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Younes, sur lui le salut
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 06 - 2017

En effet, après avoir été désigné par le tirage au sort, Jonas fut jeté par-dessus bord et aussitôt Dieu lui envoya un gros poisson qui l'engloutit. Dieu ordonna au poisson de ne pas manger sa chair et de ne pas broyer ses os, car ce n'était pas une nourriture pour lui. Il l'avala donc et lui fit faire le tour de toutes les mers. On rapporte aussi que ce poisson a été avalé par un autre poisson plus gros que lui. Une fois dans les entrailles du poisson, Jonas crut qu'il était mort ; il bougea ses membres et sentit qu'il était encore en vie. Il se prosterna alors et dit : « Ô Seigneur ! J'ai pris pour Toi un lieu de prière où personne ne t'a jamais adoré ! ».
Les exégètes ont divergé sur la durée de son séjour dans le ventre du poisson. Ash-Shi'bî a dit qu'il fut englouti le matin et rejeté le soir. Qatâda a dit, lui, qu'il y resta trois jours ; Ja'far as-Sâdiq a dit, pour sa part, qu'il y resta sept jours, tan¬dis que Sa'îd Ibn Abu al-Hasan et Abu Mâlik ont parlé de quarante jours. Mais seul Dieu connaît la durée de ce séjour. L'essentiel est que lorsque le poisson s'est mis à lui faire parcourir les fonds des mers houleuses, il entendit les poissons louer le Très Miséricordieux. Il entendit jusqu'aux louanges du galet pour Celui qui a fendu le grain et le noyau, le Seigneur des sept Cieux et des sept terres, et ce qu'il y a entre eux et ce qu'il y a sous la terre. Il s'adressa alors à Dieu en disant ce qu'il avait dit, comme l'a rapporté le Maître de la Majesté et de la Puissance, le Connaisseur du secret et de la confidence et qui éloigne torts et malheurs, Celui qui entend les voix les plus faibles, qui connaît les choses cachées les plus infimes et qui répond aux invocations les plus considérables. C'est Lui qui dit dans Son Livre évident, révélé à Son Envoyé fidèle : « Et Dhû an-Nûn (Jonas) quand il partit, irrité. II pensa que Nous N'allions pas l'éprouver. Puis il fit, dans les ténèbres, l'appel que voici : "Pas de divinité à part Toi ! Pureté à Toi ! J'ai été vraiment du nombre des injustes". Nous l'exauçâmes et le sauvâmes de son angoisse. Et c'est ainsi que Nous sauvons les croyants. » (21, 87-88) ; « Il pensa que Nous n'allions pas l'éprouver », c'est-à-dire le mettre dans la gène. « Puis il fit, dans les ténèbres, l'appel que voici ». Ibn Mas'ûd, ainsi qu'Ibn 'Abbâs, 'Amrû Ibn Maymûn, Sa'îd Ibn Jubayr, Muhammad Ibn Ka'b, al-Hasan, Qatâda et ad-Dahhâk ont dit qu'il s'agissait de trois ténèbres conjuguées : le ventre du poisson, la mer et l'obscurité de la nuit. Sâlim Ibn Abu al-Ja'd a dit pour sa part : « Le poisson a été avalé par un autre poisson et il se trouva dans deux ténèbres en plus des ténèbres de la mer ». Quant à cette parole de Dieu : « S'il n'avait pas été parmi ceux qui glorifient Dieu, il serait demeuré dans son ventre jusqu'au jour où les gens seront ressuscites », elle signifierait que s'il n'avait pas été de ceux qui obéissaient à Dieu, priaient et mentionnaient le Nom de Dieu fréquemment avant que le poisson ne l'avale, il serait resté dans son ventre. C'est l'opinion d'ad-Dahhâk Ibn Qays, Ibn 'Abbâs, Abu al-'Âliya, Wahb Ibn Munabbih, Sa'îd Ibn Jubayr, ad-Dahhâk, As-Suddî, 'Atâ' Ibn as-Sâ'ib, al-Hasan al-Bagrî, Qatâda et d'autres encore. Et c'est aussi l'opinion qu'a choisi Ibn Jarîr. Abu Hurayra a dit : « Il fut rejeté sur la terre nue, et Dieu fit pousser au-dessus de lui un plant de courge, et lui envoya des mouflons