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Quelle coopération entre l'Algérie et l'UE ?
Publié dans La Nouvelle République le 25 - 05 - 2016

La rencontre du 24 mai 2016 entre l'Union européenne et l'Algérie sur les stratégies énergétiques, dépasse le strict cadre de l'Energie comme en témoigne la récente visite courant mai 2016 du commissaire au voisinage. L'Algérie pour ses partenaires étrangers tant Européens qu'Américains, est un acteur clef au niveau de la stabilité régionale et toute déstabilisation aurait pour conséquence des répercussions sur toute la région euro-méditerranéenne et africaine. L'objet de cette présente contribution est d'analyser globalement les perspectives de coopération dans divers domaines stratégiques entre l'Algérie et l'Union européenne.
4.-Concernant la coopération dans les domaines sécuritaire et judiciaire, jugée « essentielle » par l'UE qui souhaite établir avec l'Algérie un « dialogue ciblé et approfondi » pour une lutte contre le terrorisme. Rappelons que le 04 mai 2015 à l'occasion de la 9ème session du Conseil d'association dans le cadre de leur dialogue politique, malgré certaines divergences, plusieurs résolutions d'une importance stratégique confortent le rôle majeur que peut jouer l'Algérie dans la stabilité tant euro-méditerranéenne qu'africaine, analyse développée par ailleurs au niveau international dans plusieurs de mes contributions et conférences. L'Union européenne note positivement l'engagement de l'Algérie dans le processus de révision de la Politique européenne de voisinage (PEV) et prend note du document informel ('non-paper') élaboré à Alger, tout en suivant avec intérêt les dialogues que l'Algérie maintient aussi avec l'OTAN et l'OSCE. Elle salue le rôle constructif que l'Algérie joue au sein de l'Union africaine en matière de paix et sécurité. Comme l'UE. L'UE soutient et encourage l'implication de l'Algérie dans les instances de concertation euro-méditerranéennes, notamment le dialogue 5 + 5 avec l'Union du Maghreb Arabe (UMA). Partageant la préoccupation de l'Algérie des menaces qui sévissent dans la région notamment au Sahel, l'UE tient à saluer tout en soutenant pleinement la médiation de l'Algérie et ses efforts en vue de trouver une issue à la crise actuelle au Mali, passant par le développement dans la région et une coopération internationale étroite dans les domaines visés par le nouveau plan d'action régional pour le Sahel. Cela vaut aussi dans le cas de la Libye où L'UE salue les initiatives diplomatiques entreprises par l'Algérie. Sur le Sahara occidental, l'UE « soutient les efforts du secrétaire général des Nations Unies et de son envoyé personnel en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations unies et en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité ». Rappelons que le dernier réexamen de la politique européenne de voisinage – PEV- remonte à 2011 et donc, compte tenu des changements importants qu'ont connus les pays du voisinage depuis cette date, il a été décidé de procéder à un réexamen approfondi des hypothèses sur lesquelles repose cette politique, ainsi que de son champ d'application et de la manière dont il convient d'utiliser ses instruments. C'est dans ce cadre que l'Algérie a décidé de participer à la PEV, initiée en 2004, et révisé en 2009 avec des propositions concrètes au cours duquel elle a contribué avec des propositions reprises dans le « livre vert » de la commission européenne du 4 mars 2015 telles que les principes de souplesse, de flexibilité et d'appropriation, en tant que fondement de la nouvelle PEV. 5- Dans ce contexte, afin de profiter de l'insertion dans la division internationale des réformes, et devenir un pays émergents, l'Algérie ayant toutes les potentialités, pourquoi le blocage de l'investissement utile en Algérie ? Après analyse je pense fermement que pour bénéficier des effets positifs de l'Accord avec l'Europe que d'une éventuelle adhésion à l'OMC,( sinon les effets pervers l'emporteront) qu'il faille faire d'abord le ménage au sein de l'économie algérienne et que ce sont les freins à la réforme globale du fait de déplacements des segments de pouvoir (les gagnants de demain n'étant pas ceux d'aujourd'hui) qui explique le dépérissement du tissu productif. Toute