La générale de la pièce «L'aube Ismaël», tirée de l'œuvre de Mohammed Dib, a été présentée jeudi à Alger, devant un public conquis, convié à un voyage initiatique où l'absence, l'exil, le silence, la quête et la reconnaissance ont nourri le rêve et fait naître l'espoir. L'espace de la petite salle Hadj Omar du théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA) n'a pu contenir le public nombreux venu assister à l'adaptation et à la mise en scène de Hadda Djaber, montée sur «L'aube Ismaël», texte poétique de Mohammed Dib (1920-2003), édité en 1996. Durant 45 mn, le duo Meryem Medjkane et Tarik Bouarrara ont réussi à porter le texte, dans toute sa beauté, invitant l'assistance à s'évanouir dans l'immensité d'un désert sublimé, à la sagesse qui finira par ramener à la condition humaine, dans une dualité entre le néant et l'être. Dans une confrontation intelligente, la métaphore de la traversée du désert avec toutes les douleurs et les souffrances qu'elle implique et la projection sur écran de la mer, évoquent «la perte d'un être cher», substituée à celle d'un pays et «le travail de reconstruction de soi» et la «renaissance de sa cité», explique Hadda Djaber. Sur une scène nue le spectacle s'est nourri de la puissance du texte, d'un éclairage aux atmosphères vives et d'un jeu concluant des comédiens qui ont occupé tous les espaces dans des chorégraphies signées Tarik Bouarrara. Entre mysticisme et universalité, le texte, à dimension philosophique et symbolique, renvoie à une quête résolue de soi dans des chemins sinueux, frayés contre vent et marées par la force de l'espoir dont la sémantique s'ouvre sur des horizons obstinément tournés vers l'avenir et la vie. Oeuvre de Abdul Kader Sofi, la musique, au son lent et apaisant, rendue dans un esprit narratif par les sonorités du goumbri, du luth ou des percussions a aidé à la création d'atmosphères incitant à la réflexion et la méditation. Le public recueilli, a apprécié le rendu des comédiens et le travail de mise en scène de Hadda Djaber, prenant part au voyage à travers la poésie de Mohammed Dib, à la musicalité qui demande une attention soutenue et suscite méditation et émotion. Le spectacle «L'aube Ismaël» a été monté par la compagnie «Leila Soleil» de Villeurbanne (Lyon-France) en partenariat avec Momkin-espace de possibles (Marseille), l'Association Chrysalides d'Alger et l'Institut français d'Oran.