Les croyances religieuses diffèrent d'une communauté de croyants à une autre. Cette fin de premier semestre 2017, une vieille querelle dans le Cachemire indien vient de refaire surface ces derniers jours entre la culture spirituelle indoue et celle des musulmans à propos de la consommation de la viande de bœuf, sinon de la vache, qui est considérée comme «sacrée» dans ce pays. Ce problème n'est pas nouveau, puisqu'il traine depuis plusieurs années avec des relents plutôt politiques, dont la complication trouverait ses origines dans le découpage des territoires de l'ancien empire britannique. De la menace d'une guerre souvent verbale entre les deux puissances nucléaires, pour le partage, ou le contrôle des eaux de l'Indus que les Indiens cherchaient à dénoncer en voulant maximaliser sa quote-part pour faire fonctionner ses centrales hydroélectriques, les conflits entre Musulmans et Indiens occupent aujourd'hui la polémique sur ce qui est aux yeux des uns comme «sacrée», et qui est aux regards des autres comme banale dans l'exercice des coutumes et de la foi. Cette dualité entre une population majoritaire et une communauté minoritaire a été récupérée par des mouvements politiques extrémistes pour commettre des exagérations envers ceux qui n'ont pas les mêmes pratiques religieuses. L'ancienne législation a été amendée au profit de lois qui interdisent l'achat, l'abattage, le transport et la consommation de la viande bovine, alors que l'Etat indien est un gros exportateur de viande de bœufs. Au mois de mai 2017, Raphaël Zbinden écrivait «qu'il s'agit d'une nouvelle forme de terrorisme», a commenté Lenin Raghuvanshi, un activiste des droits humains très connu en Inde, à propos de la nouvelle législation. Le gouvernement de Narendra Modi a interdit le commerce, sur les marchés, de bétail destiné à l'abattage. Les vaches, les buffles et les dromadaires sont notamment concernés. Même si le commerce à titre individuel est toujours autorisé, la vente sur les marchés représente 90% des transactions, rapporte le 30 mai le quotidien britannique The Guardian. La mesure revient donc de facto à interdire la consommation de viande de bœuf dans le pays. Dans cet imbroglio législatif, des abus sont commis envers les musulmans ces dernières années, et encore tout récemment, depuis l'arrivée au pouvoir de Narendra Modi, des groupes d'extrémistes hindous entendent faire respecter une règle stricte. A travers l'Inde, les violences imputables aux «Gau raksha» se multiplient. Ils patrouillent sur les routes de nuit, à la recherche de bétail qui va frauduleusement passer au Bangladesh ou dans un des rares Etats autorisant l'abattage de ces animaux, écrit l'auteur de l'article. Plusieurs assassinats de supposés violeurs de la loi ont été perpétrés pour avoir mangé, servis de la viande de vache, transportés, commercialisés, y compris s'il s'agit d'exporter certains types d'animaux pour abattage vers des Etats comme le Bengladesh. Un consommateur peut être condamné à sept ans de prison pour avoir transgressé la loi. Depuis l'arrivée au pouvoir en 2014 de Narendra Modi, des groupes d'extrémistes hindous entendent faire respecter «strictement la loi». Manger de la vache peut conduire à l'emprisonnement à perpétuité dans le Gujarat, au nord-ouest du pays. Ces attaques contre les musulmans du Cachemire ont augmentées depuis que les terroristes activant pour le compte de Daech multiplient les attentats en Europe, et en Afrique.