analyse opérationnelle devra relier l'avancée ou le frein aux réformes en analysant les stratégies des différentes forces sociales en présence, la politique gouvernementale se trouvant ballottée entre deux forces sociales antagoniques : la logique rentière épaulé par les tenants de l'import et de la sphère informelle malheureusement dominante et la logique entrepreneuriale minoritaire. Cela explique que l'Algérie est dans cette interminable transition depuis 1986, ni économie de marché, ni économie administrée, expliquant les difficultés de la régulation, l'avancée des réformes étant inversement proportionnelle au cours du pétrole et du cours du dollar, les réformes depuis 1986 étant bloquées ou timidement faites avec incohérence lorsque que le cours s'élève. Cela explique également que malgré des assainissements répétées des entreprises publiques (plus de 60 milliards de dollars entre 1991/2015) des dévaluations successives, il a été impossible de dynamiser les exportations hors hydrocarbures (5% du total et sur ces 5%, plus de 70% sont des dérivées d'hydrocarbures). La part des entreprises autonomes créatrices de richesses soumises à des blocages d'environnement participent pour moins de 20% à la valeur ajoutée globale(PIB), plus de 80% des segments hors hydrocarbures étant eux mêmes tirés par la dépense publique via les hydrocarbures, le blocage étant d'ordre systémique. La baisse de la salarisation depuis plus de trois décennies au profit des emplois rentes traduit la prédominance de l'économie rentière et la faiblesse de la dynamique de l'entreprise créatrice de valeur ajoutée. Les infrastructures qui ont abordé plus de 70% de la dépense publique (800 milliards de dollars entre 2000/2015) avec de restes à réaliser et d'importants surcoûts, montrent un impact mitigé tant économique et social. La diminution de la dette extérieure, une bonne décision certes, provient des hydrocarbures et n'est pas due au génie créateur, c'est-à-dire la valeur travail et l'intelligence. Les taux de croissance, de taux d'inflation et de taux de chômage invoqués officiellement sont étant des taux artificiels devant réorienter la politique socio-économique vers l'entreprise et le savoir. Les infrastructures ne sont qu'un moyen et l'expérience récente malheureuse au vu de la crise mondiale d'octobre 2008 des pays ayant misés sur ce segment comme l'Espagne doit être méditée attentivement par les autorités algériennes comme en témoigne l'important et inquiétant déficit budgétaire prévu par la loi de Finances 2016. Le creusement du déficit, projeté pour 2016, survient sous l'effet de la dépense de fonctionnement et sous l'effet de la dépense d'équipement pour faire face à un programme additionnel de logements sociaux et ruraux et au renforcement de l'action économique de l'Etat. L'Algérie ne risque t- elle pas à cette allure d'épuiser le fonds de régulation des recettes fin 2016, début 2017 et d'aller vers une inflation vertigineuse que l'on comprime artificiellement actuellement par des subventions mal ciblés ce qui rendrait à terme nécessaire l'élévation des taux d'intérêts pour éviter la faillite bancaire ou alors des recapitalisations via toujours les hydrocarbures. En cas d'un cours inférieur à 60/70 dollars du pétrole, cela serait dramatique dans la mesure, où les équilibres budgétaires seront tendus avec d'inévitables tensions sociales d'autant plus que l'Algérie supporte d'importantes dépenses militaires et sécuritaires face au terrorisme. Car il est admis qu'une production hors hydrocarbures est conditionnée par un Etat de droit et à plus de réformes supposant l'adhésion des citoyens donc plus de moralité des dirigeants. Il y a urgence d'un changement de la mentalité bureaucratique et donc d'un changement culturel. En ce XXIème siècle ce ne sont pas les Etats qui investissent, jouant le rôle de régulateur, mais les opérateurs qui sont mus par la logique du profit. L'important est d'avoir tant pour l'Europe que l'Algérie une autre vision des relations internationales impliquant les opérateurs et la société civile dont l'élite et d'établir de nouveaux réseaux pour une prospérité partagée loin de tout esprit de domination, tenant compte des nouvelles mutations dans le monde arabe comme j'ai eu à le démontrer récemment