sauvages qui venaient manger les insectes de la terre puis l'abreuvaient de leur lait matin et soir, jusqu'à ce qu'il se fortifiât. » Dieu dit : « Nous le jetâmes sur la terre nue », c'est-à-dire sur une terre déserte où il n'y avait aucune végétation ; « indisposé qu'il était », c'est-à-dire malade et faible. Ibn Mas'ûd a dit : « Comme un poussin qui n'a pas de plumes ». Ibn 'Abbâs ainsi qu'as-Suddî et Ibn Zayd ont dit : « tel un nouveau-né, lorsqu'il vient au monde, le corps nu ». Certains savants ont dit que dans le fait d'avoir fait pousser au-dessus de Jonas un plant de courge, il y a des sagesses importantes ; entre autres, que ses feuilles sont d'une grande douceur, abondantes et fournissent de l'ombre. De même, les mouches ne l'approchaient pas et ses fruits se mangeaient dès qu'ils commençaient à pousser, crus ou cuits, avec ou sans écorce ; sans oublier les nombreux autres bienfaits comme la fortification du cerveau et autres. Dans le hadith d'Abû Hurayra, il est dit que Dieu lui envoyait des mouflons qui l'abreuvaient de leur lait matin et soir. C'est là une miséricorde de Dieu à son égard et c'est pour cela que Dieu dit : « Nous l'exauçâmes et le sauvâmes de son angoisse », c'est-à-dire de l'affliction et de la gène dans lesquelles il se trouvait. « Et c'est ainsi que Nous sauvons les croyants » ; c'est-à-dire que Nous ferons cela avec tout croyant qui nous invoque et demande Notre secours. Abu Khâlid a rapporté d'après Sa'd, que le Prophète, sur lui la grâce et la paix, a dit : « Celui qui s'adresse avec l'invocation de Jonas sera exaucé ». Abu Sa'îd al-Ashajj a dit : « Il entend par là : "Et c'est ainsi que Nous sauvons les croyants" ». Rappel des mérites de Jonas, sur lui le salut Dieu dit : « Jonas était certes, du nombre des Messagers » (38, 139). Dieu le cite ainsi parmi les nobles Prophètes, sur eux le salut, dans les sourates 4 Les femmes et 6 Les bestiaux. L'imam Ahmad a rapporté d'après 'Abdullâh Ibn 'Abbâs ; « Il n'est permis à personne de dire que je suis meilleur que Jonas Ibn Mata »'. Al-Bukhârî a mentionné, d'après Ibn 'Abbâs, que le Prophète, sur lui la grâce et la paix, a dit : « Il n'est pas permis à quiconque de dire que je suis meilleur que Jonas Ibn Mata ». On rapporte également dans certains hadiths : « Ne me préférez pas aux autres Prophètes et à Jonas Ibn Mata ». Ceci est une marque de modestie et d'humilité de la part du Prophète, sur lui la grâce et la paix, ainsi que sur tous les autres Prophètes et Messagers. Rapporté aussi par al-Bukhârî. Rapporté aussi par Aàmad, Muslim et Abu Dâwûd.. Il s'agit de Moïse (Mûsâ) fils de 'Imrân (Amran), fils de Qehath (Caath), fils de Yicehar (Isaar), fils de Lévi, fils de Jacob, fils d'Isaac fils d'Abraham, sur eux le salut. Dieu dit : « Et mentionne dans le Livre Moïse. C'était vraiment un élu, et c'était un Messager et un prophète. Du côté droit du mont (Sinaï) Nous l'appelâmes et Nous le fîmes approcher tel un confident. Et par Notre miséri-corde, Nous lui donnâmes Aaron son frère comme pro-phète. »(19, 51-53). Dieu a attribué à Moïse le titre de Messager, de Prophète et lui a conféré les qualités suivantes : la sincérité, la proximité et la confidence. Il lui a fait aussi la faveur de désigner à ses côtés son frère Aaron en tant que Prophète. Moïse est cité dans différentes sourates du Coran et son histoire est mentionnée à plusieurs reprises tantôt en abrégé, tantôt de façon détaillée. Nous rapporterons ici son histoire du début à la fin en s'appuyant sur le Coran et la Sunna, mais aussi sur des récits israélites