At-Tirmidhî ainsi que d'autres traditionnistes ont rapporté dans cette optique que le Prophète a dit ; «Prenez garde à la perspicacité du croyant, car il voit avec la lumière de Dieu.» Il récita ensuite : «Voilà vraiment des preuves pour ceux qui savent observer» (15, 75) et cet autre verset : «Elle (cette ville) se trouvait sur un chemin connu de tous» (15, 76) ; c'est-à-dire sur une route connue de tous et empruntée jusqu'à aujourd'hui, comme 11 dit : «Et vous passez certainement auprès d'eux le matin et la nuit. Ne raisonnez-vous donc pas ?» (37, 137-138). Dieu dit également : «Et certainement, Nous avons laissé (des ruines de cette cité) un signe (d'avertissement) évident pour des gens qui comprennent.» (29, 35) ; «Nous en fîmes sortir alors ce qu'il y avait comme croyants, mais Nous n'y trouvâmes qu'une seule maison de gens soumis. Et Nous y laissâmes un signe pour ceux qui redoutent le douloureux châtiment.» (51, 35-37) ; c'est-à-dire que Dieu a fait de cette ville un exemple et une source d'enseignements pour ceux qui appréhendent le châtiment de l'au-delà, crai-gnent le Miséricordieux bien qu'ils ne Le voient pas, redoutent de comparaître devant leur Seigneur, préservent leurs âmes de la passion, renoncent aux interdits de Dieu et à la dés-obéissance et craignent de ressembler au peuple de Loth. Le peuple de Madyan était un peuple d'origine arabe qui habitait la ville du même nom, une cité située dans la région de Ma'ân dans les confins de la Grande Syrie (le Shâm), du côté de la région du Hijâz, près du lac du peuple de Loth. Ils vécurent peu de temps après le peuple de Loth, Les Madyanites sont une tribu qui a donné son nom à la ville de Madyan. Ils descendent de Madyan, fils Madyan, fils d'Abraham, sur lui le salut. Leur Prophète, Shu'ayb, est le fils de Mîkîl, fils de Yashjun, comme l'a mentionné Ibn Ishâq. Ibn 'Asakir a dit : « Certains disent que sa grand-mère - ou encore sa mère - était la fille de Loth. » On rapporte aussi qu'il était de ceux qui avaient cru en Abraham et avaient émigré avec lui en Syrie. Wahb Ibn Munabbih a dit : "Shu'ayb et Mul'am étaient parmi ceux qui ont cru en Abraham après qu'il eut été jeté dans le feu et qui émigrèrent avec lui en Syrie. Il leur donna en mariage les filles de Loth, sur lui le salut. Tous ces propos sont discutables, et Dieu est le plus Savant. Les gens de Madyan étaient des négateurs qui pratiquaient le brigandage et terrorisaient les voyageurs. Ils adoraient un arbre situé dans un bois agréable formé d'arbres touffus et entrelacés (al-ayka). Ils étaient des fraudeurs, commettant la fraude et la mauvaise mesure dans leur commerce. Dieu leur envoya alors un homme issu d'eux, en l'occurrence l'Envoyé de Dieu Shu'ayb, sur lui le salut, qui les appela à l'adoration de Dieu l'Unique et les mit en garde contre la persistance dans leurs actes infâmes, notamment la fraude dans la mesure et le brigandage. Seul un petit nombre d'entre eux crut en lui, les autres rejetèrent son Message, méritant ainsi un châtiment à la mesure de leurs iniquités. Dieu dit : « Et aux Madyan, leur frère Shu'ayb : "Ô mon peuple, dit-il, adorez Dieu. Pour vous, pas d'autre divinité que Lui. Une preuve vous est venue de votre Seigneur." » (7, 85) Cela signifie qu'une preuve évidente et un argument décisif sur la véracité de mon Message vous sont venus et je suis bien un Envoyé de la part de Dieu. Il s'agit en fait de miracles qu'il opère par la permis-sion et le soutien de Dieu, mais qui ne nous ont pas été détail-lés. « Donnez donc la pleine mesure et le poids et ne