations politiques «sans exception». Tout en disant comprendre les doutes soulevés par les partis quant à la transparence des scrutins, M. Derbal s'est engagé à prendre en charge cette préoccupation en mettant des garde-fous pour une élection transparente. Il a tendu la main à ces partis politiques afin de travailler ensemble pour faire barrage à la fraude. Mais les partis politiques qui réclamaient une commission indépendante d'organisation et de gestion des élections n'ont pas confiance en cette énième commission et, de ce fait, la rejettent dans le fond et la forme. Hier encore, dans les colonnes du journal El Khabar, M. Derbal est revenu à la charge en soutenant que la HIISE qu'il préside, dont la composante est aujourd'hui connue, est une expérience unique de par son indépendance financière et organisationnelle. A l'adresse des partis politiques qui critiquent et doutent de la transparence des élections, il rappelle que leur incertitude n'est pas pour convaincre les citoyens de se rendre aux urnes, mais favorise le phénomène de l'abstention, l'ennemi juré des candidats à l'Assemblée populaire nationale. Pour M. Derbal, douter de la transparence du vote ne constitue nullement «un remède», bien au contraire, cela risque de nuire aux partis qui véhiculent ce discours. Il n'est, selon lui, dans l'intérêt d'aucune formation politique de pousser à l'abstention. A ce sujet justement, il faut dire que la majorité des partis politiques — qui ont de tout temps dénoncé la fraude électorale et la non-transparence des élections — ont annoncé leur participation aux prochaines législatives. A l'exception de Jil Jadid et de Talaie El Houriat qui ont opté pour le boycott pour ne pas cautionner la fraude et du PT de Louisa Hanoune qui n'a pas encore affiché la couleur, les autres formations politiques, qu'elles soient démocrates, de la mouvance islamiste ou dans l'allégeance, ont toutes, cette fois-ci, choisi de concourir à la prochaine course à l'APN. Les élections législatives du printemps prochain enregistreront une participation record de la classe politique nationale. Une quarantaine de formations ont confirmé, depuis bien longtemps, leur participation à ce scrutin. Il y va, de l'avis même de ces formations politiques, de leur survie. L'opposition sera présente presque au grand complet, et ce, en dépit de l'absence, comme dénoncé par les leaders de différents partis, de garanties pour la tenue d'élections libres et transparentes. Mais si le boycott ne semble plus faire l'unanimité au sein des partis politiques, il reste que le premier ennemi des postulants à ces élections est l'abstention. Comment amener le citoyen, qui a perdu confiance en les institutions de l'Etat et en certains partis politiques à prendre part à ce rendez-vous électoral ? Depuis l'annonce de la date des législatives, l'on assiste à de véritables discours de campagne. Ce ne sont visiblement pas les arguments qui manquent pour justifier une option politique. Seulement, certains «participationnistes» — et c'est là le paradoxe — n'ont, selon leurs propos, aucune garantie quant à la transparence de ce scrutin, mais cela ne les empêche pas de prendre le risque. Comment donc convaincre les électeurs à se rendre aux urnes si l'on affirme que les règles du jeu de cette compétition sont biaisées ? A ce rythme, l'abstention risque d'être le plus grand vainqueur de ces élections.