transmis par les pieux anciens et autres, s'il plaît à Dieu. Dieu dit : « Ta, Sîn, Mîm. Voici les versets du Livre explicite. Nous te racontons en toute vérité, de l'histoire de Moïse et de Pharaon, à l'intention des gens qui croient. Pharaon était hautain sur terre ; il répartit en clans ses habitants, afin d'abuser de la faiblesse de l'un d'eux : il égorgeait leurs fils et laissait vivantes leurs femmes. Il était vraiment parmi les fauteurs de désordre. Mais nous voulions favoriser ceux qui avaient été faibles sur terre et en faire des dirigeants et des héritiers et les établir puissam¬ment sur terre, et faire voir à Pharaon, à Hâmân, et à leurs soldats, ce qu'ils redoutaient. » (28, 1-6). Dieu cite ici le résumé de l'histoire puis s'y étend plus lar¬gement. Dieu raconte à Son Prophète le récit de Moïse et de Pharaon, en toute vérité, comme s'il en avait été témoin : « Pharaon était hautain sur terre ; il répartit en clans ses habitants » (28, 4) ; c'est-à-dire qu'il était un tyran, un oppresseur et un despote qui avait choisi la vie ici-bas et avait dévié de la voie de l'adoration du Seigneur. « Il répartit ses habitants en clans » ; c'est-à-dire qu'il avait divisé ses sujets en classes et clans « afin d'abuser de la faiblesse de l'un d'eux », c'est-à-dire le peuple des Enfants d'Israël qui sont les descendants du Prophète de Dieu, Jacob fils d'Isaac, fils d'Abraham, l'ami intime de Dieu. Les juifs étaient, en ces temps-là, le meilleur peuple de la Terre. Or ce roi injuste, oppresseur, despotique et débauché s'est imposé à eux et a voulu les soumettre à l'esclavage et les employer dans les travaux les plus pénibles et les plus vils ; en plus de cela « il égorgeait leurs fils et laissait vivantes leurs femmes. Il était vraiment parmi les fauteurs de désordre ». En effet, le roi avait appris que les Juifs se transmettaient des récits attribués à Abraham, selon lesquels un des ses descendants serait la cause de la raine et de la chute du roi d'Egypte. Au demeurant, cette prédiction célèbre chez les Enfants d'Israël, circula parmi les coptes et finit par parvenir à l'oreille de Pharaon, à son épouse et à ses chambellans réunis en conseil. C'est à ce moment-là que Pharaon ordonna de tuer tous les nouveau-nés mâles des fils d'Israël par précaution ; mais la précaution ne préserve pas du destin. As-Suddî a rapporté, d'après Ibn Mas'ûd et d'autres, que Pharaon avait vu en rêve un feu venant de Jérusalem brûler les coptes et leurs maisons sans toucher aux Juifs et à leurs maisons. À son réveil, il fut effrayé par ce qu'il venait de voir ; il réunit alors ses prêtres, ses conseillers et ses magiciens et leur demanda de lui expliquer son rêve. Les prêtres lui dirent que c'était la prémonition de la naissance d'un enfant Israélite qui serait la cause de la chute de l'empire égyptien. Pour cette raison, il ordonna de tuer tous les enfants Israélites de sexe mâle et d'épargner les femmes. Dieu dit : « Nous voulions favoriser ceux qui avaient été faibles sur terre ». Il s'agit des Enfants d'Israël « [...] Et en faire des dirigeants et des héritiers » ; c'est-à-dire ceux à qui sera donné le royaume d'Egypte et ses terres. «[...] Et les établir puissamment sur terre, et faire voir à Pharaon, à Hâmân et à leurs soldats, ce dont ils redoutaient » ; c'est-à-dire : Nous ferons du faible un fort, de l'opprimé un puissant et du méprisé un fier. Dieu dit :«[...] Et les gens qui étaient opprimés, Nous les avons fait hériter les contrées orientales et occidentales de la terre que Nous avons bénies. Et la très belle promesse de ton Seigneur sur les Enfants d'Israël s'accomplit pour prix de leur endurance» (7, 137). «Ainsi, Nous les fîmes donc sortir des
