Lors des obsèques restreintes par contrainte Dramatou pleurait et se retourna pour reconnaitre l'un des traitres qui ont assassiné le mari à Kamir qui lui donnait à manger. Il s'arrête de pleurer s'éclater de rire en l'indexant. Il s'est présenté pour répertorier les personnes venues assister à l'enterrement. C'est pour les terroriser. « In challah liketlou imout char el ketlet » (Que Dieu prenne justice et que son assassin meure atrocement) c'était la prière que faisait Dramatou pendant plusieurs jours. Jusqu'à l'annonce de la mort l'assassin Boudjadja dans un accident de la route au même endroit où il avait égorgé le commandant Benayad. Il reprend alors « Rabi Kbir, Rabi Kbir ». Depuis Dramatou est classé comme Zouhdi. Un beau jour il se réveil, il quitte son gourbi et il arpente les rues et commence crier : « Khada3 lamen rayeh imout» celui qui a trahi la parole va mourir. Tout le monde le comprenait en particulier l'imam si Attia et les parents des 1500 moudjahidines assassinés par le sanguinaire colonel Chaabani et ses acolytes à coups de pioche dans le dos au niveau du cœur. Il avait remarqué la présence de véhicules militaires et deux voitures noires et 404 blanche devant l'hôtel el khanousse. Il éclate de rires en montrant les vitres d'une chambre ou Chaabani et sa maitresse Zoubida étaient debout scrutant l'extérieur. Il ne cessa de rire que pour dire « lazem tkhalasse». Les djelfaouis sauront plus tard que le bourreau, venait d'être arrêté. Il a assassiné au lendemain de l'indépendance plus de 3500 moudjahidine parmi la crème de l'ALN officiers et sous-officiers de la première heure de la guerre de libération nationale. Dramatou trouvera an calot vert blanc et avec le croissant et l'étoile rouges sur la tête son gourdin sur l'épaule il scandait vive Benbella. Il traversa la ville à pas cadencés plusieurs fois avec des ribambelles d'enfants derrière lui scandant Yahia Benbella. Beaucoup plus tard vers la fin des années soixante. Dramatou prenait de l'âge. Kelba sa chienne aussi. Elle n'avait plus qu'un œil, l'autre a été crevé lors d'une bataille perdue contre une douzaine de chiens bâtards errants. En plein mois d'aout Kelba devait mettre bas une nouvelle nichée. C'est sa dernière mise bas. Cela fait presque quatre ans qu'elle n'a pas fait de prises. Elle arrive difficilement à donner naissance aux six nouveaux chiots tous chétifs. La meurtrière canicule est arrivée à couper la respiration à deux d'entre eux. Dramatou ressenti un gémissement à peine perceptible chez Kelba sa chienne. Il avait déduit qu'elle pleurait la mort de ses deux chiots. Il prend alors la décision de déplacer Kelba et ses chiots dans un endroit humide et frais. Cet endroit se trouvait juste sur le bas-côté sur le lit de l'oued. Dramatou s'est dit qu'ainsi les chiots ne mourront pas de soif et de chaleur. Des poissons nagent dans la marre d'eau à côté de l'endroit où est allongée Kelba sur son flanc pour allaiter ses chiots. En la regardant il revit des scènes qu'il a vécu durant l'année de la misère (Ame char). Dans son village peu d'enfants qui naissaient avaient une chance de survivre. (A suivre)