donnez pas aux gens moins que ce qui leur est dû. Et ne commettez pas la corruption sur la Terre après sa réforme.» (7,85) Leur Prophète leur a ordonné d'être justes et équitables et il leur a interdit toute forme d'injustice, en leur disant que cela était bénéfique pour eux : « Ce sera mieux pour vous si vous êtes croyants. Et ne vous placez pas sur tout chemin, menaçant... » (7, 85-86) ; c'est-à-dire que vous devez cesser de menacer les gens, de les dépouiller de leurs biens et de vous placer sur les chemins pour effrayer les voyageurs. As-Suddî a dit dans son exégèse que d'après les compa-gnons, ils prenaient le dixième des biens des voyageurs. Shu'ayb, sur lui le salut, leur a dit ensuite sur un ton d'in-jonction ; « O mon peuple, faites équitable ment pleine mesure et plein poids, ne dépréciez pas aux gens leurs valeurs et ne semez pas la corruption sur Terre. Ce qui demeure auprès de Dieu est meilleur pour vous si vous êtes croyants ! Et je ne suis pas un gardien pour vous. » (11,85- 86) Itm 'Abbâs et al-Hasan al-Basrî ont dit à propos de cette partie : « Ce qui demeure auprès de Dieu est meilleur pour vous [...] », c'est-à-dire que les biens de Dieu sont meilleurs pour vous que ce que vous volez aux gens. Ibn Jarîr a dit quant à lui : « Ce qui vous reste comme pro-fits après avoir pesé équitablement, vaut mieux pour vous que de prendre les biens des gens par la fraude. » H attribue cette explication à Ibn 'Abbâs. Ces propos de Shu'ayb ressemblent beaucoup à cette parole de Dieu : « Dis : "Le mauvais et le bon ne sont pas semblables, même si l'abondance du mal te séduit." » (5, 100) ; c'est-à-dire que peu de licite vaut mieux qu'un illicite abondant, car le licite est béni aussi minime soit-il tandis que Dieu refuse Sa bénédiction à l'illicite même s'il est abondant. Dieu dit à ce sujet : « Dieu anéantit l'intérêt usuraire et fait fructifier les aumônes. » (2, 276) L'Envoyé de Dieu, sur lui la grâce et la paix, a abondé dans le même sens : « Ce qui vient de l'intérêt usuraire est appelé à diminuer, même s'il est abondant »'. Le Prophète, sur lui la grâce et la paix, a dit aussi : « L'acheteur et le vendeur ont droit d'option tant qu'ils ne se sont pas séparés. S'ils font preuve de sincérité et ne dissimu-lent rien, leur marché sera béni ; si au contraire ils dissimulent et mentent la bénédiction de leur marché leur sera refusée. »2 C'est pour cela que le Prophète Shu'ayb, sur lui la grâce et la paix, a dit à son peuple : « Ce qui demeure auprès de Dieu est meilleur pour vous. Et je ne suis pas un gardien pour vous » (11,86). Ils lui répondirent : « O Shu'ayb ! Est-ce que ta prière te demande de nous faire abandonner ce qu'adoraient nos ancêtres, ou de ne plus faire de nos biens ce que nous voulons ? Est-ce toi l'indulgent, le droit ?» (11, 87). Méprisants et moqueurs, ils lui ont dit : est-ce cette prière que tu fais qui t'incite à nous ordonner de n'adorer que Dieu, Seul, et de ne plus adorer nos divinités qu'adoraient, avant nous, nos pères et ancêtres ?! De ne plus nous comporter, dans notre commerce et nos ventes et achats comme nous l'avons tou-jours fait et comme cela nous plaît ?! « Est-ce toi l'indulgent, le droit ? ». Ibn 'Abbâs, ainsi que Maymûn Ibn Mahrân, Ibn Jurayj, Zayd Ibn Aslam et Ibn Jarîr ont dit : « Ces ennemis de Dieu se moquaient ainsi de lui ». « Il dit : "Ô mon peuple, voyez-vous si je me base sur une preuve évidente émanant de mon Seigneur, et s'il m'attribue de Sa part une excellente donation ? Je ne veux nullement faire ce que je vous interdis. Je ne veux que la