Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, a appelé, mercredi, les différentes parties en Libye à surmonter l'impasse politique, évoquant un possible amendement de l'accord politique libyen (LPL) de 2015 qui pourrait intervenir dans les prochaines semaines. L'émissaire de l'ONU a affirmé devant le Conseil de sécurité que 2017 devrait être «une année de décisions et de percée politique» pour surmonter l'impasse politique en Libye et mettre en place une armée unifiée. Le chef de la Manul, (Mission d'appui des Nations unies en Libye), a relevé que malgré les avancées enregistrées en 2016, les Libyens n'étaient pas en mesure de remédier aux causes profondes des divisions. Bien que les progrès soient loin d'être suffisants, l'émissaire de l'ONU a tenu à insister, durant ce briefing consacré à la situation en Libye, sur certains gains importants enregistrés jusqu'à présent. Les institutions économiques libyennes ont ainsi continué de travailler ensemble pour exécuter le budget 2017, tandis que la production de pétrole a augmenté pour atteindre les 700 000 barils/jour, a noté Kobler à ce propos. Au plan sécuritaire, le groupe terroriste autoproclamé «Etat Islamique» (EI/Daech) a perdu le contrôle de toutes les zones qu'il contrôlait mais continue de poser une menace, a-t-il dit. Révision limitée du LPL Le représentant de l'ONU a évoqué, au cours de cette réunion d'informations, un possible amendement de l'accord politique qui pourrait intervenir dans les prochaines semaines, et sur lequel des discussions sont déjà engagées depuis presque deux mois. «Des progrès ont été consentis durant les deux derniers mois» par les différentes parties libyennes laissant entrevoir un possible amendement de l'accord», a-t-il dit, en indiquant lors du point de presse tenu à l'issue de cette réunion qu'il « il y avait une convergence de vues entre les Libyens sur l'amendement de l'accord». En outre, un consensus régional et international est en train d'émerger dans ce sens, a-t-il dit. Cependant, il a souligné la nécessité de prendre des décisions sur «des amendements limités à l'accord politique en vue de permettre à la chambre des représentants à Tobrouk d'approuver le gouvernement d'entente nationale (GNA) et d'aboutir à la formation d'une armée et d'une force de police fortes. Issu d'un accord interlibyen, parrainé par l'ONU, le GNA dirigé par Fayez al Sarraj n'est toujours pas parvenu à obtenir la confiance du Parlement élu, siègeant à Tobrouk dans l'est de la Libye. Kobler a fait savoir que ces amendements ont été évoqués lors des dernières réunions tenues sur la Libye en précisant que les questions portant sur «le commandement suprême de l'armée, le rôle du maréchal Khalifa Haftar et la composition du Conseil présidentiel libyen» ont figuré au centre de ces discussions. Accélérer le processus de la révision Kobler a soutenu qu'il était nécessaire d'accélérer le processus de la révision de l'accord pour stabiliser la Libye car il s'agit, selon lui, d'un pays africain important détenant les plus grandes réserves de pétrole du continent. Interrogé sur les risques qui pourraient surgir de cette révision, le représentant de l'ONU a répondu qu'il était «plus risqué de maintenir l'accord sous sa forme actuelle». Mais il a soutenu qu'aucune partie «ne pouvait déterminer la démarche à suivre, il s'agit d'un effort collectif» en appelant toutes les factions libyennes à assumer leurs responsabilités quant à l'application de l'accord une fois amendé. «Ensemble, elles peuvent faire avancer ce processus en approuvant le gouvernement», a-t-il affirmé, en relevant l'importance cruciale de cette étape pour répondre aux besoins des Libyens. Mentionnant la conférence des Etats voisins tenue le 21 janvier au Caire, et la tenue du Comité de haut-niveau de l'Union africaine (UA) à Brazzaville, au Congo, il s'est dit «impressionné par la cohérence de l'approche des pays voisins de la Libye». «La troïka (l'ONU, la Ligue arabe et l'Union africaine) est en train de travailler sur un agenda spécifique» , une démarche auquel pourrait s'associer l'Union Européenne, a-t-il fait savoir. Il a estimé «qu'aucun processus politique ne pourrait se poursuivre sans que la question des groupes armés et de la prolifération des armes n'ait été réglée», confirmant au cours de ce point de presse les informations, selon lesquelles, des groupes de mercenaires du Tchad et du Soudan ont rejoint dernièrement la Libye. A ce propos, il a jugé que la formation en cours de la Garde présidentielle était «un pas dans la bonne direction», mais a considéré qu'elle ne pouvait se substituer à une armée libyenne unifiée.