Après vents et marées et un arrêt d'activités de plusieurs mois, une première rencontre du café littéraire, baptisé désormais au nom de feu Ali Medjdoub, ex-journaliste et homme de lettres, s'est enfin tenue dans un climat festif, durant l'après-midi de samedi dernier, à la maison de la culture de Chlef, en présence d'hommes de lettres et de culture ainsi qu'une foule de sympathisants du club. Parmi les présents, on cite M. M'hamedi Bouzina, journaliste chroniqueur de bonne renommée, fierté de la ville de Chlef et du pays, le Pr. Abdelkader Amiche, professeur universitaire et éminent écrivain, connu en Algérie et à travers les pays arabes, M. Mohammed Boudia, journaliste, romancier et poète d'expression française, et bien des hommes de lettres et des artistes locaux. Après le mot de bienvenue énoncé par M. Abdelkader Guerine, en sa qualité de président du Café littéraire, où il a survolé le parcours périlleux du café littéraire durant ses dix années d'existence, il a souhaité la stabilité de ce club artistique et multidisciplinaire afin de pérenniser ses activités et d'assurer son fonctionnement comme une coutume à léguer en bonne forme aux générations futures. M. Saâdoune Bouabdallah, animateur et modérateur du club, fit déferler plusieurs poètes sur la scène pour gratifier les présents, avec des lectures poétiques allant des proses du beau verbe classique aux échappées lyriques au rythme du melhoun. Le théâtre à Chlef était à l'ordre du jour à travers une communication enrichissante exposée par M. Missoum Laaroussi, président de la coopérative « Les amis de l'art », spécialisée dans la production théâtrale. Le metteur en scène et professeur formateur d'acteurs dans ce domaine relata dans son discours la progression de l'art des planches à Chlef depuis l'indépendance de l'Algérie. Un parcours qui, selon lui, n'était pas régulier car le quatrième art a connu de brèves périodes d'essor entrecoupées de longues années d'hibernation et d'inertie malgré le bon potentiel humain et la multitude des infrastructures généralement gelées ou détournées de leur véritable fonction. L'orateur cita les années d'or de la ville en matière théâtrale en énumérant les prix décrochés par les troupes locales dans les différents festivals à l'échelle nationale. Il rappela que la ville était un centre de formation incontournable qui initia l'art de la scène à d'innombrables célébrités dont l'emblématique monument Abderrahmane Kaki. M. Laaroussi s'indigna, cependant, de l'absence d'un véritable écrit historique référentiel qui puisse témoigner fidèlement des étapes charnières du théâtre à Chlef depuis sa création jusqu'à nos jours. Il évoqua, avec mécontentement, la déportation du festival annuel de la marionnette qui avait lieu à Chlef vers Aïn Témouchent, notant que la ville était la capitale par excellence de ce genre d'art représentatif. Il exprima également son souhait de se voir octroyer un espace d'entraînement, de répétition et de formation pour les jeunes passionnés par le théâtre au sein de la maison de la culture. Il rejoint, par ailleurs, l'opinion de M. Mohamed Boudia, selon laquelle le café littéraire est un élément central qui s'associe à tous les arts, un espace de réflexion et d'inspiration qui peut jouer le rôle de promoteur de culture dans la ville et plus loin même. Pourquoi donc le théâtre à Chlef a-t-il toujours vécu des séquences de gloire éphémères espacées qui n'ont jamais eu de bonnes suites ? Une question à laquelle M. Laaroussi conclut son intervention en interpelant l'assistance à y répondre par elle-même, créant ainsi un débat fort instructif et illuminant. Les opinions des débatteurs, parmi lesquels MM. Abdelkrim El Houari, Mansour Mokhtari, Mohamed Boudia, Benberrou Abdenour, Hamid Belhanafi et Foued Chouyer, malgré leur divergence, conclurent toutes que le travail nécessaire à devoir fournir afin d'évoluer dans le théâtre est d'un ordre éducatif. Il s'agit de formation de base chez les acteurs et les techniciens qui montent, d'orientation et de motivation chez le public qui manque tant aux représentations théâtrales. À la fin, en signe de remerciement, le conférencier reçut une carte honorifique et un présent symbolique de la part de M. Djillali Dahmani, directeur de la maison de la culture de Chlef, sous l'ovation des présents à cette rencontre culturelle qui a connu en ce samedi une prestation intellectuelle de bonne augure et une animation instructive inhabituelle dans cet établissement.