réforme, autant que je le puis. Et ma réussite ne dépend que de Dieu. En Lui je place ma confiance, et c'est vers Lui que je reviens repentant." » ( 11, 88). Shu'ayb leur a tenu des propos affables et susceptibles de toucher leurs sentiments ; il les a invité au Vrai avec une élo-quence persuasive : « Si je me base sur une preuve évidente émanant de mon Seigneur ? » ; c'est-à-dire si je suis réellement envoyé par Dieu, « [...] et s'il m'attribue de Sa part une excellente donation ?» - il entend, par là, la Prophétie et le Message divin que vous ne voulez pas reconnaître, aveugles comme vous êtes. Si vous ne reconnaissez pas cela, que puis-je pour vous ? Ce sont là les mêmes propos tenus par Noé à son peuple comme nous l'avons déjà vu. Quant à cette parole : « Je ne veux nullement faire ce que je vous interdis », c'est-à-dire que je ne vous ordonnerai de faire quelque chose que si je le fais moi-même et je ne vous défendrai rien que je ne délaisse moi-même ! C'est une vertu et une qualité sublime que n'avaient pas les savants parmi les Enfants d'Israël et leurs prêcheurs ignorants à la fin de leur temps. Ensuite, Shu'ayb passe à un ton empreint d'intimidation en disant ; «Ô mon peuple, que votre répugnance et votre hostilité à mon égard ne vous entraînent pas à encourir les mêmes châtiments qui atteignirent le peuple de Noé, le peuple de Hûd, ou le peuple de gâlih et (l'exemple du) peuple de Loth n'est pas éloigné de vous. » (11, 89) En d'autres termes, que votre inimitié et votre opposition à ce que j'ai apporté ne vous incite pas à persister dans votre ignorance et votre égarement, car cela finira par vous attirer le courroux de Dieu et Son châtiment comme ce fut le cas des peuples qui vous ont précédés, négateurs et rebelles qu'ils étaient. Sur le sens de la fin du verset : « Et (l'exemple du) peuple de Loth n'est pas éloigné de vous », on rapporte qu'il entendait que le sort du peuple de Loth remontait à une date relativement récente. On rapporte aussi qu'il voulait dire qu'ils ne vivaient pas loin de l'endroit où résidait auparavant le peuple de Loth. On dit aussi que cela signifiait qu'ils étaient proches du peuple de Loth de par leurs traits et actes : brigandage, usurpation des biens d'autrui par toutes sortes de procédés. Ensuite, Shu'ayb essaya de concilier intimidation et stimulation en leur disant : « Et implorez le pardon de votre Seigneur et repentez-vous à Lui. Mon Seigneur est vraiment Miséricordieux et Plein d'amour. » (11, 90) ; c'est-à-dire : cessez vos pratiques et repentez-vous à votre Seigneur, le Miséricordieux, le Tout-Affectueux ; Il accepte le repentir de qui revient vers Lui même s'il commet les plus grands péchés, car II est plus Miséricordieux envers Ses serviteurs que ne l'est la mère envers ses enfants. Leur réponse fut : « O Shu'ayb, nous ne comprenons pas grand chose à ce que tu dis ; et vraiment nous te considérons comme un faible parmi nous. » (11, 91) Ibn 'Abbâs, Sa'îd Ibn Jubayr et ath-Thawrî avancent l'idée que Shu'ayb était aveugle. Les gens de son peuple lui ont dit : « Si ce n'est ton clan, nous t'aurions certainement lapidé. Et rien ne nous empêche de t'atteindre » (11, 91). Tout cela est dû à leur extrême mécréance et à leur entêtement abominable qui les ont amenés à dire : « Nous ne comprenons pas grand chose à ce que tu nous dis » car nous ne l'aimons pas, nous le rejetons et n'y aspirons point. C'est ce qu'ont dit, au demeurant, les païens de Quraysh au Messager de Dieu, sur lui la grâce et la paix : « Nos cœurs sont voilés contre ce à quoi tu nous