Moïse lui dit : "Tu es certes un provocateur déclaré". Quand il voulut porter un coup à leur ennemi commun, il (l'israélite) dit : "Ô Moïse, veux-tu me tuer comme tu as tué un homme hier ? Tu ne veux être qu'un tyran sur terre ; et tu ne veux pas être parmi les bienfaiteurs". Et c'est alors qu'un homme vint du bout de la ville en courant et dit : "Ô Moïse, les notables sont en train de se concerter à ton sujet pour te tuer. Quitte (la ville). C'est le conseil que je te donne". Il sortit de là, craintif, regardant autour de lui. Il dit : "Seigneur, sauve-moi de (ce) peuple injuste !" » (28, 15-21) Le lendemain, Moïse craignit que Pharaon et les notables n'apprennent qu'il avait tué un copte la veille pour venir au secours d'un juif. S'ils l'apprenaient, leurs doutes se renforceraient quant à l'origine juive de Moïse et cela pourrait avoir de graves conséquences. Il marchait donc dans les ruelles de la ville «craintif et regardant autour de lui». Tout à coup, l'israélite qu'il avait secouru la veille l'appela à grands cris pour le secourir contre un autre copte. Moïse l'admonesta alors et lui reprocha sa tendance au mal et à la dispute. Il lui dit : «Tu es certes un provocateur déclaré». Ensuite, Moïse se précipita sur le copte qui était son ennemi et celui de l'is-raélite, pour l'empêcher de faire du mal à ce dernier. Le copte dit alors : «Ô Moïse, veux-tu me tuer comme tu as tué un homme hier ? Tu ne veux être qu'un tyran sur terre ; et tu ne veux pas être parmi les bienfaiteurs ». Certains exégètes ont dit que ce sont là les propos de l'israélite car il avait vu ce que Moïse avait fait la veille au copte, et il croyait qu'il allait le frapper à cause de sa conduite. Le copte sut alors ce qui s'était passé la veille, et alla dénoncer Moïse à Pharaon. C'est là l'opinion admise généralement par les commentateurs. Il est cependant probable que ces propos soient dus au copte qui, voyant Moïse se diriger vers lui, prit peur et lui dit cela en supposant que c'était peut-être lui le meurtrier du copte tué la veille. Il se peut aussi qu'il ait compris cela en entendant l'israélite appeler Moïse à son secours. Et Dieu est le plus Savant. Quoi qu'il en soit, informé du forfait de Moïse, Pharaon envoya ses hommes à sa recherche. Mais, un homme qui voulait du bien à Moïse les précéda et « vint du bout de la ville en courant ». Il lui dit : « Ô Moïse, les notables sont en train de se concerter à ton sujet pour te tuer. Quitte (la ville). C'est le conseil que je te donne ». Dieu dit ensuite : « Il sortit de là, craintif, regardant autour de lui » ; c'est-à-dire qu'il sortit précipitamment de la capitale d'Egypte sans savoir où il allait et quel chemin prendre en disant : « Seigneur, sauve-moi de (ce) peuple injuste ! Et lorsqu'il se dirigea vers Madyan, il dit : "Je souhaite que mon Seigneur me guide sur la voie droite". Et quand il fut arrivé au point d'eau de Madyan, il y trouva un attroupement de gens abreuvant (leurs bêtes) et il trouva aussi deux femmes se tenant à l'écart et retenant (leurs bêtes). Il dit : "Que voulez-vous ?" Elles dirent : "Nous n'abreuverons que quand les bergers seront partis ; et notre père est fort âgé". Il abreuva (les bêtes) pour elles puis retourna à l'ombre et dit : "Seigneur, j'ai grand besoin du bien que tu feras descendre vers moi." » (28, 22-24). Dieu rappelle ici la sortie précipitée de son Messager de la terre d'Egypte. Il avait peur et regardait de tous les côtés, de peur que les soldats de Pharaon ne le voient et ne le capturent. Il ne savait pas où aller, car il n'avait jamais quitté l'Egypte. « Et lorsqu'il se dirigea vers Madyan, il dit : "Je souhaite que mon Seigneur me guide sur la voie droite" » ; c'est-à-dire, pourvu que ce chemin me mène là où je serai en sécurité. Et il en rut ainsi, puisqu'il atteignit son but. « Et quand il fut arrivé au point d'eau de Madyan » : il s'agissait d'un puits et Madyan était la ville où avait vécu le peuple de Shu'ayb, sur lui le salut, les gens d'al-Ayka. Leur extermination a eu lieu avant l'époque de Moïse, selon une version des exégètes. Arrivé au point d'eau, « il y trouva un attroupement de gens abreuvant (leurs bêtes) et il trouva aussi deux femmes se tenant à l'écart et retenant leurs bêtes ». Les gens du Livre prétendent qu'elles étaient sept filles, or c'est une erreur de leur part car même s'il est possible que ces deux filles aient cinq sœurs, elles n'étaient pas venues avec elles abreuver les bêtes. « Il dit ; "Que voulez-vous ?" Elles dirent : "Nous n'abreuverons que quand les bergers seront partis ; et notre père est fort âgé" » ; c'est-à-dire : nous ne pourrons abreuver nos bêtes que lorsque les bergers seront partis, car nous sommes sans défense et nous ne faisons cela que parce que notre père est fort âgé et faible. Dieu dit : « D abreuva (les bêtes) pour elles ». Les exégètes ont dit : Lorsque les bergers finissaient de donner à boire à leurs bêtes, ils avaient pour habitude de mettre une grosse pierre sur l'ouverture du puits ; après leur départ, les deux filles donnaient à boire à leurs bêtes l'eau qui restait dans les abreuvoirs. Or, ce jour-là, Moïse enleva cette pierre tout seul, abreuva le troupeau des deux filles avant de remettre la pierre à sa place. Le commandeur des croyants sUmar a dit : « Il fallait dix hommes pour déplacer cette pierre ». Moïse alla ensuite se reposer sous l'ombre d'un arbre de jonc. Ibn Jarîr a rapporté, d'après Ibn Mas'ûd, qu'il regardait cet arbre verdoyant s'agiter et dit : « Seigneur, j'ai grand besoin du bien que Tu feras descendre vers moi ». Ibn 'Abbâs a dit : « Il alla de l'Egypte jusqu'à Madyan sans manger autre chose que des légumes et des feuilles d'arbre. Pieds nus, il s'assit à l'ombre de l'arbre, lui, l'élu de Dieu parmi ses serviteurs, le ventre collé au dos, tellement la faim le tenaillait. La couleur verte des légumes qu'il mangeait se reflétait dans son ventre et il avait un grand besoin ne serait-ce que d'une moitié de datte ». 'Atâ' Ibn as-Sâ'ib a dit que lorsqu'il a dit : « "Seigneur, j'ai grand besoin du bien que Tu feras descendre vers moi", l'une des deux filles l'entendit : "Puis l'une des deux femmes vint à lui, d'une démarche timide, et lui dit : 'Mon père t'appelle pour te récompenser d'avoir abreuvé (nos bêtes) pour nous.' Et quand il fut venu auprès de lui et qu'il lui eut raconté son histoire, il (le vieillard) dit : 'N'aie aucune crainte ; tu as échappé aux gens injustes'. L'une d'elles dit : "ô mon père, engage-le (à ton service) moyennant salaire, car le meilleur à engager c'est celui qui est fort et digne de confiance". Il dit : "Je voudrais te marier à l'une de mes deux filles que voici, à condition que tu tra¬vailles à mon service durant huit ans. Si tu achèves dix (années), ce sera de ton bon gré ; je ne veux cependant rien t'imposer d'excessif. Tu me trouveras, si Dieu le veut, du nombre des gens de bien". "C'est (conclu) entre toi et moi, dit (Moïse). Quel que soit celui des deux termes que je m'assigne, il n'y aura nulle pression sur moi. Et Dieu est Garant de ce que nous disons." » (28, 25-28). Lorsque Moïse, sur lui le salut, s'assit à l'ombre de l'arbre et dit : « Seigneur, j'ai grand besoin du bien que Tu feras descendre vers moi », les deux femmes l'entendirent et retournèrent auprès de leur père. On rapporte que ce dernier leur demanda pourquoi elles étaient revenues plus tôt qu'à l'ordinaire, elles lui racontèrent alors ce qui s'était passé avec Moïse, sur lui le salut. Il demanda à l'une d'elles de le faire venir. « L'une des deux femmes vint à lui, d'une démarche timide» ; c'est-à-dire à la manière des femmes nobles. 