Selon des sources crédibles proches du ministère de l'Agriculture, des dizaines de milliards de DA ont été engloutis, en pure perte, au niveau national sous la forme de crédits bancaires alloués à des agriculteurs et des éleveurs. Ils devaient servir à la réalisation d'unités frigorifiques ou de conditionnement. De nombreux investisseurs ou prétendus comme tels, dont des agriculteurs et des éleveurs, ont déposé des dossiers et obtenu des crédits bancaires sous garantie de l'Etat. Les crédits sont exclusivement destinés à la réalisation d'unités de conservation et de conditionnement des fruits et légumes, ainsi que des viandes rouges, blanches et produits de mer. Ils ont été détournés. S'en est suivie l'émission successive de mises en demeureq à tous les défaillants, bénéficiaires du soutien financier de l'Etat pour la réalisation d'unités frigorifiques ou de conditionnement, à travers le pays. Une wilaya enregistre à elle seule, un préjudice de 500 millions DA. Censé servir au développement de la filière froid, ce montant a été transformé par les bénéficiaires en voitures et habitations de luxe. D'autres, ont préféré investir dans des secteurs sans relation avec l'activité agro-industrielle. Bien que destinataires de mises en demeure, les bénéficiaires, du moins une bonne partie, n'ont pas cru bon répondre pour clarifier leur situation. Ils font actuellement l'objet de poursuites judiciaires. Certains ont été déjà condamnés en 1ère et 2éme instance à rembourser capital, intérêts et à payer des amendes. Si le défi de la disponibilité des produits agricoles a été matérialisé par une abondance sur les étals au niveau national, et que l'année 2017 il y aurait abondance de légumes et fruits, il n'en est pas de même du côté de la conservation et du conditionnement. Faute de communication sur cette question, les agriculteurs et les éleveurs appréhendent déjà le temps des récoltes. Ils affirment que, sauf caprice de la nature, celles-ci seront largement excédentaires cette année. Ce qui ne changera rien à leurs habitudes. Notamment en ce qui concerne le stockage. Pour la majorité, cet aspect ne fait pas partie des préoccupations. Le ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, a investi dans la mise en place de structures appelées à absorber ce surplus. En effet, un programme d'investissement, en deux volets, a été élaboré. L'objectif est, d'une part, de renforcer les capacités de stockage pour atteindre les 2 millions de mètres cubes à inclure au système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac). Et d'autre part, de réhabiliter les capacités de stockage de plus de 251.000m3 des entreprises dissoutes comme Enafla et Onapsa, et ce afin d'achever, dans les plus brefs délais, les opérations de remise en état des entrepôts (22.700 m3 à Saïda, 5100 m3 à El Khemis 23.800 m3 à Aïn Benian, El Kerma à Annaba...). Il faut aussi accélérer la construction de neuf entrepôts de collecte pour une capacité globale de 160.000 m3 destinés au prétraitement, de 11 plateformes de conditionnement de 265.000 m3 dotées de ligne de traitement pour des emballages adéquats, de 29 entrepôts de stockage et de distribution de 177.500 m3, ainsi que la mise en place d'une centrale «viande» d'une capacité de 30.000 m3. Dans une de ses déclarations, M. Zefizef PDG de l'entreprise « Frigomédit » avait affirmé que matérialisés, ces projets permettront d'assurer, d'une manière permanente, l'équilibre du marché et de mieux gérer le surplus de production. A ce propos, rappelons que l'Algérie a réussi à placer à l'exportation 25.000 tonnes de pommes de terre fin 2015 vers les pays du Golfe et d'Europe. Il est dit que les démarches prospectives réalisées sont prometteuses en Asie. C'est d'ailleurs dans ce cadre qu'une plateforme de conditionnement et de froid a été réalisée à El Oued pour être opérationnelle dès cette année. Cette région réalise à elle seule, 40% de la production nationale de la pomme de terre. Créé en juillet 2000 et aussitôt mis en application, le dispositif pour le développement de la filière du froid. et conditionnement n'a toujours pas atteint ses objectifs. Au niveau des directions de plusieurs wilayas, l'on a à cœur de récupérer l'argent du contribuable détourné. Ce qui n'est pas le cas dans d'autres où cet aspect est totalement occulté. «C'est le cas d'une EAC dont le gérant a été l'un des premiers bénéficiaires de l'aide financière pour la réalisation d'une unité frigorifique de proximité. Non seulement il ne l'a pas réalisé, mais il cherche à mener une bataille d'arrière-garde pour ne pas avoir à rembourser », a ajouté une source proche du ministère de l'agriculture.