Bien que placé sous le sceau de la confidentialité pour une bonne maîtrise des investigations quant à déterminer les implications dans des actes avérés de corruption, des dossiers de corruption n'en finissent pas de citer de près ou de loin des responsables de divers milieux socio-économiques. Plusieurs mois après avoir été rendu public par les unes et les autres parties citées, les dossiers en question prennent des contours insoupçonnés. Les lettres anonymes de dénonciation se multiplient. Certaines sont entreprises dans une tentative de déstabiliser les enquêteurs ou pour entraîner de grossières manipulations de l'opinion publique. Leur contenu dénote que les auteurs sont bien imprégnés des faits proches et lointains qu'ils tentent de retourner à leur avantage. Ce qui ne semble pas perturber le moins du monde les investigations lancées depuis des semaines sur instruction du procureur général près la Cour de justice d'Annaba. A ce niveau, le principe «du faire et laisser braire» est appliqué dans son sens le plus large. Jamais de mémoire d'administré judiciaire, le parquet général de cette wilaya n'a été traversé par une réelle volonté de rendre la justice conforme au droit et aux lois de la République. Arguant du secret de l'instruction du dossier, le premier responsable local de la justice se refuse à toute déclaration aux représentants de la presse. Il reste néanmoins que ca bouge dans le bon sens à la Cour de justice d'Annaba où la coordination des efforts magistrats-police- gendarmerie donne des résultats positifs dans le sens voulu par le parquet. Au-delà de l'arrestation et mise sous mandat de dépôt en un mois (du 4 avril au 3 mai 2017) de 853 justiciables (353 par les services de police et 300 par la Gendarmerie) définitivement condamnés à différentes peines de prison dont 2 condamnations à mort, il y a la multitude d'affaires judiciaires traitées. S'y mêlent divers délits à caractère pénal ou criminel impliquant non seulement des justiciables anonymes mais aussi, des magistrats en charge de chambres spécialisées, de tribunaux, des membres du barreau, auxiliaires de justice et autres experts comptables, fonciers... Ces pratiques qui ont porté préjudice à l'équilibre socio-économique de la wilaya et même de la région devrait prendre fin dans les prochaines semaines. C'est ce que révèlent nos sources généralement bien informées. Les prémices du renouveau sont perceptibles à plusieurs niveaux. A Annaba notamment où les projets socio-économiques en cours sont suivis au jour le jour par le secrétaire général de la wilaya chargé d'assurer les fonctions de wali. En poste depuis des années, ce fonctionnaire sait à quoi s'en tenir en ce qui concerne les problèmes posés et les solutions à appliquer pour y mettre un terme. La désignation, le mois d'août 2016 du procureur général Ahmed Rahim, a consolidé les moyens mis en place pour engager le combat contre la corruption et les corrompus. Il n'a pas fallu longtemps à ce magistrat expérimenté pour prendre la mesure des personnages véreux qui sévissent dans la wilaya. Il les a publiquement déclarés «persona non gratta» dans les structures locales du ministère de la Justice. Proches des cercles du pouvoir, certains avaient cru qu'ils étaient encore en mesure d'influencer sur le déroulement des affaires traitées par le parquet d'Annaba. Leur mise à l'écart leur a été signifiée lors du procès des 9 cadres de la DLEP. Dans le lot, il y avait même un président de Cour en poste dans une autre région du pays. Conduite par le procureur général Ahmed Rahim, la nouvelle équipe de jeunes magistrats ne s'était pas laissé impressionner et encore moins intimider en prononçant de sévères peines de prions et amendes à l'encontre de 7 des 9 accusés. Il a été retenu à leur encontre la dilapidation de deniers publics portant sur 3 milliards DA destinés au projet de réalisation du pôle universitaire d'El-Bouni, D'autres affaires judiciaires devaient confirmer la qualité «d'incorruptible» des magistrats de la Cour de justice d'Annaba. Les rares tentatives de corruption enregistrées, depuis, avaient été rapidement annihilées et leurs auteurs interpellés. .A l'exemple de celle dite de «l'expert foncier». Outre cet auxiliaire de justice et un secrétaire d'avocat, des magistrats à différents niveaux de la hiérarchie judiciaire locale ont été également cités. Ils sont impliqués dans une affaire foncière pour laquelle une des deux parties en conflit paraissait être prête à répondre favorablement au versement des 30 millions DA. Ce montant lui avait été exigé par le magistrat pour prétendre récupérer son bien. Dans le rapport d'enquête de la police judiciaire, il est dit que la victime a saisi le procureur général de la transaction. S'en était suivie la mise en place d'une souricière pour surprendre en flagrant délit le magistrat corrompu au moment où il percevait 1 million DA au titre d'avance sur les 30 millions exigés. Dans le même rapport, il est précisé que rien n'a été fait qui puisse faire penser à un délit provoqué. Tout ce remue-ménage au sein de la Cour de justice avait sérieusement inquiété le secrétaire général de cette institution. Dans une tentative d'éviter des poursuites judiciaires pour détournement des deniers publics se chiffrant par dizaines de millions DA, ce cadre administratif de justice avait demandé à être relevé de ses fonctions. «Pour des problèmes de santé», avait-il argumenté sa demande de mise à l'écart du poste qu'il occupe depuis des années au titre d'ordonnateur, utilisateur et payeur de toutes les acquisitions réalisées pour le compte des structures de la justice d'Annaba. Ses agissements n'ont pas échappé au procureur général. Selon nos sources, ce dernier aurait diligenté une enquête qui lui a permis de relever des facturations abusives de la moindre petite acquisition jusqu'aux grands travaux de construction en passant par les équipements informatiques et les frais de restauration des membres lors des sessions de la cour criminelle.