'Umar, que Dieu l'agrée, a dit : « Elle se couvrait le visage avec le manche de sa chemise ». « Elle dit : "Mon père t'appelle pour te récompenser d'avoir abreuvé (nos bêtes) pour nous" ». Elle a dit cela afin que ses propos ne soient pas équivoques. Cela est une preuve de sa grande pudeur. « Et quand il fut venu auprès de lui et qu'il lui eut raconté son histoire », c'est-à-dire sa fuite précipitée par crainte de Pharaon et de ses soldats ; le vieillard lui dit alors : « N'aie aucune crainte : tu as échappé aux gens injustes », c'est-à-dire : tu n'es plus à leur merci, puisque tu n'es plus sous l'autorité de leur pouvoir et de leur Etat. Les exégètes ont divergé sur l'identité de ce vieillard ; ainsi a-t-on rapporté qu'il s'agissait du Prophète Shu'ayb, sur lui le salut, lui-même. Cette opinion est la plus courante, et elle a été avancée notamment par al-Hasan al-Basrî et Mâlik Ibn Anas. Un hadith dont la chaîne de transmission est discutable affirme la même chose. D'autres ont soutenu que Shu'ayb a vécu longtemps après la disparition de son peuple et a rencontré Moïse à qui il donna sa fille en mariage. Ibn Abu Hâtim ainsi que d'autres tradition-nistes ont rapporté, d'après al-Hasan al-Basrî, que ce vieillard s'appelait réellement Shu'ayb et était responsable de l'eau au sein de son peuple, mais il ne s'agissait pas du Prophète Shu'ayb, le compagnon des Madyanites. On rapporte aussi qu'il s'appelait Jéthro, comme le rapportent les gens du Livre, et qu'il était le grand prêtre et le sage de Madyan. Ibn 'Abbâs et Abu 'Ubayda Ibn 'Abdullâh ont dit qu'il s'appelait Jéthro ; Abu 'Ubayda a ajouté qu'il était le neveu de Shu'ayb, et Ibn 'Abbâs a ajouté qu'il était l'homme de Madyan. L'essentiel est qu'après l'avoir accueilli, hébergé et après avoir écouté les péripéties de sa fuite, il apaisa les craintes de Moïse en lui annonçant qu'il était maintenant à l'abri. C'est alors qu'une des filles du vieillard dit à son père : «Ô mon père, engage-le (à ton service)» ; c'est-à-dire pour qu'il mène paître tes moutons ; elle fit son éloge en disant de lui qu'il était fort et digne de confiance. 'Umar, Ibn 'Abbâs, le juge Shurayh, Abu Mâlik, Qatâda, Muhammad Ibn Ishâq et d'autres ont dit : «Lorsqu'elle a fait l'éloge de Moïse, son père lui a dit : «Comment sais-tu cela ?» elle répondit : «Il a soulevé un rocher qui ne peut l'être que par dix hommes ; en outre, tandis que je le conduisais chez nous, il m'a dit : marche derrière moi et si tu vois que je ne suis pas le bon chemin, indique-le-moi en me jetant de petits cailloux vers la direction à suivre.» Ibn Mas'ûd a dit : « Les plus perspicaces des gens sont au nombre de trois : l'homme qui acheta Joseph, alors enfant, et qui a dit à son épouse : "Accorde-lui une généreuse hospitalité" ; la femme qui a dit au sujet de Moïse : "Ô mon père, engage-le (à ton service) moyennant salaire, car le meilleur à engager c'est celui qui est fort et digne de confiance" ; et Abu Bakr lorsqu'il confia le califat après lui à 'Umar." » « Il dit : "Je voudrais te marier à l'une de mes deux fil¬les que voici, à condition que tu travailles à mon service durant huit ans. Si tu achèves dix (années), ce sera de ton plein gré ; je ne veux cependant rien t'imposer d'excessif. Tu me trouveras, si Dieu le