Selon l'agence officielle algérienne APS, la haute représentante pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini effectuera une visite en Algérie cette semaine dans le cadre de consultations bilatérales portant notamment sur la nouvelle politique européenne de voisinage, et ce afin d'impulser une nouvelle dynamique aux relations bilatérales, susceptibles de traduire de manière effective la nature stratégique des liens entre les deux partenaires à travers notamment une prise en charge concrète et équilibrée de leurs intérêts mutuels. Ainsi, la politique européenne de voisinage conforte le rôle majeur que peut jouer l'Algérie dans la stabilité tant euro-méditerranéenne qu'africaine. Les négociations en cours concernant l'Accord de libre-échange, selon les informations recueillies auprès de la CEE, insistent sur un partenariat gagnant/ gagnant pour une prospérité partagée, sous réserve que l'Europe ne considère plus l'Algérie comme un marché mais que l'Algérie approfondisse ses réformes structurelles, l'Accord cadre restant le même. (1) 1.- Il s'agira pour l'Algérie, garant de sa stabilité de la région, d'encourager le développement des libertés dans tous les domaines politiques, économiques, social et culturel donc de mettre en place les mécanismes de l'Etat de Droit et de la démocratisation au niveau interne afin de réaliser un développement durable pour sa population. Sur la situation politique internationale, l'Algérie est invitée par l'Union européenne à devenir membre des Conventions ouvertes aux pays tiers, l'encourageant à entamer un dialogue bilatéral sur la migration légale et la mobilité, le trafic des migrants, la réadmission, le retour volontaire, la coopération régionale pour la gestion des frontières, le traitement des flux mixtes de migrants et la protection internationale de ceux qui en ont besoin, l'amélioration de la contribution des citoyens algériens résidant en Europe au développement de l'Algérie. Sur le dérèglement climatique, objet de la conférence internationale qui s'est tenue à Paris (COP21), l'UE note avec satisfaction que la partie algérienne a soumis des données utiles sur le dérèglement climatique la concernant (INDC) ainsi qu'un plan national sur le climat, affirmant sa disponibilité à accompagner l'Algérie. C'est dans ce cadre que face à l'épuisement de ses ressources et disposant d'importantes potentialités, la mini-réunion du conseil des ministres du 22 février 2016 a retenu que pour l'Algérie le développement des énergies renouvelables constituent un objectif stratégique. Concernant la coopération dans les domaines sécuritaire et judiciaire, jugée «essentielle» par l'UE qui souhaite établir avec l'Algérie un «dialogue ciblé et approfondi» pour une lutte contre le terrorisme, note positivement l'engagement de l'Algérie dans le processus de révision de la politique européenne de voisinage et prend note du document informel (non-paper) élaboré à Alger, tout en suivant avec intérêt les dialogues que l'Algérie maintient aussi avec l'OTAN et l'OSCE. Elle salue le rôle constructif que l'Algérie joue au sein de l'Union africaine en matière de paix et sécurité. Comme l'UE soutient et encourage l'implication de l'Algérie dans les instances de concertation euro-méditerranéennes, notamment le dialogue 5 + 5 avec l'Union du Maghreb arabe (UMA). Partageant la préoccupation de l'Algérie des menaces qui sévissent dans la région notamment au Sahel, l'UE tient à saluer tout en soutenant pleinement la médiation de l'Algérie et ses efforts en vue de trouver une issue à la crise actuelle au Mali, passant par le développement dans la région et une coopération internationale étroite dans les domaines visés par le nouveau plan d'action régional pour le Sahel. Cela vaut aussi dans le cas de la Libye où l'UE salue les initiatives diplomatiques entreprises par l'Algérie. Sur le Sahara occidental, l'UE soutient les efforts du secrétaire général des Nations unies et de son envoyé personnel en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable et en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité. Rappelons que le dernier réexamen de la politique européenne de voisinage (PEV) remonte à 2011 et donc, compte tenu des changements importants qu'ont connus les pays du voisinage depuis cette date, il a été décidé de procéder à un réexamen approfondi des hypothèses sur lesquelles repose cette politique, ainsi que de son champ d'application et de la manière dont il convient d'utiliser ses instruments, selon un communiqué de presse de la Commission. A cet effet, l'UE a lancé une consultation sur l'avenir de la PEV le 05 mars 2015. 3.