appelles, nos oreilles sont sourdes. Et entre nous et toi, il y a une cloison. Agis donc de ton côté ; nous agissons du nôtre. » (41, 5) Par leur parole : « Et vraiment nous te considérons comme un faible parmi nous », ils laissent entendre qu'il était persécuté et abandonné de son peuple ; « Si ce n'est ton clan [...] », c'est-à-dire : n'était-ce la place et la puissance de ta tribu, « [...1 nous t'aurions certainement lapidé ». Shu'ayb leur dit : « Ô mon peuple, mon clan est-il à vos yeux plus puissant que Dieu à qui vous tournez ouvertement le dos ? » ; c'est-à-dire craignez-vous mon clan et ma tribu et me ménagez-vous pour cela, alors que vous tournez ouvertement le dos à Dieu et vous n'avez aucun égard envers moi parce que je suis Son envoyé ? Mon clan est-il plus digne à vos yeux que Dieu ?« Mon Seigneur embrasse (en Sa science) tout ce que vous oeuvrez. » (11, 92) ; c'est-à-dire qu'il sait tout ce que vous faites et vous en récompensera le jour où vous Le rencontrerez : « Ô mon peuple, agissez autant que vous voulez. Moi aussi j'agis. Bientôt, vous saurez sur qui tombera un châtiment qui le déshonorera, et qui de nous est l'imposteur. Et attendez (la conséquence de vos actes) ! Moi aussi j'attends avec vous ! » (11, 93) Ces paroles renferment une menace de châtiment qui se réalisera s'ils persistent dans leur voie et leurs pratiques immorales ; ils sauront qui aura un meilleur sort et qui essuiera perte et destruction, « [...] un châtiment qui le déshonorera », dans ce bas monde, « [...] et un châtiment permanent ne tardera pas à lui survenir », dans l'au-delà. On saura aussi « [...] qui de nous est l'imposteur », c'est-à-dire qui de nous dit la vérité ou ment. « Et attendez (la conséquence de vos actes) ! Moi aussi j'attends avec vous » (11, 93). Dieu dit : « Alors le tremblement (de terre) les saisit ; et les voilà étendus, gisant dans leurs demeures [...] » (7, 91) ; les concitoyens de Shu'ayb ont été surpris par un terrible tremblement de terre qui ébranla la terre sous leurs pieds et les transforma en un laps de temps très réduit en des cadavres sans vie, éparpillés ça et là. Dieu leur a envoyé toutes sortes de châtiments pour les punir de leur comportement immoral et de leur négation. Il leur a envoyé un cri terrible qui les paralysa de stupeur, un tremblement de terre d'une grande intensité et un nuage de feu dont les étincelles s'abattirent sur eux de tous côtés. Dieu a parlé d'eux dans plusieurs sourates du Coran en fonction du contexte. Ainsi, dans la sourate 7 (al-A'râf), les négateurs ont essayé de faire trembler Shu'ayb et ses disciples et ont menacé de les bannir de leur cité s'ils ne revenaient pas à leurs croyances. Dieu dit : « Alors le tremblement (de terre) les saisit ; et les voilà étendus, gisant dans leurs demeures » (11, 91). Il a donc opposé leur tentative de secouer les esprits des croyants à un vrai tremblement, ce qui se marie bien avec le contexte et répond à ce qui le précède. Dans la sourate 11 (Hûd), Dieu rappelle qu'ils furent saisis par un cri et les voilà gisant dans leurs demeures, parce qu'ils ont osé dire à leur Prophète sur le ton de la moquerie et du mépris : « Est-ce que ta prière te demande de nous faire abandonner ce qu'adoraient nos ancêtres, ou de ne plus faire de nos biens ce que nous voulons ? Est-ce toi l'indulgent, le droit ? » (11, 87). Il était donc à propos qu'il mentionne le Cri qui correspond ici à une réprimande de leurs propos indécents qu'ils adressèrent à leur Messager, noble, honorable et éloquent ; et le Cri est venu pour les faire