Un expert économique yéménite a révélé que Riyad dérobait les réserves de pétrole du Yémen, avec le soutien du géant français de l'énergie. Le Royaume aurait également passé un accord avec Washington pour empêcher le Yémen d'exploiter son pétrole. «L'Arabie saoudite a ouvert un site pétrolier en collaboration avec la société française Total dans la partie sud de la région de Kharkhir, près de la frontière saoudienne de Najran et exploite du pétrole dans les puits de la région», a déclaré l'expert économique yéménite Mohammad Abdolrahman Sharafeddin à l'agence iranienne Fars News. «63% de la production de brut du Yémen est volée par l'Arabie saoudite en coopération avec Mansour Hadi, le président yéménite en fuite et ses mercenaires», a-t-il ajouté. En 2014, feu Christophe de Margerie, P-DG de Total à l'époque, avait en effet visité la capitale yéménite Sanaa pour rencontrer le président Abdrabuh Mansour Hadi et discuter de l'expansion de l'empreinte du géant énergétique français dans le pays. Selon le site internet de la présidence du Yémen, Christophe de Margerie avait alors indiqué que la relation avec le Yémen était «stratégique» et que Total développait ses sites pétroliers dans le pays. Selon l'expert Mohammad Abdolrahman Sharafeddin, Riyad achèterait des armes avec l'argent du pétrole volé au peuple yéménite et les fournirait à ses mercenaires pour pourchasser les opposants chiites du Yémen. En janvier, la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, qui soutient la présidence de Mansour Hadi, a affronté un groupe de rebelles houthis dans la région de Bab el-Mandab, passage essentiel pour les 3,8 millions de barils de pétrole du Moyen-Orient destinés au marché occidental. Un accord entre Riyad et Washington pour avoir la mainmise sur le pétrole yéménite ? À la fin de l'année 2016, un autre expert économique, Hassan Ali al-Sanaeri, avait déclaré que Washington et Riyad avaient soudoyé l'ancien gouvernement yéménite pour qu'il s'abstienne des activités de forage et d'exploration pétroliers, alors même que la recherche scientifique et les évaluations effectuées par les sociétés de forage internationales montrent, selon lui, que les réserves de pétrole yéménites sont les plus importantes de toute la région du Golfe persique. «L'Arabie saoudite a signé un accord secret avec les Etats-Unis pour empêcher le Yémen d'exploiter ses réserves de pétrole au cours des 30 dernières années», a déclaré Hassan Ali al-Sanaeri à Fars News. Al-Sanaeri a ajouté que les réserves les plus abondantes de pétrole yéménite se trouvaient dans les régions de Ma'rib (ouest), al-Jawf (nord), Shabwah (sud) et Hadhramaut (centre-est). Il a noté qu'une série de documents secrets publiés par Wikileaks ont révélé que le gouvernement de Riyad avait mis en place un comité spécial présidé par l'ancien ministre saoudien de la Défense, le prince héritier Sultan bin Abdel Aziz, ainsi que l'ancien ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal al-Saud et le chef du renseignement du royaume. Les autorités saoudiennes aurait chargé ce comité de mettre en œuvre un projet de canal allant de l'Arabie saoudite à la mer d'Arabie en passant par Hadramaut au Yémen afin de ne plus avoir à utiliser les détroits d'Ormuz et de Bab al-Mandab. Il a réitéré que de nouvelles réserves de pétrole avaient été découvertes dans la province yéménite de al-Jawf, ce qui pourrait potentiellement faire du Yémen l'un des plus grands exportateurs de pétrole de la région et du monde. Pendant ce temps, la guerre au Yémen continue. Depuis le début de l'intervention de la coalition arabe en mars 2015, plus de 7 400 personnes ont trouvé la mort et plus de 40 000 autres ont été blessées dans le conflit, alors que toutes les médiations de l'ONU et sept cessez-le-feu ont échoué.