veut, du nombre des gens de bien." » Les disciples d'Abû Hanîfa s'appuient sur cette partie de ce verset - « l'une de mes deux filles que voici » - pour affirmer qu'il est permis de dire : « Je te vends un de ces deux esclaves ou un de ces deux vêtements ou autre chose du même genre ». Mais cela est discutable. (Moïse). Quel que soit celui des deux termes que je m'assigne, et il n'y aura nulle pression sur moi. Et Dieu est Garant de ce que nous disons. » (28, 28) Moïse a accepté la proposition de son futur beau-père en son âme et conscience et a pris Dieu comme Garant de ce qu'ils ont convenu ensemble. Mieux encore, il a respecté pleinement son engagement, c'est-à-dire en restant dix ans et non huit à son service. Al-Bukhârî a rapporté, d'après Sa'îd Ibn Jubayr : « Un juif de Hïra m'a interrogé pour savoir si Moïse était resté dix ou huit ans, je lui ai répondu que je ne savais pas mais que j'al¬lais interroger à ce sujet l'érudit des Arabes, Ibn 'Abbâs. Quand j'ai posé la question à ce dernier il m'a répondu que Moïse avait accompli le délai le plus long et le meilleur, car lorsqu'un Messager de Dieu dit quelque chose, il s'y tient. »'. Ibn Jarîr a rapporté, d'après Ibn ' Abbas, que l'Envoyé de Dieu, sur lui la grâce et la paix, a dit ; « J'ai demandé à Gabriel : "Laquelle des deux durées Moïse a-t-il accomplie ?" Il m'a répondu : "La plus complète et la plus achevée" ». Dieu dit ensuite : « Puis, lorsque Moïse eut accompli la période convenue et qu'il se mit en route avec sa famille, il vit un feu du côté du Mont. Il dit à sa famille ; "Demeurez ici. J'ai vu du feu. Peut-être vous en apporterai-je une nouvelle ou un tison de feu afin que vous vous réchauffiez". Puis quand il y arriva, on l'appela, du flanc droit de la vallée, dans la place bénie, à partir de l'arbre : "Ô Moïse ! C'est Moi Dieu, le Seigneur de l'Univers". Et : "Jette ton bâton" ; Puis, quand il le vit remuer comme si c'était un serpent, il tourna le dos sans même se retourner. "Ô Moïse ! Approche et n'aie pas peur ; tu es du nombre de ceux qui sont en sécurité. Introduis ta main dans l'ouverture de ta tunique : elle sortira blanche sans aucun mal. Et serre ton bras contre toi pour ne pas avoir peur. Voilà donc deux preuves de ton Seigneur pour Pharaon et ses nota¬bles. Ce sont vraiment des gens pervers. » (28, 29-32). Nous avons vu plus haut que Moïse avait accompli la plus complète des périodes convenues d'après la parole de Dieu : « Lorsque Moïse eut accompli la période convenue ». D'après Mujâhid, il aurait accompli une période de dix ans à laquelle il aurait ajouté dix autres années. Cette parole de Dieu : « et qu'il se mit en route avec sa famille », veut dire qu'il quitta les terres de son beau-père en direction de l'Egypte pour rendre, selon les exégètes, visite à sa famille sans qu'il soit reconnu. Au cours de ce périple avec sa famille et ses enfants, il perdit le chemin par une nuit obscure et froide ; c'est alors qu'il aperçut un feu qui scintillait du versant droit du mont Thor. Il dit à sa famille : « Demeurez ici. J'ai vu un feu ». C'est comme si ce feu - et Dieu est plus Savant - n'était vu que par Moïse, car ce feu était en réalité la lumière de la Vérité et il ne sied pas à n'importe qui de la discerner. « Peut-être vous apporterai-je une nouvelle », c'est-à-dire que je pourrai peut-être trouver une personne qui nous indiquera le bon chemin. « Ou un tison de feu afin que vous vous réchauffiez » : cela montre qu'ils s'étaient égarés du chemin par une nuit froide et obscure selon l'autre verset : « Le récit de Moïse t'est-il parvenu ? Lorsqu'il vit du feu, il dit à sa famille : "Restez ici ! Je vois du feu de loin ; peut-être vous en apporterai-je un tison, ou trouverai-je auprès du feu de quoi me guider." » (20, 9-10). Tous ces faits sont rappelés dans la sourate 27 (Les Fourmis) ; « (Rappelle) quand Moïse dit à sa famille : "J'ai aperçu un feu ; je vais vous en apporter des nouvelles, ou bien je vous apporterai un tison allumé afin que vous vous réchauffiez." » (27, 7). En effet, Moïse leur apporta des nouvelles - et quelles nouvelles ! - : il trouva auprès de ce feu un Guide - et quel Guide ! - ; il apporta une lumière - et quelle lumière ! Dieu dit : «Puis quand il y arriva, On l'appela, du flanc droit de la vallée, dans la place bénie, à partir de l'arbre : "Ô Moïse ! C'est Moi Dieu, le Seigneur de l'Univers !» (28,30). Dieu dit ailleurs : «Lorsqu'il y arriva, On l'appela - béni soit Celui qui est dans le feu et Celui qui est tout autour, et gloire à Dieu, Seigneur de l'Univers. » (27,8) ; c'est-à-dire gloire à Dieu qui fait et décrète ce qu'il veut. «Ô Moïse, c'est Moi, Dieu le Tout-Puissant, le Sage.» (27,9). « Puis, lorsqu'il y arriva, il fut interpellé : "Moïse ! Je suis ton Seigneur. Enlève tes sandales : car tu es dans la vallée sacrée de Tuwa. Moi, Je t'ai choisi. Ecoute donc ce qui va être révélé. Certes, c'est Moi Dieu : point de divinité que Moi. Adore-Moi donc et accomplis la prière pour te souvenir de Moi. L'Heure va certes arriver. Je la cache à peine, pour que chaque âme soit rétribuée selon ses efforts. Que celui qui n'y croit pas et qui suit sa propre passion ne t'en détourne pas. Sinon tu périras. » (20, 11-16). De nombreux exégètes parmi les anciens et les modernes ont dit que lorsque Moïse se dirigea vers le feu qu'il avait aperçu, il vit qu'il flamboyait dans une ronce verte. Plus le feu s'embrasait et plus la verdure de l'arbrisseau resplendissait. Moïse resta là à regarder avec étonnement ce phénomène. L'arbrisseau se trouvait sur le versant ouest d'un Mont. Dieu dit : « Tu n'étais pas sur le versant ouest (du Sinaï), quand Nous avons décrété les commandements à Moïse ; tu n'étais pas parmi les témoins.» (28, 44) Moïse était dans la vallée appelée Tuwa ; il faisait face à la Qibla et l'arbrisseau se trouvait à sa droite du côté ouest du Mont. Dieu l'interpella alors et lui ordonna d'enlever, au préalable, ses sandales, par respect et considération pour cet endroit sacré. Les gens du Livre disent qu'il avait mis sa main sur son visage devant l'intensité de la lumière émanant de l'arbrisseau, pour préserver sa vue ; ensuite Dieu, exalté soit-H, s'adressa à Lui en ces termes : « C'est Moi Dieu, le Seigneur de l'Univers ! » (28, 30) ; « C'est Moi Dieu : point de divinité que Moi. Adore-Moi donc et accomplis la prière pour te souvenir de Moi. » (20, 14) ; c'est-à-dire : Je suis le Seigneur de l'Univers, en dehors duquel il n'y a aucun autre dieu ; et la prière de même que tout acte d'adoration ne sont valables que s'ils Me sont consacrés. Il l'informa ensuite que ce bas monde n'est pas la demeure où l'on peut éternellement se fixer ; la demeure impérissable se trouve dans l'au-delà, et c'est pour cela que l'Heure arrivera inéluctablement : « pour que chaque âme soit rétribuée selon ses efforts » ; c'est-à-dire bons ou mauvais. Dieu incita alors Moïse à œuvrer pour cette vie ultime et à ne pas suivre ceux qui n'y croient pas, désobéissent à leur Seigneur et suivent leurs passions. Puis, Il s'adressa à lui sur un ton empreint d'intimité en lui indiquant qu'il est Celui qui est Capable de tout, qui dit à une chose « sois ! » et elle est « Et qu'est-ce qu'il y a dans ta main droite Ô Moïse ?» (20, 17). Il lui répondit : « C'est mon