taire, suivi du tremblement pour les faire mourir. Quant à la sourate 26 (Ash-Shu'arâ'), Dieu mentionne que le châtiment du jour de l'ombre les saisit, et ceci en réponse à ce qu'ils avaient demandé et désiré. N'ont-ils pas dit en effet : « Tu es certes du nombre des ensorcelés ; tu n'es qu'un homme comme nous ; et vraiment nous pensons que tu es du nombre des menteurs. Fais donc tomber sur nous des morceaux du ciel si tu es du nombre des véridiques ! Il dit : "Mon Seigneur sait mieux ce que vous faites." » (26, 185-188) ? Dieu l'Audient et l'Omniscient dit alors : « Mais ils le traitèrent de menteur. Alors, le châtiment du jour de l'ombre les saisit. Ce fut le châtiment d'un jour terrible. » (26, 189) Les exégètes ont rapporté qu'ils furent frappés d'une chaleur terrible et que Dieu avait fait apaiser les vents durant sept jours ; ni l'eau, ni l'ombre ni même leur refuge dans les galeries souterraines leur furent d'une utilité quelconque. Ils se sauvèrent donc de leurs demeures et se regroupèrent dans une vaste plaine où ils virent un immense nuage couvrir le ciel. Ils se réfugièrent sous ce nuage dans l'espoir d'échapper à la canicule qui ne voulait pas les quitter. Mais au lieu de leur apporter de l'ombre, le nuage déversa sur eux des étincelles de feu, la terre trembla sous leurs pieds et un cri vint du ciel et les foudroya tous, pour ne laisser que des cadavres sans vie. « Et les voilà étendus, gisant dans leurs demeures. Ceux qui traitaient Shu'ayb de menteur (disparurent) comme s'ils n'y avaient jamais vécu. Ceux qui traitaient Shu'ayb de menteur furent eux les perdants » (7, 91-92). Dieu sauva ainsi Shu'ayb et ceux qui l'avaient suivi. Dieu le Véridique dit : « Lorsque vint Notre ordre, Nous sauvâmes, par une miséricorde de Notre part, Shu'ayb et ceux qui avaient cru avec lui. Et le Cri terrible saisit les injustes, et ils se trouvèrent au matin gisant dans leurs demeures. Comme s'ils n'y avaient jamais prospéré. Que les Madyan s'éloignent comme les Thamûd se sont éloignés ». (11, 94-95) ; « Et les notables de son peuple qui ne croyaient pas dirent : "Si vous suivez Shu'ayb, vous serez assurément perdants". Alors le tremblement (de terre) les saisit ; et les voilà étendus, gisant dans leurs demeures. Ceux qui traitaient Shu'ayb de menteur (disparurent) comme s'ils n'y avaient jamais vécu. Ceux qui traitaient Shu'ayb de menteur furent eux les perdants. » (7, 90-92). Ceci en réponse à leurs propos : « [...] Si vous suivez Shu'ayb, vous serez assurément perdants» (7, 90). Dieu rappelle ensuite qu'une fois les madyanites punis, leur Prophète les a blâmés et leur a fait des reproches en ces termes : « Ô mon peuple, je vous ai bien communiqué les messages de mon Seigneur et donné des conseils. Comment donc m'attristerais-je sur des gens négateurs ?» (7, 93) ; c'est-à-dire : j'ai accompli ce qui m'a été ordonné, en vous transmettant le message de mon Seigneur intégralement et en vous exhortant de la meilleure façon ; j'ai tout fait pour vous mettre sur la bonne voie, mais tout cela ne vous a pas été utile, car Dieu ne guide pas ceux qui choisissent l'égarement. Cela étant, je ne compatis pas à votre sort car vous ne vouliez pas accepter les bons conseils et vous ne craigniez pas le Jour de l'humiliation. C'est pour cela qu'il leur a dit ; « Comment donc m'attristerais-je sur des gens négateurs ? » (7, 93) L'érudit Ibn 'Asâkir a rapporté dans son histoire d'après Ibn 'Abbâs que Shu'ayb, sur lui le salut, a vécu après Joseph, sur lui le salut, Wahb Ibn Munabbih a dit, quant à lui, que Shu'ayb, sur lui