jardins, des sources, des trésors et d'un lieu de séjour agréable. Il en fut ainsi ! Et Nous les donnâmes en héritage aux Enfants d'Israël » (26,57-59). Nous détaillerons cela un peu plus loin, s'il plaît à Dieu. Pharaon donc prit toutes ses précautions afin d'empêcher la venue de ce nouveau-né (qui ne serait autre que Moïse) : il chargea des soldats et des sages-femmes de rendre visite à toutes les femmes enceintes afin de connaître leur période d'accouchement. Si l'une d'elles mettait au monde un enfant de sexe mâle, les soldats le mettaient tout de suite à mort. Selon les gens du Livre, Pharaon ordonnait que l'on tuât les enfants mâles pour affaiblir les Juifs et les rendre impuissants et inoffensifs. Mais cette version des faits est discutable voire dénuée de tout fondement, car cela se produisit alors que Moïse était déjà Prophète. Dieu dit : « Puis, quand il leur eut apporté la vérité venant de Nous, ils dirent : "Tuez les fils de ceux qui ont cru avec lui, et laissez vivre leurs femmes."» (40, 25) C'est pour cela que les juifs ont dit à Moïse : «Nous avons été persécutés avant que tu ne viennes à nous, et après ton arrivée» (7, 129). En vérité, Pharaon a ordonné une première fois de tuer les nouveau-nés des Enfants d'Israël pour prévenir la naissance de Moïse, sur lui le salut. Certains exégètes ont rapporté que les coptes se sont plaints à Pharaon de la diminution du nombre d'Enfants d'Israël en raison de la mise à mort de leurs nouveau-nés ; ils craignaient que les travaux difficiles dont s'acquittaient les juifs ne leur échoient en raison de la diminution de la population israélite. Pharaon accepta leurs doléances et ordonna qu'on tuât les nouveau-nés juifs une année sur deux seulement. C'est ainsi, rapporte-t-on, qu'est né Aaron, sur lui le salut, lors de l'année de grâce, c'est-à-dire l'année où les nouveau-nés étaient épargnés. Quant à Moïse, il est né l'année où les nouveau-nés étaient mis à mort. Sa mère eut donc peur pour lui, et dès qu'elle tomba enceinte, elle prit toutes ses précautions pour ne pas attirer l'attention sur elle. Une fois qu'elle l'eut mis au monde, il lui fut inspiré de le mettre dans un couffin attaché à une corde et de le jeter dans le fleuve qui coulait près de chez elle, chaque fois qu'elle recevait la visite de gens susceptibles de la dénoncer ; dès que ceux-ci partaient elle ramenait le couffin à l'aide de la corde qu'elle gardait. Dieu dit : « Et Nous révélâmes à la mère de Moïse (ceci) : "Allaite-le. Et quand tu craindras pour lui, jette-le dans le flot. Et n'aie pas peur et ne t'attriste pas : Nous te le rendrons et ferons de lui un Messager" Les gens de Pharaon le recueillirent, pour qu'il leur soit un ennemi et une source d'affliction. Pharaon, Hâmân et leurs soldats étaient fautifs. Et la femme de Pharaon dit : "(Cet enfant) réjouira mon œil et le tien ; ne le tuez pas ! Il pourrait nous être utile ou peut-être le prendrons-nous pour enfant". Et ils ne pressentaient rien» (28, 7-9). Cette révélation est une inspiration et une orientation. Dieu dit à ce propos : « (Et yoilà) ce que ton Seigneur révéla aux abeilles : "Prenez des demeures dans les montagnes, les arbres et les treillages que (les hommes) font. Puis mangez de toutes espèces de fruits, et suivez les sentiers de votre Seigneur, rendus faciles pour vous." » (16, 68-69). Il ne s'agit pas d'une révélation prophétique comme l'a prétendu Ibn Hazm et certains