- Pour l'Algérie, l'Europe doit tenir compte, dans sa politique de voisinage, de ses atouts notamment de l'atout sécurité régionale assurée activement par l'Algérie dans sa lutte antiterroriste, contre le crime organisé et la pacification de la façade sahélo-saharienne à travers différentes médiations mais également de ses atouts économiques notamment par l'approvisionnement de l'Europe en gaz depuis plusieurs décennies et sur une base strictement commerciale. Dans l'optique algérienne, la promotion de la circulation des personnes, des idées et la protection des ressortissants des pays tiers légalement établis dans l'UE, doivent être pris en compte dans la nouvelle PEV afin de contribuer à la réalisation des priorités algériennes relatives à la diversification économique synonyme de promotion des exportations hors hydrocarbures, à la sécurité alimentaire, au renforcement des capacités humaines, institutionnelles et de gouvernance politique, économique et sociale. Toute la coopération Algérie/Europe tant verticale qu'horizontale devra se fonder sur la base d'un partenariat gagnant/gagnant, pour une prospérité partagée loin de tout esprit de domination. L'Algérie dans sa coopération avec l'Europe présente trois principaux avantages comparatifs à savoir : sa contribution effective sur fonds propres au processus complexe et coûteux de pacification et de sécurisation de la bande sahélo-saharienne dont tirent profit les voisins européens en termes de lutte contre le terrorisme, le crime organisé et la migration illégale, sans oublier les impacts économiques. C'est dans ce cadre que l'Algérie a décidé de participer à la PEV, initiée en 2004, et révisé en 2009 avec des propositions concrètes au cours duquel elle a contribué avec des propositions reprises dans le «livre vert» de la Commission européenne du 4 mars 2015 telles que les principes de souplesse, de flexibilité et d'appropriation, en tant que fondement de la nouvelle PEV. L'Algérie est bien engagée dans le cadre de coopération qu'offre la politique de voisinage révisée (Europe 11443) depuis que cette dernière n'oblige plus à établir un plan d'action, jugé contraignant par Alger, en plus de la levée de la conditionnalité politique. Ainsi l'Algérie est un acteur clef de la région et toute déstabilisation aurait une répercussion négative sur toute la région méditerranéenne et africaine ( voir nos interviews au quotidien américain American Herald Tribune et quotidien français la Tribune Fr décembre 2016). Le coordonnateur pour la lutte antiterroriste au département d'Etat, Justin Siberell en ce mois d'avril 2017 a annoncé que l'Algérie est un partenaire clé des Etats-Unis dans le domaine sécuritaire en évoquant une nouvelle ère de coopération entre les deux pays. Aussi, face à un monde en perpétuel mouvement, tant en matière de politique étrangère, économique que de défense, actions liées, avec les derniers événements au Sahel, aux frontières de l'Algérie, ce qui se passe au Moyen-Orient, en Libye, se posent l'urgence des stratégies d'adaptation et d'une coordination, internationale et régionale afin d'agir efficacement sur les événements majeurs. Ces nouveaux défis pour l'Algérie dépassent en importance les défis qu'elle a eu à relever jusqu'à présent. Interpellée et sollicitée, l'Algérie s'interroge légitimement sur le rôle, la place ou l'intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu'il s'agisse du dialogue méditerranéen de l'Otan ou du partenariat euro-méditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire. L'adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, l'Algérie dont son devenir est dans l'espace euro-méditerranéen et africain doit faire que celui que commandent la raison et ses intérêts. En résumé, la stratégie future de l'Algérie pour assurer sa sécurité est d'assoir rapidement avec une réorientation de sa politique économique, une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales, ne devant plus vivre de l'illusion de la rente éternelle des hydrocarbures et devant méditer attentivement la récente déclaration italienne le ministre italien du Développement économique, Carlo Calenda. Ce dernier annonce, que le contrat gazier signé entre l'Algérie et l'Italie (par gazoduc) qui prendra fin en 2019 ne sera pas renouvelé, prévoyant un déficit de 14 milliards de mètres cubes d'approvisionnement de l'Italie en gaz d'ici 2019-2020 et que l'Italie signera un contrat à long terme avec les Pays-Bas en 2020, puis avec la Norvège en 2026, sans compter la Russie, l'entrée de l'Iran, bientôt de la Libye concurrentes de l'Algérie, du récent accord Europe –Israël pour l'acheminement d'importants volumes de gaz à travers la construction d'un nouveau oléoduc. Et que deviendront les contrats à terme qui expireront pour l'Algérie entre 2018/2019 avec les autres partenaires au moment avec l'accroissement des marchés spot, sachant que plus de 33% des recettes de Sonatrach proviennent du gaz naturel et ne pouvant concurrent pour l'Asie le Qatar, l'Iran et la Russie, sans compter la percé du pétrole/gaz de schiste américain ? Une nouvelle politique tant industrielle qu'énergétique et nouveau management stratégique de Sonatrach s'imposent. Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international