le salut, est mort à La Mecque avec ceux qui ont cru avec lui. Leurs tombes, ajoute-t-il, se trouvent à l'ouest de la Ka'ba, entre le lieu où se trouvait Dâr an-Nadwa (la Maison des délibérations publiques) et les demeures des Banî Sahm. Ismaël (Ismâ'îl), sur lui le salut Abraham, nous l'avons vu, avait des enfants mais les plus célèbres d'entre eux furent les deux nobles Prophètes : Ismaël et Isaac. Ismaël était le plus âgé des deux ; il est le sacrifié, celui qu'Abraham a eu de Agar la copte égyptienne, sur elle le salut. Dieu a fait son éloge et l'a qualifié de magnanime, de patient, de fidèle aux promesses et d'assidu dans la prière qu'il commandait à sa famille. Il appelait aussi les gens à l'adoration du Seigneur. Dieu dit : « Nous lui fîmes donc la bonne annonce d'un garçon (Ismaël) longanime. Puis quand celui-ci fut en âge de l'accompagner, (Abraham) dit : "Ô mon fils, je me vois en songe en train de t'immoler. Vois donc ce que tu en penses." (Ismaël) dit : "Ô mon cher père, fais ce qui t'est commandé : tu me trouveras, s'il plaît à Dieu, du nombre des endurants." » (37, 101-102) Il a donc obéi à son père lui promettant d'être patient et certes, il l'a été. Dieu dit aussi : « Et mentionne Ismaël dans le Livre. Il était fidèle à ses promesses ; et c'était un Messager et un prophète. Et il commandait à sa famille la prière et la zakât ; et il était agréé auprès de son Seigneur. » (19, 54-55) ; « Et rappelle-toi Abraham, Isaac et Jacob. Nos serviteurs puissants et clairvoyants. Nous avons fait d'eux l'objet d'une distinction particulière : le rappel de l'au-delà. Ils sont auprès de Nous, certes, parmi les meilleurs élus. Et rappelle-toi Ismaël et Elisée, et Dhûl-Kifl, chacun d'eux parmi les meilleurs. » (38, 45-48) « Et Ismaël, Idriss, et Dhûl-Kifl qui étaient tous endurants ; que Nous fîmes entrer en Notre miséricorde car ils étaient vraiment du nombre des gens de bien. » (21, 85-86) « Nous t'avons fait une révélation comme Nous fîmes à Noé et aux prophètes après lui. Et Nous avons fait révélation à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus... » (4, 163) ; « Dites : "Nous croyons en Dieu et en ce qu'on nous a révélé, et en ce qu'on a fait descendre vers Abraham et Ismaël et Isaac et Jacob et les Tribus. » (2, 136). « Ou dites-vous qu'Abraham, Ismaël, Isaac et Jacob et les Tribus étaient Juifs ou Chrétiens ?" Dis : "Est-ce vous les plus savants ou Dieu ? » (2, 140). Dieu a attribué ainsi à Son serviteur Ismaël toutes les vertus. Il a fait de lui un Prophète et un Messager et Ta blanchi de tout ce que lui ont attribué les ignorants. Il a aussi ordonné à Ses serviteurs croyants d'ajouter foi à ce qui lui a été révélé. Les généalogistes ont dit qu'Ismaël fut le premier à monter sur les chevaux et à les apprivoiser, car avant lui ils étaient sauvages. Sa'îd Ibn Yahyâ al-Amawî a rapporté d'après Muhammad Ibn Alî Ibn al-Husayn, d'après ses pères, que le Prophète, sur lui la grâce et la paix, a dit : « Le premier à avoir parlé un arabe clair fut Ismaël, alors qu'il n'avait que quatorze ans. » Nous avons rapporté, plus haut, qu'une fois devenu jeune homme, il épousa une femme de la tribu des jurhum et que son père lui ordonna de s'en séparer, ce qu'il fit. Selon al-Amawî il s'agit de 'Imâra fille de Sa'd, fils de Usâma, fils de 'Akîl al-'Imlâqî. Il épousa ensuite une autre femme qu'il garda, suivant la recommandation de son père. Il s'agit de Sayyida fille de Mudâd, fils de 'Amrû aj-Jurhumî. On rapporte que celle-ci fut sa troisième femme et qu'elle lui donna douze garçons. (A suivre)