théologiens scolastiques (muta-kallim) ; le plus juste est qu'il s'agit d'une inspiration et d'une orientation, comme le soutient Abu al-Hasan al-Ash'arî qui s'appuie sur la sunna et le consensus (ijma'). Ainsi donc, la mère de Moïse rut inspirée de placer son nouveau-né dans un couffin et de le mettre dans le Nil et de ne pas craindre ou s'affliger pour lui, car il lui serait rendu par Dieu. Il lui fut inspiré aussi que son enfant deviendrait un Prophète et un Messager et que sa parole serait sublimée en ce bas monde et dans l'au-delà. Elle fit alors ce qui lui avait été inspiré : un jour, elle mit le sarcophage comme d'habitude dans le Nil, mais elle oublia de garder avec elle le bout de les nourritures. Ceci suscita l'inquiétude de l'épouse de Pharaon et tous les efforts déployés pour l'amener à téter ou à manger, furent vains. Dieu dit : « Nous lui avions interdit auparavant (le sein) des nourrices ». On l'envoya alors avec des sages-femmes et des esclaves dans les marchés dans l'espoir de trouver une femme qui puisse l'allaiter. Tandis qu'ils étaient dans un marché, entourés par la foule, la sœur de Moïse les vit et se rapprocha sans donner l'impression de le connaître. Elle leur dit : « Voulez-vous que je vous indique les gens d'une maison qui s'en chargeront pour vous tout en étant bienveillants à son égard ? » Ibn 'Abbâs a dit : «Lorsqu'elle leur a dit ceci, ils lui ont répondu : "Qu'est-ce qui te fait dire qu'ils seront bienveillants à son égard ?" Elle répondit : "Par désir d'alliance avec le roi et de lui être utile". Ils la suivirent donc chez elle où sa mère les attendait. Lorsque sa mère lui donna le sein, Moïse s'en saisit et se mit à le téter goulûment. Ils en furent tous heureux et un émissaire courut annoncer la bonne nouvelle à Âsia. Celle-ci appela la mère de Moïse et lui proposa de venir s'installer dans le palais afin d'allaiter le petit Moïse en contrepartie d'avantages importants. Mais la mère de Moïse déclina sa proposition en arguant qu'elle avait un époux et des enfants à entretenir, et elle lui proposa de le prendre avec elle et de l'allaiter chez elle. Âsia accepta et lui accorda un salaire et des cadeaux pour la récompenser. C'est ainsi qu'elle le prit avec elle et que Dieu les rassembla de nouveau. ». Dieu dit : « Ainsi Nous le rendîmes à sa mère, afin que son œil se réjouisse, qu'elle ne s'affligeât pas et qu'elle sût que la promesse de Dieu est vraie » ; c'est-à-dire que comme Nous lui avons promis qu'il lui serait rendu et qu'il serait un Prophète ; et voilà que Nous le lui rendons pour lui prouver que la promesse de faire de son fils un Prophète est vérité. «Mais la plupart d'entre eux ne savent pas». Dieu a rappelé cette faveur à Moïse le jour où II lui parla. Il lui a dit notamment : «Et Nous t'avons déjà favorisé une première fois, lorsque Nous révélâmes à ta mère ce qui fut révélé : Mets-le dans le couffin, puis jette celui-ci dans les flots pour qu'ensuite le fleuve le lance sur la rive ; un ennemi à Moi et à lui le prendra". Et j'ai répandu sur toi une affection de Ma part, afin que tu sois élevé sous Mon œil. » (20, 37-39) Qatâda et d'autres pieux anciens interprètent ces versets comme suit : "Tu mangeras les meilleurs mets et tu porteras les plus beaux habits, sous Mon œil ; car tu es sous Ma protection et J'ai décrété pour toi ce dont Seul Moi est capable.» «Et voilà que ta sœur (te suivait en) marchant et disait : "Puis-je vous indiquer quelqu'un qui se chargera de lui ?". Ainsi, Nous te rapportâmes à ta mère afin que son œil se réjouisse et