Les Libyens étaient dimanche préoccupés par la situation dans le nord-est de la Libye après l'attaque armée menée vendredi contre le site pétrolier de Ras Lanouf, alors que des brigades affiliées au Maréchal Khalifa Haftar, tentent de reprendre le contrôle de la zone. L'inquiétude des populations est notamment nourrie par le fait que la zone assiégée par les groupes armés constitue un réservoir de 80 pc des capacités de la production pétrolière libyenne. Ce dernier développement sur le terrain est, selon les observateurs, à même de perturber les efforts politique visant à rapprocher les différentes parties libyennes en vue d'un règlement consensuel de la crise. Dans ce contexte, le Conseil présidentiel du gouvernement d'union national (GNA) a dénoncé l'attaque, affirmant «n'avoir aucun lien avec l'escalade militaire qui se déroule au niveau de la région du croissant pétrolier dans la zone de Ras Lanouf». Le Conseil a également fait remarquer que la montée de la tension militaire coïncide avec les efforts menés aux plans international, régional et interne en vue d'instaurer la réconciliation national, unifier les rangs pour d'aboutir à une sortie définitive de la crise. Il a souligné aussi «n'avoir donné aucune directive ni ordre à une quelconque formation de se diriger vers cette zone», condamnant «avec force toute action qui sape les espoirs des Libyens». Le GNA a toutefois prévenu qu'il «ne resterait pas les bras croisés si les affrontements se poursuivaient dans cette zone ou ailleurs» en Libye, rappelant que «la richesse pétrolière est le bien de tout les Libyens, et est la seule source de subsistance». Même son de cloche pour le ministère de la Défense du GNA, qui a appelé à "un cessez-le-feu immédiat dans la région du croissant pétrolier», mettant en garde les parties «qu'il va ordonner la formation d'une force militaire pour arrêter les combats, si la situation se poursuit». L'émissaire de l'ONU en Libye, Martin Kobler, a de son côté appelé à éviter l'escalade militaire dans la région du croissant pétrolier, entre les groupes armés rivaux, et les forces du maréchal Khalifa Haftar. «Je demande aux deux parties de s'abstenir de toute escalade et d'assurer la protection des civils, des ressources naturelles et des installations pétrolières», a-t-il écrit sur son compte Twitter. Samedi, l'armée de l'air sous le contrôle du général Haftar a mené de nouvelles frappes aériennes contre les assaillants qui ont essuyé de «lourdes pertes», selon le colonel Mohamad al-Manfour, chef de la base aérienne de Benina à Benghazi. Le dialogue inter-Libyens, moyen de règlement à la crise Dans le cadre des initiatives lancées pour tenter de rapprocher le GNA de Fayez al-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar, sans succès apparent jusqu'à présent, le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, a exprimé «la solidarité» de son pays avec le peuple libyen, indiquant que Moscou apportera sa contribution en vue de parvenir à une solution dans le cadre du dialogue global. Lors d'une récente rencontre avec al-Sarraj à Moscou, M. Lavrov a déclaré qu' «en tant que pays ami de longue date, nous allons vous soutenir pour outrepasser cette période difficile, pour surmonter cette crise à travers un dialogue incluant toutes les parties libyennes en vue de parvenir à la réconciliation». Il a notamment appelé à la «création des conditions propices aux Libyens pour qu'ils parviennent à trouver des solutions». De son côté, le chef du gouvernement d'union nationale libyen a souligné la volonté de son pays à «relancer le dialogue avec la Russie dans tous les domaines, économique, politique et militaire», mettant l'accent sur «l'importance des relations traditionnelles» entre les deux pays. Il s'est dit, en outre, convaincu que la Russie est «en mesure de jouer un rôle positif dans de telles circonstances, à la faveur de ses relations avec les acteurs politiques en Libye». La Libye est dirigée par deux autorités rivales: le gouvernement d'union nationale (GNA) à Tripoli, reconnu par la communauté internationale, et un gouvernement basé dans l'est du pays et lié au maréchal Haftar. Le pétrole qui représente plus de 95% des revenus du pays est souvent au centre d'une guerre de leadership et fait l'objet de toutes les convoitises.