bâton sur lequel je m'appuie, qui me sert à effeuiller (les arbres) pour mes moutons et j'en fais d'autres usages » (20, 18). Dieu lui dit : « Jette-le, Ô Moïse !". Il le jeta et le voici un serpent qui rampait » (20,19-20). C'est un fait extraordinaire et une preuve évidente qui montrent qu'il suffisait à l'Interlocuteur de Moïse de dire à la chose « sois ! » et elle est. Il est Celui qui fait ce qu'il veut. Les gens du Livre disent que Moïse a demandé à Dieu de lui accorder des preuves de sa mission pour ceux qui en doute¬raient. Dieu lui dit alors : « "Qu'est-ce qu'il y a dans ta main, Ô Moïse ?" Il lui répondit : "C'est mon bâton". Il lui dit : "Jette-le par terre" ; "Il le jeta ; et le voici un serpent qui rampait" » (20, 20). Moïse s'enfuit en voyant son bâton devenir un serpent ; mais Dieu le rappela et lui ordonna de saisir le serpent par la queue ; il fit ce qu'il lui ordonna et voilà que le serpent redevint le bâton qu'il était. Dieu dit dans un autre verset : « "Et jette ton bâton" ; puis quand il le vit remuer comme si c'était un serpent, il tourna le dos » (28, 31) ; ce serpent a donc allié la forme impressionnante à la rapidité de mouvement. A la vue de ce miracle, Moïse fut pris de panique et se sauva. Dieu l'appela alors : « Ô Moïse ! Approche et n'aie pas peur ; tu es du nombre de ceux qui sont en sécurité.» (28, 31) Lorsqu'il revint, le Seigneur lui ordonna de le saisir dans sa main : « Saisis-le et ne crains rien : Nous le ramènerons à son état premier. » (20,21) On rapporte qu'il éprouva une grande frayeur à la vue de cette transformation et qu'il mit sa main dans la manche de sa robe avant de la placer dans la bouche du serpent. D'après les gens du Livre, il l'avait pris par sa queue et aussitôt il redevint un bâton à deux branches comme il était avant. Gloire à celui qui peut faire tout ce qu'il veut, le Puissant, le Seigneur des Orients et des Occidents. Dieu ordonna ensuite à Moïse d'introduire sa main dans l'ouverture de sa tunique puis de la faire sortir, et la voilà qui scintillait comme la lune, « sans aucun mal » ; c'est-à-dire sans être atteinte de lèpre ou d'autre maladie. C'est pour cela qu'il dit : « Introduis ta main dans l'ouverture de ta tunique ; elle sortira blanche sans aucun mal. Et serre ton bras contre toi pour ne pas avoir peur » (28, 32). On rapporte que cela veut dire : Si tu as peur, mets ta main sur ton cœur et il s'apaisera. Même si cela est spécifique à Moïse, il n'en demeure pas moins que la bénédiction de la foi véritable et sincère en Dieu est utile à qui est saisi de frayeur et utilise cette méthode imitant ainsi les Prophètes. Dieu dit dans la sourate 27 (Les fourmis) : « Et introduis ta main dans l'ouverture de ta tunique. Elle sortira blanche et sans aucun mal - un des neuf prodiges à Pharaon et à son peuple, car ils sont vraiment des gens pervers. » (27, 12) Il s'agit de deux signes, le bâton et la main, qui sont les deux preuves citées ailleurs : « Voilà donc deux preuves de ton Seigneur pour Pharaon et ses notables. Ce sont vrai-ment des gens pervers. » (28, 32) À ces deux prodiges s'ajoutent sept autres, ce qui fait en tout neuf signes, ceux-là même mentionnés à la fin de la sourate 17 (Le voyage noc¬turne) : « Et certes, Nous donnâmes à Moïse neuf miracles évidents. Demande donc aux Enfants d'Israël, lorsqu'il leur vint et que Pharaon lui dit : "O Moïse, je pense que tu es ensorcelé". Il dit ; "Tu sais fort bien que ces choses (les miracles), Seul le Seigneur des Cieux et de la Terre les a fait descendre comme autant de preuves illuminantes ; et certes, Ô Pharaon, je te crois perdu." » (17, 101-102) (A suivre)