«Le patriotisme, c'est aimer son pays. Le nationalisme, c'est détester celui des autres» (Charles de Gaulle). Comme rappelé dans mes contributions et reprenant les idées forces de ma conférence à l'invitation du Parlement européen «le Maghreb face aux enjeux géostratégiques», après une réelle inquiétude de la Communauté internationale où certains médias algériens ont supputé sur la rupture de l'Accord qui lie l'Algérie à l'Union européenne, les responsables algériens ont été clairs. L'Algérie qui a toujours respecté ses engagements internationaux, il n'est pas question de rompre l'Accord d'association qui la lie à l'Europe, étant en négociation pour un partenariat gagnant/gagnant, l'Europe ne devant plus considérer l'Algérie uniquement du point de vue d'un marché 1.-Coopération Algérie/Europe : pour une prospérité partagée Lors de différentes visites tant à Alger qu'à Bruxelles, les parties algériennes et européennes ont réaffirmé la détermination commune à rehausser les relations à la hauteur des ambitions proclamées. La volonté serait de « densifier » cette coopération, selon le ministre algérien des Affaires étrangères algérien, pour qui « la démarche d'évaluation réclamée par l'Algérie ne vise nullement à remettre en cause l'Accord, mais, à l'utiliser pleinement dans le sens d'une interprétation positive de ses dispositions permettant un rééquilibrage des liens de coopération. Du côté européen, on évoque des discussions « constructives ». C'est dans ce cadre que j'ai reçu une invitation officielle en tant qu'expert international indépendant, de son Excellence l'ambassadeur de l'Union européenne à Alger pour un dîner de travail à (Alger) à l'occasion de la visite du Commissaire européen en charge de la politique européenne de voisinage et des négociations d'élargissement, Johannes Hahn qui effectue une visite de travail, en Algérie, du 19 au 21 juillet 2017. J'ai remercié son Excellence ne pouvant honorer cette invitation du fait de contraintes. J'ai été destinataire grâce à mes réseaux à Bruxelles des propositions de l'Union européenne au gouvernement algérien concernant le bilan de l'Accord d'association l'UE qui affirme « la volonté d'intensifier le dialogue politique de Haut niveau, dans un contexte de redynamisation des relations de coopération, à la faveur de l'évaluation conjointe de la mise en œuvre de l'Accord d'association et la définition des priorités communes de partenariat adoptées lors du Conseil d'association du 13 mars dernier, au titre de la politique européenne de voisinage révisée ». Ayant toujours défendu les postions constantes de mon pays, ma réponse a été celle de notre ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, pour qui l'Algérie et l'Union européenne ont pour objectif d'examiner les voies et moyens de la mise en œuvre des conclusions de l'évaluation conjointe de l'Accord d'association notamment en matière de diversification de l'économie algérienne et de promotion des exportations hors hydrocarbures et des investissements productifs. Selon la partie européenne, la relation bilatérale, prometteuse aussi bien dans le domaine de l'énergie que dans l'activité des entreprises et du commerce, a un potentiel inexploré, même si grevé par des lourdeurs administratives et de décisions politiques persistantes. La situation du pays reste toutefois tributaire de l'évolution des marchés d'hydrocarbures, des ventes dont le pays tire l'essentiel de ses revenus, en rappelant que la coopération énergétique, basée sur un protocole spécifique, est au centre de la coopération avec l'UE. C'est à ce titre, que le Conseil des ministres en date du 06 octobre 2015 a considéré nécessaire de réévaluer les volets économique et commercial de l'Accord d'association avec l'Union européenne (UE) qui n'a pas réalisé les objectifs attendus en matière d'investissements européens en Algérie. Alors que l'article 54 de l'Accord pour la promotion et protection des investissements stipule que la coopération vise la création d'un climat favorable aux flux d'investissements et se réalise notamment à travers l'établissement de procédures harmonisées et simplifiées des mécanismes de co-investissement (en particulier entre les petites et moyennes entreprises) ainsi que des dispositifs d'identification et d'information sur les opportunités d'investissements, favorables aux flux d'investissements ainsi que l'établissement d'un cadre juridique favorisant l'investissement, sa protection, éviter la double imposition et favoriser l'assistance technique aux actions de promotion et de garantie des investissements nationaux et étrangers. 2.-Les échanges commerciaux entre l'Algérie et l'Europe Pour le bilan officiel 2016, les exportations ont reculé à 28,88 mds usd en 2016 contre 34,66 mds usd en 2015, soit une chute de 16,7%, les exportations hors hydrocarbures, marginales, ayant baissé à 2,063 mds usd en 2016 contre 2,582 mds usd en 2015 (-20,1%), plus de 50% étant constituées de dérivées d'hydrocarbures. Quant aux importations, elles ont également baissé mais à un moindre rythme pour se chiffrer à 46,72 mds usd en 2016 contre 51,7 mds usd en 2015, en baisse de 9,62% donnant un déficit de la balance commerciale de près de 18 milliards de dollars ,montant auquel il faudra ajouter celui des services et des transferts légaux de capitaux, la balance des paiements étant la référence unique. Le commerce extérieur Algérien a enregistré au cours des quatre premiers mois 2017, un volume global des importations de 15,42 milliards de dollars US et un volume global des exportations de 11,92 milliards de dollars US, les hydrocarbures continuant à représenter l'essentiel des ventes à l'étranger avec une part de 94,26% du volume global des exportations, et une hausse de 36,94% par rapport à la même période 2016. Avec les dérivées ce taux atteint 97/98%. Les exportations « hors hydrocarbures », incluant les dérivées d'hydrocarbures demeurent toujours marginales, avec seulement 5,74% du volume global des exportations soit une valeur de 685 millions de dollars US. Si la même tendance se poursuit les importations de biens clôtureraient fin 2017 à plus de 46 milliards de dollars ,montant auquel il faudrait ajouter les services ( entre 10/11 milliards de dollars /an entre 2013/2016 et les transferts légaux de capitaux entre 4/5 milliards de dollars/an ce qui donnerait une sortie de devises d'environ 60 milliards de dollars pour une recette d'exportation entre 31/33 milliards de dollars si le cours du pétrole en moyenne annuelle de 50/52 dollars le baril. (A suivre) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international