Le délégué général du festival de Cannes, Thierry Frémaux, et son président, Pierre Lescure, ont dévoilé, jeudi 13 avril, la sélection des films qui seront projetés sur la Croisette du 17 au 28 mai. Le jury chargé d'attribuer la Palme d'or est présidé cette année par le réalisateur espagnol Pedro Almodovar, pour la 70e édition du grand rendez-vous cinématographique français. Sur les dix-huit films sélectionnés pour la compétition officielle, quatre sont signés par des réalisateurs français : 120 battements par minute, de Robin Campillo, Le Redoutable, de Michel Hazanavicius, Rodin, de Jacques Doillon et L'Amant double, de François Ozon, dont une première bande-annonce a été révélée dans la foulée de l'annonce de sa sélection. Hors compétition, Les Fantômes d'Ismaël, d'Arnaud Desplechin, aura le privilège d'être projeté pour le soir de la cérémonie d'ouverture du festival. Les habitués au rendez-vous Dix-huit films se disputeront la Palme d'or, lors de ce 70e festival de Cannes. L'Autrichien Michael Haneke, déjà sacré à Cannes pour Le Ruban blanc en 2009 et Amour en 2012, les Américains Sofia Coppola et Todd Haynes, le Russe Andreï Zviaguintsev, l'Allemand Fatih Akin et la Japonaise Naomi Kawade fouleront une nouvelle fois le tapis rouge. Le pari gagnant de Netflix Déjà convié aux Oscars ou aux Golden Globes, Netflix devient le premier service de vidéo à la demande à présenter une production maison sur la Croisette. En effet, deux de ses films seront en compétition : The Meyerowitz Stories, de Noah Baumbach, et Okja de Bong Joon-ho. «Cannes est un laboratoire, a expliqué Thierry Frémaux, cité par un journaliste de Libération. On a un film de cinéma face à nous, pas d'une plateforme. On l'aime, on le montre». Malgré son statut de production Netflix, Okja pourrait toutefois bénéficier d'une sortie en salles, mais la tendance est donnée. Un film en réalité virtuelle, une première Un film en réalité virtuelle de quelques minutes figure pour la première fois dans la Sélection officielle : Carne y arena (Chair et sable), réalisé par Alejandro Gonzalez Inarritu. «La réalité virtuelle est déjà un art», a souligné Thierry Frémaux, lors de l'annonce des films sélectionnés pour la 70e édition. Il n'a pas précisé dans quelle section ce film de six ou sept minutes serait présenté. L'omniprésence de Nicole Kidman L'actrice australienne Nicole Kidman risque de squatter la Croisette, avec quatre œuvres présentées lors de la quinzaine : Les Proies, de Sofia Coppola (compétition officielle) ; The Killing Of A Sacred Deer, de Yorgos Lanthimos (compétition officielle) ; How to Talk to Girls at Parties, de James Cameron Mitchell (hors compétition) et enfin Top of The Lake, la série de Jane Campion (hors compétition). Les séries, invitées surprises Au contraire de Berlin et Toronto, la Croisette avait jusqu'à présent résisté aux projections de séries. Mais le cru 2017 va faire une exception pour ses réalisateurs fétiches Jane Campion et David Lynch. Les nouvelles saisons de Top of the lake et Twin Peaks y seront présentées en avant-première. Grand écran, petit écran... La frontière s'efface plus que jamais entre séries et septième art. Après des années de résistance, le festival de Cannes va organiser pour sa 70e édition qui aura lieu du 17 au 28 mai des projections des suites des feuilletons les plus attendus de l'année. La deuxième saison Top of the lake : China girl de Jane Campion avec Nicole Kidman et Elizabeth Moss sera dévoilée dans son intégralité -sept épisodes-, tandis que la mystérieuse troisième saison de Twin Peaks de David Lynch montrera ses deux premiers épisodes. La Croisette emboîte ainsi le pas aux festivals de Venise (The Young pope), de Berlin (The night manager) et de Toronto qui incluent depuis plusieurs années des séries dans leur sélection. Le choix du délégué général Thierry Frémaux ne doit rien au hasard. Les deux réalisateurs en question sont des chouchous de Cannes. Jane Campion est la seule femme à avoir reçu la palme d'or pour La leçon de piano. David Lynch a lui aussi remporté la palme d'or en 1990 pour Sailor et Lula, et il est reparti avec le prix de la mise en scène, onze ans plus tard, pour Mulholland Drive. Le réalisateur a même été président du jury en 2002. Une initiative exceptionnelle «C'est parce que ces deux feuilletons sont signés Lynch et Campion que nous montrons leurs films, c'est une façon de donner des nouvelles de quelques cinéastes qui nous sont chers», a souligné Thierry Frémaux qui a écarté l'idée d'une section spécialisée sur les séries à Cannes. Il est donc fort possible que cette «percée» des séries ne se répète pas en 2018. Interrogé sur la tenue future du festival Cannes Séries, le délégué général a espéré que ses dates ne recouperont pas celle du Festival de Cannes 2018. «Séries et cinéma suivent la même narration en images, c'est une progression naturelle», a-t-il noté. Son comparse et président du Festival de Cannes, Pierre Lescure, s'est tout de même étonné de la guerre que se livre Paris, Lille et Cannes pour organiser le premier festival international des séries: «C'est ubuesque d'avoir trois projets concurrents».