Le dossier des deux avocates du barreau de Annaba, directement impliquées dans une grosse affaire d'escroquerie de logements sociaux, fait l'objet de larges discussions, tant à Annaba où elle a été dénoncée, qu'à travers les institutions judiciaires de toutes les régions du pays. Les deux avocates sont visées par plusieurs plaintes déposées par des citoyens. D'autres continuent d'affluer au parquet de la Cour de justice. A l'appui de leurs accusations, les victimes mettent en avant les reçus cachetés et signés par les deux mises en cause qui, ont-ils affirmé, les ont flouées. En contrepartie d'un logement social neuf dont elles s'étaient engagées à remettre les clefs, ces avocates leur ont soutiré plusieurs millions de dinars. «Le long retard mis par le parquet à prendre en charge cette affaire est inqualifiable. Rien ne l'explique, d'autant que nos plaintes sont appuyées sur des correspondances, que l'une et l'autre avocate, nous ont remises en guise de justificatifs de versement. Les plaintes ont été remises au procureur général de la Cour de justice d'Annaba. A ce jour, il n'y a aucune suite, ont affirmé plusieurs victimes interrogées à leur sortie des services du parquet de Annaba. Contacté, le procureur général, installé depuis quelques jours, s'est limité à dire que le dossier suit son cour normal. Ce qui n'a pas empêché des questionnements sur le silence autour de cette affaire. De par l'implication directe, des deux avocates, elle a fait et continue de faire un grand bruit. La fréquentation assidue du prétoire par les deux avocates mises en cause par les plaintes, accentue cette inquiétude. Les plaignants ne comptent pas en rester là. Ils prévoient des démarches pour alerter l'opinion publique nationale, et le président de la République, ainsi que le ministre de la Justice pour faire la lumière sur cette affaire. Cinq autres plaintes pour divers délits à l'encontre d'un même nombre d'avocats ont été déposées. Ces affaires interviennent à un moment où la Cour de justice d'Annaba, a entamé une opération de réorganisation en profondeur de ses services. S'en est suivi un remue-ménage avec le changement (départs/arrivées) de magistrats à différents postes de responsabilité. Ce mouvement n'a pas échappé aux membres du barreau et aux citoyens. Les uns et les autres sont unanimes à reconnaître qu'il y a une nette amélioration dans la gestion des services de la Cour de justice de Annaba. L'on est loin de l'anarchie des précédentes années où le siège de cette institution, comme ceux des tribunaux, s'étaient transformés en souks. De l'avis de ses pairs, membres du bâtonnat, effectifs administratifs et autres intervenants assermentés, depuis son installation, le nouveau procureur général Ahmed Rahim a multiplié les initiatives. Ce qui lui a permis, en quelques semaines, de dégripper une justice locale ankylosée par le poids du clientélisme et des lobbies. Ce magistrat a réussi à mettre un terme aux lenteurs proverbiales de l'administration judiciaire locale. Il a réussi à insuffler de l'énergie à ses proches collaborateurs. Tant au niveau du parquet et des différents tribunaux, dont ceux spécialisés, qu'au centre de rééducation El Bouni. Il est aussi question de désengorgement des cellules et d''amélioration des conditions de vie des détenus. Ce faisant, le nouveau staff répond ainsi à la volonté réaffirmée du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Tayeb Louh de poursuivre les efforts engagés pour la modernisation de la justice. Ce qui atteste, à Annaba, une présence assidue, à leurs postes de travail, et le respect des horaires de travail des effectifs, dont les magistrats sans distinction de grade ou de prérogatives. Il en a résulté une réelle amélioration de la réception des justiciables et l'accélération des procédures judiciaires. La nouveauté réside dans l'ouverture d'un bureau d'aide juridictionnelle près la Cour suprême. Il permet aux justiciables de saisir d'un recours la Cour suprême, même à quelques minutes de la fermeture de l'institution et des délais prévus pour cette démarche. Connu pour être un point de chute des justiciables douteux de la région, la Cour de Justice de Annaba a repris ses lettres de noblesse. Un résultat rendu possible grâce à la transparence qui caractérise les activités des magistrats. L'on est loin des pratiques des précédentes années à l'origine, des suspicions généralisées de corruption. Les audiences «privées» de justiciables, et les nantis, qui n'ont aucune faveur aujourd'hui. Le mardi, et durant toute la journée, tout citoyen est en mesure de prendre langue avec le le «PG» pour soulever son problème. «Au même titre que nombre de justiciables, j'ai été étonné d'être reçu par le procureur général en personne. Le problème que j'ai posé a été rapidement pris en charge. C'est l'avis de plusieurs citoyens qui, comme moi, avaient désespéré être traités comme des citoyens ayant des droits » a indiqué un père de famille affirmant être victime d'une injustice.