dans une contribution à l'Institut français des relations internationales le 28 avril 2011 sur le thème la coopération Europe/ Maghreb face aux enjeux géostratégiques. La mise en place de mécanismes transparents dans la gestion des affaires, l'implication de l'ensemble des segments pour une société plus participative et citoyenne, la valorisation du savoir, une bonne gouvernance, sont les conditions fondamentales pour d'éviter que la puissance publique soit utilisé à des fins d'enrichissement privés. Aussi, pour pouvoir attirer les investissements porteurs, le gouvernement algérien devrait donc mettre en place des mécanismes de régulation évitant des changements périodiques de cadres juridiques, des actions administratives bureaucratiques non transparentes source de démobilisation et qui risquent de faire fuir les investisseurs sérieux qu'ils soient locaux ou étrangers. L'essence du blocage réside en Algérie au système bureaucratique que je qualifie de terrorisme bureaucratique, qui produit d'ailleurs la sphère informelle fonctionnant dans un Etat de non droit qui accapare 40% de la masse monétaire en circulation, de la sclérose du système financier lieu de distribution de la rente, de la faiblesse d'un marché foncier libre et enfin d'un système socio-éducatif inadapté, les universités actuellement étant une usine à produire des chômeurs. Tout cela renvoie au manque de cohérence et de visibilité dans la démarche de la politique socio-économique qui ne freine pas seulement les investisseurs étrangers mais également les investisseurs locaux sérieux qui peuvent accroître la valeur ajoutée interne. 6.-En résumé, il faut reconnaître que l'objectif stratégique de l'Algérie est de diversifier son économie. Et ce dans le cadre d'une politique de substitution à l'importation, la dynamisation de l'agriculture, du tourisme, des PMI/PME afin de densifier le tissu industriel algérien sans oublier les services qui ont un caractère de plus en plus marchands, mais en étant réaliste en tenant compte des avantages comparatifs
mondiaux car nous sommes à l'ère de la mondialisation. D'où d'ailleurs l'importance de l'intégration de l'Afrique du Nord pour un marché fiable au moment de la consolidation des grands ensembles, notre espace naturel étant l'espace euro méditerranéen tout en n'oubliant pas le continent d'avenir l'Afrique, passant par des sous intégrations régionales, étant suicidaire pour chaque pays de la région de faire cavalier seul. L'aspect sécuritaire s'étant nettement amélioré, l'Europe doit envisager autrement ses relations internationales et l'Algérie doit créer des conditions favorables au développement en levant les contraintes d‘environnement devant favoriser l'épanouissement de l'entreprise seule source de création de richesses permanentes et son fondement la valorisation du savoir. Cela renvoie à l'urgence d'une refonte des relations internationales et au niveau Algérie d'une gouvernance rénovée renvoyant la refonte de l'Etat dont les fonctions nouvelles tenant compte d'une économie ouverte ne peuvent être celles d'un Etat jacobin (centralisation bureaucratique), impliquant une réelle décentralisation avec une participation plus citoyenne au sein d'un Etat de droit. Face à un monde en perpétuel mouvement, tant en matière de politique étrangère, économique que de défense, actions liées, avec les derniers événements au Sahel, aux frontières de l'Algérie, ce qui se passe en Lybie, se posent l'urgence des stratégies d'adaptation et d'une coordination, internationale et régionale afin d'agir efficacement sur les événements majeurs. Ces nouveaux défis pour l'Algérie dépassent en importance et en ampleur les défis qu'elle a eu à relever jusqu'à présent. Interpellée et sollicitée, l'Algérie s'interroge légitimement sur le rôle, la place ou l'intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu'il s'agisse du dialogue méditerranéen de l'Otan ou du partenariat euro- méditerranéen, dans sa dimension tant économique, énergétique que sécuritaire. L'adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, l'Algérie dont son devenir est dans l'espace euro-méditerranéen et africain doit faire que celui que commandent la raison et ses intérêts (Suite et fin)


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