Le 24 février n'est autre que le double anniversaire de la création de l'UGTA, et de la nationalisation des hydrocarbures. En février 1956, est fondé l'UGTA sous l'influence d'Aïssat Idir, un syndicaliste qui construira, section par section, cellule par cellule, l'Union générale des travailleurs algériens, et cela jusqu'à son emprisonnement en mai 1956. Aïssat Idir mourut des suites de très graves brûlures attribuées à ses geôliers en 1959. Soixante et un ans après sa fondation, l'UGTA continue à jouer un rôle majeur en tant que force représentative des travailleurs au plan national, puisqu'elle revendique plusieurs acquis dont le relèvement des salaires, du Salaire minimum garanti, et la reconnaissance, par les membres de l'exécutif, de plusieurs statuts particuliers, et de singuliers régimes indemnitaires au bénéfice des fonctionnaires. L'UGTA, en dépit de l'apparition des syndicats autonomes dans le champ revendicatif de la société à partir de 1989, demeurera un acteur privilégié pour le pouvoir, afin de contrôler les velléités de certaines corporations affiliées aux syndicats autonomes les intentions de recourir aux grèves. L'UGTA, qui a la mainmise sur des secteurs stratégiques comme l'éducation nationale, la santé, la fonction publique, ou dans le secteur économique, a, ces dernières années presque ordinairement ignoré sa mission de défense des droits des travailleurs, en se rangeant aux côtés du gouvernement, et sous les ailes du patronat, malgré les réticences des syndicalistes du sérail. Cette année, le double anniversaire de la naissance de l'UGTA, et de la nationalisation des hydrocarbures n'a pas été fêté comme à l'accoutumé par au minimum des hommages à l'esprit révolutionnaire des années 71 consacrant la souveraineté nationale sur les richesses du pays, et la gratitude envers les martyrs tel Aïssat Idir. Est-ce la fin de l'époque des révolutionnaires ? Les changements géopolitiques plaident pour une recomposition profonde de l'ordre mondial dans lequel les aspirations des travailleurs ne trouvent aucun écho, et dans lequel le pétrole ne pourra plus être considéré comme une arme de guerre dissuasive, ni comme une rente en mesure de pourvoir aux grandissants besoin des populations.