qu'elle ne s'afflige plus. Tu tuas ensuite un individu ; Nous te sauvâmes des craintes qui t'oppressaient ; et Nous t'imposâmes plusieurs épreuves. Puis tu demeuras des années durant chez les habitants de Madyan. Ensuite tu es venu, ô Moïse, conformément à un décret. » (20, 40) Nous parlerons le moment venu, s'il plaît à Dieu, des épreuves de Moïse. «Et quand il eut atteint sa maturité et sa pleine formation, Nous lui donnâmes la faculté de juger et une science. C'est ainsi que Nous récompensons les gens de bien. Il entra dans la ville à un moment d'inattention de ses habi¬tants ; il y trouva deux hommes qui se battaient. L'un était de ses partisans et l'autre de ses adversaires. L'homme de son parti l'appela au secours contre son ennemi. Moïse donna un coup de poing à ce dernier qui l'acheva. (Moïse) dit : "Cela est l'œuvre du diable. C'est vraiment un ennemi, un égareur évident". E dit : "Seigneur, je me suis fait du tort à moi-même ; pardonne-moi". Et II lui par¬donna. C'est Lui vraiment le Pardonneur, le Miséricordieux ! Il dit : "Seigneur, grâce aux bienfaits dont Tu m'as comblé, jamais je ne soutiendrai les criminels." ». Après avoir rappelé Ses faveurs dont II a comblé la mère de Moïse, en lui rendant son enfant, Dieu mentionne que lorsque Moïse est devenu adulte et a gagné en maturité - il avait selon la majorité des exégètes atteint ses quarante ans - Dieu lui a donné la sagesse et la science, autrement dit la prophétie et l'apostolat comme II l'a annoncé jadis à sa mère : «Nous te le rendrons et ferons de lui un Messager » (28, 7). Dieu parle ensuite des causes qui ont poussé Moïse à quitter l'Egypte et à s'établir à Madyan durant un temps convenu entre lui et son beau-père. Puis sont évoqués son départ de Madyan et son entretien avec Dieu. Dieu dit : « Il entra dans la ville à un moment d'inat-tention de ses habitants ». Ibn 'Abbâs, Sa'îd Ibn Jubayr, 'Ikrima, Qatâda et as-Suddî ont dit que cela se passa au milieu de la journée. Ibn 'Abbâs a dit dans une autre version que cela eut lieu la nuit. « Il y trouva deux hommes qui se battaient, l'un était de ses partisans », c'est-à-dire un juif, « et l'autre de ses adversaires », c'est-à-dire un copte. C'est l'avis d'Ibn 'Abbâs, Qatâda, d'as-Suddî et Muhammad Ibn Ishâq. «L'homme de son parti l'appela au secours contre son ennemi » : Moïse avait force et influence, car il était le fils adoptif de Pharaon et il avait grandi dans son palais ; et les Juifs avaient acquis puissance et notoriété, car ils avaient recueilli et allaité Moïse et étaient donc ses oncles de lait. Ainsi lorsque le juif appela Moïse à son secours contre le copte, il répondit à son appel « et lui donna un coup de poing qui l'acheva ». Mujâhid a dit qu'il lui a donné un coup de poing ; Qatâda a dit que ce fut plutôt un coup de bâton. Le copte était certes un négateur polythéiste, mais Moïse ne vou¬lait pas le tuer ; il voulait simplement le réprimander et l'empêcher d'agresser un homme de son peuple. Malgré cela, Moïse dit : « Cela est l'œuvre du
diable. C'est vraiment un ennemi, un égareur évident. Il dit : "Seigneur, je me suis fait du tort à moi-même ; pardonne-moi". Et II lui pardonna. C'est Lui vraiment le Pardonneur, le Miséricordieux ! Il dit : "Seigneur, grâce aux bienfaits dont Tu m'as comblé, jamais je ne soutiendrai les criminels". Le lendemain matin, il se trouva en ville, craintif et regardant autour de lui, quand voilà que celui qui lui avait demandé secours la veille, l'appelait à grands cris. (A suivre)


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