En fait de nouveautés dans l'alimentation de l'eau potable dans la wilaya de Annaba et celle destinée au fonctionnement du Haut-Fourneau du complexe sidérurgique El Hadjar, il n'y a pratiquement rien. Les améliorations constatées ces dernières quarante-huit heures dans la distribution du précieux liquide sont le résultat de la pression exercée par la place publique sur les responsables locaux et nationaux. Améliorations certes, mais rien de concret pour éviter à la population forte de 680.000 âmes d'être confrontée aux coupures étalées sur plusieurs jours, voire semaines. La visite du ministre, ces mercredi et jeudi à Annaba et Tarf, a peut-être calmé les esprits sérieusement échauffés ces derniers jours. Apparemment pas pour longtemps, si l'on vérifie les solutions que le ministre a amenées dans sa serviette. Elles sont les mêmes que celles qu'il avait, lui-même avancées en 2013. Il s'agit, entre autres, de réaliser une station de dessalement de l'eau de mer, de multiplier les forages, d'installer des équipements d'adduction et de distribution plus performants et de mettre en place des effectifs mieux formés. Le gouvernement de l'époque avait débloqué une enveloppe financière de plus de 30 milliards DA pour le lancement de grands travaux hydrauliques. A l'époque, le ministère des Ressources en Eau était en charge du même Hocine Necib. Quatre années après une petite éclipse, le revoilà de retour au même poste, avec le même dossier d'une wilaya de Annaba sinistrée en termes de distribution d'eau potable et industrielle, avec des engagements identiques tous aussi faux. En fait, si l'on devait établir un bilan des équipements réalisés à Annaba, on aboutirait à presque zéro. Même les anciens acquis qui rendaient d'énormes services à la collectivité dans la mobilisation et les transferts de l'eau, ne servent plus à grand-chose faute d'entretien et de maintenance. «60% du potentiel mis en place grâce aux efforts financiers consentis par l'Etat, ne servent pas à grand-chose aujourd'hui», a affirmé un ancien cadre. Parti à la retraite, il a profité de la présence du ministre à Annaba pour appeler à l'exploitation des anciennes compétences et des moyens matériels du secteur. Son appel intervient après le constat de mauvaise gestion au niveau local relevé par le ministre et ses proches collaborateurs. Il s'agit de la première wilaya à l'est du pays à avoir été sérieusement touchée par le manque d'eau. Des coupures durent plusieurs jours successifs dans les 12 communes. La visite de Hocine Necib à Annaba et Tarf devait être porteuse d'améliorations de la gestion et de la distribution du précieux liquide. Au regard de son refus catégorique de répondre à des questions embarrassantes sur sa gestion du secteur et de la destination prise par les importants investissements financiers de l'Etat, le ministre a démontré qu'il nageait en eau trouble. Et ce n'est pas cette eau potable qui coulait en abondance jeudi après-midi dans les robinets des quartiers de passage de la délégation ministérielle qui nous démentirait. Comme par miracle, à sec durant plusieurs semaines, la 4ème ville d'Algérie a eu de l'eau potable à satiété ces derniers mercredi et jeudi. Une abondance qui, selon de nombreux spécialistes, ne devrait pas se poursuivre. Au titre d'arguments, ils ont cité l'incompétence dans la gestion des réserves en eau disponibles, l'absence de rigueur dans le forçage des forages, celle de l'exploitation des moyens financiers mis à la disposition du secteur par l'Etat et bien d'autres démarches à entreprendre par le ministère. Nos interlocuteurs ont également abordé la question du dossier de la station de dessalement de l'eau de mer. En l'état de la situation financière actuelle du pays, cette démarche ne peut-être envisageable. Les 3 milliards DA que le ministre a décidé d'investir pour le compte de la wilaya sont destinés à la réparation des équipements et matériels hydrauliques et au forçage de 27 anciens forages. C'est cette même enveloppe financière que Hocine Necib avait annoncée lors d'une visite similaire à Annaba en 2013. Quatre années après, au regard du constat établi y compris par ses propres services, la situation a empiré. Comme en 2013, Hocine Necib a parlé d'exploiter les couches inférieures du barrage Mexa. Il avait également annoncé dans les prochaines 24 heures un retour à la normale de la distribution de l'eau potable dans la 4ème ville d'Algérie et au complexe sidérurgique El Hadjar (c'était mercredi soir). On n'en est pas encore là. Il a été aussi question de mise en route d'un plan d'urgence comportant la réhabilitation de la conduite principale de transfert des eaux du barrage Mexa à Tarf jusqu'à Annaba sur 22 km, la réhabilitation de la station de traitement des eaux usées.