Phillip Chiyangwa, le président du Conseil des associations de football en Afrique australe (Cosafa), une organisation regroupant 14 pays, est aussi l'un des principaux soutiens du nouveau président de la Confédération africaine de football Ahmed Ahmed, il veut ouvrir les cartons laissés par Hayatou. A commencer par celui qui renferme la désignation des pays-hôtes de la Coupe d'Afrique des nations 2019, 2021 et 2023 en l'occurrence le Cameroun, la Côte d'Ivoire et la Guinée. Pour lui, ces attributions ont «été attribuées de manière brutale et politique au bénéfice d'une région», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse du Cosafa. «Ces choix ne seront pas corrects, ils portent la signature d'une atteinte sans vergogne aux valeurs élémentaires du sport». Pour les connaisseurs, une pareille situation n'étonne et n'étonnera personne. Hayatou a toujours aimé jonglé sur de pareils tapis. D'où les motifs qui ont sanctionné le football africain à travers des situations étouffantes loin de refléter son réel caractère. Pour les médias, «Issa Hayatou inspirait quelque chose de malsain en Afrique. Il fut le prototype du dictateur africain constamment réélu, disposant d'une cour et installant un système à la probité douteuse». L'ancien dirigeant de la CAF symbolisait donc tous les maux du continent avec des règnes interminables et des niveaux records de népotisme. Et ce n'est certainement pas pour rien si le patron du Cosafa, s'en est pris à l'ancienne direction de la Confédération africaine de football (CAF), conduite de 1988 à 2017 par le Camerounais Issa Hayatou. «L'Afrique est notre continent et nous avons le droit de poser des questions et de penser que nous avons été abusés», lâche-t-il. «Dans ces conditions, nous remettons en question le statu quo, la localisation de tous les intérêts dans une région». Phillip Chiyangwa, dont l'organisation est majoritairement composée de pays anglophones, confia aux médias : «Le Cosafa va donc protester concernant certaines compétitions qui ont été attribuées, à tel point qu'une commission d'enquête doit être mise en place. Quels ont été les critères utilisés, etc ?» En septembre 2014, le climat n'était déjà pas clément. Des interrogations relatives à la concession des trois prochaines phases commençaient à boucher l'horizon. «L'édition 2019 avait en effet été donnée au Cameroun, pays de l'ex-président de la CAF, plutôt qu'à l'Algérie ou à la Zambie notamment. Mais c'était surtout la désignation de la Guinée pour l'édition 2023 qui avait suscité le plus vif débat, la nomination du pays-hôte pour la 34e Coupe d'Afrique, n'étant initialement pas prévue», souligne le journal RFI. Ces réactions viennent atterrirent sur l'espace du nouveau boss de la CAF. Une déclaration largement suffisante pour comprendre que tout sera fait pour que cette institution prend un autre virage : «J'assure à mes collègues que je suis un membre du Cosafa. Même si je suis le président de la CAF, je suis un membre du Cosafa avant tout». Phillip Chiyangwa va rester son homme de confiance et ce serait avec lui qu'il tentera de redonner cette force et cette confiance au football africain tout en veillant sur un équilibre entre les Fédérations africaines de football. Le nouveau président est allé plus loin dans ses analyses, elles secouent et mettent en avant notamment ce fameux contrat signé par Hayatou entre lui et Lagardère et dont le montant était d'un milliard de dollars. Le patron de la CAF a réagi à propos de ce contrat : «Ce n'est pas un bon contrat et il pose problème». Cet accord connu depuis 2017 n'est étranger pour personne, ceux qui suivent le foot comprendraient que des soupçons ont fait par le passé l'objet de critiques via les médias et «il fait l'objet depuis le début de l'année 2017 d'une procédure judiciaire en Egypte, où se trouve le siège de la Confédération africaine de football... Tout le monde est convaincu, que ce soit le public ou la CAF elle-même, que ce n'est pas un bon contrat», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, à l'issue d'une réunion du Conseil des associations de football en Afrique Australe (Cosafa). En tout cas, je m'engage à ne jamais signer d'aussi long contrat.» Il s'agit de la commercialisation des droits marketings et médias du foot africain. Pour être plus précis dans ses déclarations, il dira que «des personnes spécialisées en télévision et en marketing étudiaient actuellement les détails de ce document de 101 pages portant sur la commercialisation des droits marketings et médias du foot africain pour la période 2017-2028.» Ce ne serait pas la seule opération mais d'autres audits défileront prochainement. On nous apprend par ailleurs qu'en 2016, une entreprise égyptienne, présentation Sports, propriété de l'homme d'affaires Ahmed Abou Hashima, avait tenté de concurrencer Lagardère sur ce dossier. Mais «LS» et la CAF étaient en discussions exclusives après avoir signé un mémorandum dès juin 2015, prolongeant ainsi la collaboration entamée en 1994 entre la Confédération et la société sportive. Les feuilles qui s'accrochent à ce volumineux dossier expliquent comment était la vie de Hayatou. «L'Autorité égyptienne de la concurrence (ECA) a estimé que la CAF avait abusé de sa ‘‘position dominante''. L'ECA a par la suite obtenu le renvoi d'Issa Hayatou et d'Hicham El Amrani devant la Cour économique d'Egypte. Une décision prise par le bureau du procureur et dénoncée par la CAF, en mars, juste avant la victoire d'Ahmad...» Enfin, selon les médias égyptiens, «le procès des deux ex-hommes forts du football africain a été repoussé au 6 mai, alors qu'il était prévu début avril». Hayatou a très mal joué...